[En vidéo] Connaissez-vous l’importance des biais implicites dans les processus de sélection ?

 
Publié le 10/06/2024

L’Université de Lorraine s’engage pour un égal traitement des candidates et candidats dans l’ensemble de ses processus de sélection. Afin de sensibiliser la communauté universitaire sur l’importance de la prise en compte des biais implicites, une vidéo sur ce sujet  complète ses actions de formations.

Entretien avec Véronique Pitasi, sous-directrice à la Direction de la Modernisation de la Gestion des Ressources Humaines (DMGRH).

L'Université de Lorraine forme et sensibilise l’ensemble des acteurs et des actrices des dispositifs sélectifs. En quoi est-ce important ?

Véronique Pitasi : Adhérant notamment aux principes de la Charte européenne des chercheurs, l’Université de Lorraine développe une politique de recrutement ouverte, transparente et fondée sur le mérite, en phase avec sa charte des valeurs. Ainsi, elle inscrit sa stratégie de recrutement et de promotion de ses personnels dans le respect des cinq valeurs constitutives de son identité : universalité, créativité, réflexivité, solidarité et responsabilité.

Au-delà du respect des règles de partialité et de la déontologie tout au long de ses process, elle s’assure de l’égalité de traitement des candidats et candidates en apportant une attention particulière aux stéréotypes. Enfin, l’université communique régulièrement sur son engagement en faveur de la mixité, forme et sensibilise tous ses collaborateurs et met en place des outils qui rendent objective la détection des potentiels.

Une vidéo a été produite pour sensibiliser aux biais inconscients ? Quels sont-ils ?

V.P. : Un biais inconscient ou implicite est un préjugé, une distorsion involontaire dans le traitement cognitif d’une information, qui détermine notre pensée. C'est un raccourci mental, qui permet à notre cerveau de simplifier les informations, de les classer, en catégories, sous-catégories, pour économiser du temps et de l'énergie. Il nous aide à prendre des décisions rapides, notamment en situation compliquée : masse d'informations, manque de temps, ... Il existe plus de 200 biais implicites.

Pourquoi ce mécanisme très utile de notre cerveau peut aussi nous piéger ?

V.P. : En effet, malgré nous, nous pouvons être influencés inconsciemment dans nos perceptions et nos décisions, notamment par le genre, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique, culturelle ou sociale, les convictions philosophiques ou politiques ou religieuses, l’âge ou la situation de handicap, l’apparence physique, la situation de famille, le lieu de résidence, l’état de santé visible, …

Par exemple, une personne confiante sera perçue comme plus compétente qu’une personne modeste. Or, les personnes venant de groupes désavantagés ont souvent tendance à se présenter de façon plus humble, ce qui peut nous mener à sous-estimer leurs compétences.

Face à une personne plus âgée, nous aurons tendance à croire qu’elle travaille plus lentement ou qu’elle sera moins à l’aise avec la technologie, même si c’est faux.

Or, la diversité favorise un climat d’intégration propice à la satisfaction professionnelle, l’implication et le bien-être au travail, la créativité et l’innovation, la multiplicité des talents et des compétences. C'est pourquoi, lorsque nous sommes acteurs dans un processus sélectif (recrutement, promotion, ...), il est important de bien prendre conscience de nos biais implicites pour pouvoir s'en prémunir.

Avez-vous quelques conseils à donner pour déjouer ces biais ?

V.P. : La première des clés est de rester humble, de prendre du recul, de ralentir le processus décisionnel et de se donner des garde-fous. Il faut bien comprendre qu’il est impossible de penser que l’on peut supprimer les biais d’un point de vue cognitif.

Au contraire, il faut en prendre conscience, les accepter et essayer d’évaluer les candidats sur des critères objectifs, en s’entourant d’autres avis, en formalisant les compétences recherchées, en favorisant de bonnes conditions d’entretien ou d’analyse des dossiers, pour sortir ainsi de la subjectivité.

Et vous, vous en êtes où avec vos biais ?

Visionner la vidéo des biais implicites dans les processus de sélection