L’IUT Nancy-Charlemagne a accueilli du 11 au 24 juin, 15 étudiants américains pour un séjour à caractère pédagogique et culturel. Entretien avec Marjorie Antoni (MA) et Mike Latham (ML), respectivement responsables du pôle des langues et des relations internationales de l’IUT Nancy-Charlemagne.
Les bootcamps universitaires sont des formations intensives courtes rassemblant des personnes d’un pays spécifique qui se rendent dans un autre pays spécifique avec un encadrement dédié : «Ce n’est pas une colonie de vacances, c’est un projet pédagogique mais avec l’idée de faire découvrir une région, ici la région Lorraine, ses coutumes, ses produits et d’ouvrir également à la culture française.» (MA)
La genèse du projet
En mars 2022, les responsables des relations internationales des IUT de Metz, Saint-Dié-des-Vosges, Nancy-Brabois et Nancy-Charlemagne ainsi que la DRIE (direction des relations internationales et européennes) se sont rendus aux États-Unis, en Louisiane et en Alabama, pour le colloque international des community colleges. Ces établissements post-bac proposent des formations en 2 ans, non sélectives et bien moins chères que les universités américaines, et permettent ensuite d’intégrer celles-ci en 3ème année.
«Nous sommes revenus dynamisés par l’effervescence et la bonne entente lors de ce colloque et peu de temps après notre retour, nous avons eu vent d’un appel à projet Bootcamp initié par l’ambassade de France aux États-Unis.» (MA)
Les enseignants de l’IUT de Metz (Marie-Madeleine Hittinger), de Nancy-Brabois (Jérôme Diguet) et de Nancy-Charlemagne (Marjorie Antoni et Mike Latham) se sont alors appuyés sur un projet pour lequel ils avaient candidaté quatre ans auparavant pour répondre à ce nouvel appel à projet. Ils ont été rejoint par la DRIE (Elise Antoine et Nathalie Fick) et le Charlylab, le fablab de l’IUT Nancy-Charlemagne (Laurent Dupont et Antoine Pollet), essentiel pour la réalisation du projet pédagogique, puis toute l’équipe a travaillé pendant une année pour faire naître « Nancy – The next smart city ».
Sélectionnés !
Après avoir retenu le projet monté par les 3 IUT de Lorraine, l’ambassade de France aux États-Unis, qui finance les bootcamps, a ensuite communiqué les offres auprès des responsables des relations internationales des community colleges. Elle a sélectionné et réparti les étudiants ainsi que les deux accompagnateurs dans les quatre bootcamps français validés (Lyon, Marseille, Rennes et Nancy).
«On ne savait pas qui on allait accueillir, ce sont des étudiants d’états différents, qui ne se connaissent pas.» (ML)
«Ce qui nous a surpris, c’est qu’on avait beaucoup de candidatures sur notre bootcamp ! On était content de savoir qu’on intéressait mais c’est surtout le projet pédagogique qui a attiré les étudiants.» (MA)
«Il fallait que le projet pédagogique porte sur le développement durable, c’était imposé par l’ambassade de France. L’idée était de créer un business entrepreneurial à Nancy mettant en avant le côté développement durable et le côté « intelligent » de la ville.» (ML)
«L’entreprise devait adopter une organisation permettant à la population d’être plus dans le respect de la planète, tout en prenant du plaisir, en ayant une activité qui soit fun ou en se déplaçant de manière fun. L’idée était de travailler sur la création d’un espace à visée ludique qui s’inscrit dans le développement durable.» (MA)
« Cette création s’est faite en utilisant les 2 outils principaux du Charlylab : la réalité virtuelle et les impressions 3D.» (ML)
Une découverte totale
Les étudiants américains n’avaient pour la plupart jamais exploité la 3D auparavant, émanant d’universités et de formations différentes : Richard étudiant l’architecture en Californie, Tessa l’environnement dans l’Ohio, Jenifer le business dans l’État de Washington, Edwin la physique en Virginie, Alyssa la médecine légale dans l’Illinois ou encore Bryan le génie mécanique dans le New Jersey.
