« Ce n’est pas tous les jours que cet auteur médiatique est dans une fac à la demande de jeunes, tout en étant lui-même universitaire » observe Dominique Macaire, directrice de l’école doctorale Stanislas langages - temps - sociétés. Elle ne cache pas sa fierté pour le travail accompli par les cinq doctorants en première année du comité d’organisation de cette journée internationale des jeunes chercheurs de l’école doctorale Stanislas, sur le thème « identités et contextes ».
L’identité, au cœur des enjeux de société
L’identité est un thème cher à l’illustre invité, tant sur le plan scientifique que pour les enjeux qu’il soulève dans notre société. A l’issue de son intervention intitulée « Vous avez-dit identité ? », Jean-Claude Kaufmann s’est avoué très pessimiste quant à l’évolution du déficit structurel d’estime de soi face auquel les plus fragiles sont tentés de se réfugier dans des cadres identitaires violents, faute de parvenir à produire leur propre identité. « J’essaie d’aider à clarifier un peu les choses face au grand flou définitionnel » confie-t-il, « mon intervention aura peut-être apporté plus de trouble que de réponses aux questions, mais il faut casser les certitudes si l’on veut en constituer de nouvelles ».
Briser la solitude du doctorant
Si Jean-Claude Kaufmann est venu depuis la pointe bretonne, c’est aussi pour répondre à l’invitation de jeunes chercheurs. « Cette journée est organisée par des doctorants, c’est un regroupement qui brise la solitude du thésard » explique-t-il, soucieux d’encourager les doctorants à vivre pleinement ces années de travail :
Le travail de thèse est parfois douloureux, mais – on s’en rend compte souvent ensuite – c’est un moment de richesse extraordinaire : on est au commande d’une recherche, on va faire avancer le savoir et produire quelque chose qui restera.
Picorer des idées aux frontières des disciplines
Pour cette journée, les organisateurs ont reçu 103 propositions de communications du monde entier, 35 ont été retenues ainsi que 10 posters. Les jeunes chercheurs se succéderont au fil de la journée, dans des disciplines aussi diverses que l’Histoire, la Philosophie, les Sciences du langage, les Lettres, les Sciences politiques, les Sciences de l’éducation, la Psychologie, l’Economie ou l’Anthropologie.
Pour Jean-Claude Kaufmann, qui revendique un positionnement aux frontières de sa discipline - la sociologie - une telle diversité « est une chance pour chacun de picorer des idées à partir desquelles tirer des liens ».
Je suis convaincu qu’il faut des disciplines pour accumuler et transmettre le savoir, à condition de ne pas s’enfermer dedans. C’est important de faire preuve de curiosité, car les idées nouvelles ne peuvent être inspirées que de l’extérieur.
Vivre pleinement la thèse tout en préparant l’avenir
Aux jeunes chercheurs, Jean-Claude Kaufmann conseille de vivre pleinement la thèse comme un temps de création. Et pour la suite, « ne pas avancer avec des œillères et réfléchir à un bricolage d’avenir, car la "voie royale" de la recherche ne sera pas pour tout le monde ».
De plus en plus, la thèse peut se monnayer hors du monde académique. Ça demande parfois de savoir provoquer la situation, aider à définir un nouveau poste. Y parvenir repose sur des compétences personnelles bien différentes de celles démontrées au cours de la thèse, mais cela peut être extrêmement riche de reconvertir un long parcours d’études !