"Agir face au changement climatique, enjeux de transformation" est une conférence publique donnée par Valérie Masson-Delmotte (CEA, GIEC), le 22 novembre 2022, dans le cadre du congrès international "Ecology and Evolution : New perspectives and societal challenges" qui s'est tenu à Metz du 21 au 25 novembre 2022.
Valérie Masson-Delmotte y fait état actuel du réchauffement planétaire, de son impact sur la biodiversité et sur l'homme, de son évolution en fonction de nos choix et entrevoie quelques solutions d'adaptation en s'appuyant sur les expertises et la littérature scientifiques mondiales.
Retrouvez ci-dessous la captation de la conférence ainsi que la session de Questions/Réponses :
Voici quelques extraits choisis de la conférence de Valérie Masson-Delmotte :
- + 1,1°C sur la dernière décennie dû aux conséquences de l’activité humaine au niveau mondial et +1,7°C en France.
- Avec une prévision d’augmentation de 2°C autour de 2050 et 3°C en fin de siècle.
- Si on atteint ces 2 degrés de plus en 2050 alors la chaleur connue en 2022 deviendra la norme, un été moyen…
Nos choix vont avoir des implications majeures… En effet, en baissant massivement dans le monde les émissions de gaz à effet de serre, on peut réussir à stabiliser le réchauffement planétaire en quelques décennies et améliorer la qualité de l’air.
Si on arrive à anticiper, on pourra vivre le mieux possible dans un climat qui se réchauffe et stabiliser l’évolution du climat à l’échelle d’une génération… Ce sont des enjeux de transformation.
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Une action pour le climat qui monte en puissance dans certains pays mais des émissions records de gaz à effet de serre dans le monde
Dans une trentaine de pays, il y a eu une baisse régulière mais lente des émissions de gaz à effet de serre. Cela est dû en partie à l’émergence des énergies renouvelables (photovoltaïque et éolienne) et à l’électrification de la mobilité pour les véhicules comme les voitures.
Malgré cela, on constate des émissions records de gaz à effet de serre dans le monde. Voici le classement des émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2019 en % :
- Les émissions de CO2 énergies fossiles : c’est le facteur qui pèse le plus sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre (38%).
- Les rejets de méthane qui sont tirés à la hausse par les fuites associées à l’utilisation de gaz naturels et l’augmentation de ruminants dans le monde (11%).
- L’effet nette de l’usage des terres et notamment la déforestation contribue aussi (6,6%).
- Les gaz fluorés, produits industriels comme les systèmes de climatisation (2,7%).
- Engrais azotés (1,4%).
« 10% des personnes sont responsables de 40% des émissions à effet de serre et ont donc une capacité à agir beaucoup plus importante. »
La moitié de la pollution mondiale ne pèse que pour 15% des émissions de gaz à effet de serre. Ce sont le plus souvent des personnes avec des revenus très contraints qui vivent dans des contextes hautement vulnérables face aux changements climatiques. Le rapport du GIEC montre que leur donner accès à une énergie propre n’aurait que peu d’effet sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre, il y a cet enjeu d’accompagner ceux qui n’ont pas d’accès à des services de base notamment l’énergie, la santé, l’éducation et leur permettent de vivre décemment.
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Zoom sur la France
Quels sont les secteurs qui émettent le plus en 2021 en France :
- Les transports (30% dont plus de la moitié pour la voiture individuelle)
- L’agriculture (19%)
- L’Industrie (19%)
- Bâtiment (18%)
- Transformation d’énergie (10%)
- Déchets (3%)
Particularité en France : quand on tient compte du commerce international, notre empreinte carbone augmente de 40% notamment parce que ce qui est importé provient de pays qui utilisent beaucoup de charbon. L’empreinte par personne et par an est de 8 tonnes, c’est largement au-dessus de la moyenne planétaire.
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« C’est le moment d’agir, chaque décision compte ! »
Nous sommes dans une situation lourde de conséquences mais nous avons également des leviers d’action. Les options d’action dans chaque secteur d’activité pour diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 sont par exemple :
- Pour l’énergie, l’urgence est de décarboner la production d’électricité et ensuite électrifier les autres usages de l’énergie.
- Pour les pratiques agricoles, c’est tout ce qui permet d’éviter les changements d’usages des terres et de la forêt.
- Réduire la perte et le gaspillage alimentaire. Faire évoluer nos pratiques alimentaires qui conduisent à plus ou moins d’élevage.
- Répondre aux enjeux d’efficacité et de sobriété dans le secteur du bâtiment.
- Dans le secteur des transports, c’est de privilégier les véhicules légers à faible émission ou électriques, les mobilités actives (marche ou le vélo) et les transports en commun.
Pour connaître votre empreinte sur le climat, vous pouvez vous rendre sur le site « Ademe : nos gestes climat ».
Il sera important de mettre en place une stratégie permettant à tous d’adopter des styles de vie sobre en carbone. A l’échelle individuelle, il y a 3 leviers d’actions :
- Eviter :
- Les déplacements en télétravaillant un peu plus
- Les vols longue distance
- La voiture personnelle
- Remplacer par :
- La marche et le vélo
- Alimentation végétarienne ou végétalienne
- Les transports en commun
- Améliorer via :
- La rénovation thermique des bâtiments
- La pompe à chaleur
- L’électricité renouvelable
- La voiture électrique (au lieu des véhicules thermiques)
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