Les outils orientés nouvelle technologique utilisés au Charlylab ont donc été une découverte totale pour les étudiants accueillis qui ont été accompagnés, pour les aider à appréhender cet environnement spécifique, par les étudiants de la licence professionnelle AFTER (animateur facilitateur de tiers-lieux éco-responsables), proposée à l’IUT Nancy-Charlemagne (avec l’ENSGSI).
À la fin du séjour, les étudiants américains ont réalisé une présentation orale de manière formelle devant les enseignants du bootcamp et se sont vu remettre un certificat par l’ambassade pouvant donner, dans certaines universités, des crédits dans le cadre de certains modules de cours.
En passant par la Lorraine…
«Pour le programme culturel, on ne savait pas trop comment les étudiants et les accompagnateurs allaient recevoir nos idées de sorties… Nous étions 5 personnes, dans l’organisation du bootcamp, à avoir des expériences et des idées différentes de la Lorraine, on a mis tout ce qu’il y avait de meilleur en nous et ça a fait un truc de fou ! Sur les questionnaires de retour, toutes les activités proposées ont connu un succès retentissant !» (MA)
Les étudiants ont participé à des conférences au Peel et à l’ENSGSI, se sont essayés à l’accrobranche dans les Vosges, ont visité le Centre Pompidou de Metz et les vignobles de Lucey, participé à la fête de la musique et goûté aux bonnes tables de Nancy. 2 journées touristiques à Paris ont conclu le Bootcamp « parce que des américains qui viennent en France qui ne voient pas Paris, ce n’est pas possible ! » plaisante Marjorie.
Et ensuite ?
Marjorie Antoni et Mike Latham confient que l’organisation du bootcamp a demandé énormément de travail. «Il y avait énormément d’énergie et il y a eu de tellement bons retours ! L’équipe de travail est super enthousiaste pour en refaire un, donc oui, on va se poser la question.» (MA)
«On peut faire quelque chose à la fois de semblable mais différent. C’est possible car on a maintenant des collègues aux États-Unis qui aimeraient envoyer leurs étudiants dans un cadre similaire mais hors financement ambassade.» (ML)
Les enseignants des IUT ont pu cultiver un réseautage important pendant la période de préparation et d’exploitation du bootcamp, grâce aux liens directs créés avec certaines universités, avec des projets de coil, ces projets d’échanges virtuels qui sont déjà en place et qui ne demandent qu’à être développés.
Une ouverture pour nos étudiants via les partenariats
« C’était aussi l’intérêt du projet, voir ce qu’on va pouvoir faire par la suite ! Est-ce qu’on peut envoyer nos étudiants aux États-Unis ? Est-ce que les étudiants américains peuvent revenir, comment ? Nous avons maintenant des partenaires fiables qu’on connait. On ne le répétera jamais assez mais aller physiquement rencontrer des gens, c’est important. La mobilité qu’on a faite en 2022 a été absolument essentielle dans la genèse du projet. Le fait d’avoir aussi reçu ces américains, concrètement ils ont vu, vécu, senti les choses. Après, le partenariat, c’est comme si il se faisait tout seul ! »
« C’était une superbe expérience ! D’après le feedback des questionnaires remis aux étudiants américains, on sent qu’ils ont adoré mais nous aussi, on ne regrette pas une seconde de l’avoir fait même si ça nous a pris énormément de temps. Et le fait de bien s’entendre entre collègues, le fait qu’on soit très complémentaires a joué également » (ML)
Se regrouper pour être plus visible
La genèse de la genèse, c’étaient les propositions de la DRIE autour des programmes virtuels (Coil) qui avaient incité les IUT à se mobiliser et se regrouper. Marjorie Antoni et Mike Latham estiment qu’aujourd’hui cela n’a plus de sens d’être un partenaire seul. « Quand on cherche des partenaires, ils peuvent s’intéresser à l’ingénierie ou un autre domaine que nous n’enseignons pas, mais si ça ne se fait pas chez nous ils peuvent le trouver dans tel ou tel IUT. (ML)
« Le partenariat doit être celui des IUT de Lorraine à défaut d’être celui de l’UL Il faut avoir ce réflexe, on sera plus visible à l’international si on arrive à faire ça ! » (MA)
Community College in France, un programme des services culturels de l’Ambassade de France aux États-Unis soutenus par L’Oréal - Fonds pour les Femmes, et la Borchard Foundation