Factuel est allé à la rencontre de Mathias Boquet, Maître de Conférences au LOTERR (Centre de Recherche en Géographie de l'Université de Lorraine.) Son projet « 2MAIN : marchés de l’occasion et attractivité commerciale des territoires » fait partie des lauréats de l’Appel Interdisciplinaire de l’Initiative Lorraine Université d’Excellence. Au total, ce sont 27 projets qui ont été sélectionnés lors de l’AAP Interdisciplinaire, retrouvez la liste complète sur le site LUE en cliquant ici.
Pouvez-vous décrire votre projet en quelques phrases svp ?
Si l'achat d’articles d'occasion se démocratise sur les plateformes de vente en ligne (Le Bon Coin, Vinted et même notre liste de diffusion Expression-libre), nous constatons également ces dernières années une augmentation très importante des commerces de la seconde main, jusque dans les rues principales des centres-villes. Le projet 2MAIN a pour objet l’étude des logiques de localisation de ces commerces dans un contexte de transformation et d’évolution des territoires urbains privilégiant la reconstruction de la ville sur la ville, comme un miroir de l’idée de récupération et de réutilisation.
Nous questionnerons les relations croisées entre les commerçants de la seconde main, les consommateurs et les territoires à travers les concepts d’attractivité et de renouvellement urbain. Les marchés de l’occasion ont ceci de spécifique qu’ils produisent des images et des représentations contradictoires, tantôt dépréciatives et sclérosantes quand il s’agit d’une friperie ou d’une brocante bas de gamme, tantôt originale et attractive dès lors que les commerçants se positionnent sur les valeurs de l'écologie et de la singularité.
Quelles seront les prochaines étapes du projet ?
Après les premiers repérages sur les différents terrains d’étude sélectionnés, un recensement exhaustif des commerces proposant exclusivement ou principalement des articles de seconde main sera réalisé. Nous analyserons alors l’environnement commercial et urbain de ces commerces, ainsi que son évolution.
Notre protocole de recherche prévoit également de rencontrer et de questionner les différents types d’acteurs : les commerçants (de la seconde main ou leurs voisins), les consommateurs et les habitants, et enfin les acteurs publics (élus locaux, managers de centre-ville).
Quelles sont les raisons qui motivent le choix d’une approche interdisciplinaire ?
L’intérêt d’une approche pluridisciplinaire sur ce sujet est de pouvoir mobiliser les savoirs théoriques, les questionnements et les méthodes des différentes disciplines mobilisées. La géographie permet de nous interroger sur la distribution des commerces de la seconde main dans les différents types de territoire et de produire un modèle de localisation à partir des méthodes d’analyse spatiale.
L’entrée par les acteurs emprunte beaucoup aux méthodes de la sociologie (notamment les entretiens semi-directifs et les observations de type ethnographiques) et invite à s’interroger sur les parcours (sociaux et spatiaux) des commerçants et sur les profils de publics de consommateurs de la seconde main par exemple. Enfin, l’analyse paysagère de l’évolution urbaine des rues ainsi que les politiques de renouvellement urbain et de management des centres-villes s’ancrent davantage dans le champ de l’aménagement.
Crédit photo : Nicolas Dorkel (LOTERR)