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Factuel est allé à la rencontre de Hideo Ohno, président de l'université de Tohoku, qui se verra remettre les insignes et titre de docteur honoris causa le 20 mai prochain en ligne.
Présentation de Monsieur Hideo Ohno
Le professeur Hideo Ohno, actuel président de l’université de Tohoku, a obtenu une licence, une maîtrise et un doctorat à l’université de Tokyo respectivement en 1977, 1979 et 1982. Il a présenté le premier FET InAlAs/InGaAs alors qu'il était étudiant diplômé invité à l'Université Cornell en 1980. Il a synthétisé une version magnétique du composé III-V, (In,Mn)As, pendant son séjour au centre de recherche IBM T. J. Watson en tant que chercheur invité de 1988 à 1990.
Depuis qu'il a rejoint l'Université Tohoku en 1994 en tant que professeur, il a synthétisé et étudié les propriétés magnétiques et de transport du (Ga,Mn)As, un semi-conducteur ferromagnétique prototypique. Il a démontré le contrôle par champ électrique du ferromagnétisme dans le (In,Mn)As, la première manipulation de la transition de phase ferromagnétique par des moyens externes, qu'il a ensuite étendue aux systèmes métalliques pour étudier la manipulation par champ électrique de l'anisotropie magnétique, de la commutation et de l'amortissement magnétique. Il a mis au point la jonction tunnel magnétique (MTJ) perpendiculaire CoFeB/MgO, actuellement standard de facto, et a démontré la mise à l'échelle de ces MTJ en dessous de 3 nm. À l'aide de cette MTJ CoFeB/MgO, il a joué un rôle de premier plan dans le prototypage de l'intégration MTJ-CMOS sur des plaquettes de 300 mm, ce qui a permis de réduire de deux ordres de grandeur la consommation d'énergie des VLSI par rapport à ceux sans MTJ. Il a publié plus de 600 articles dans les domaines de la Spintronique, de la science et de la technologie des semi-conducteurs, avec des citations dépassant 56 000 (h-index 92). De 2010 à 2014, il a dirigé le programme de financement pour la recherche et le développement innovant en science et technologie (FIRST), "Recherche et développement de VLSI à base de spintronique à très faible consommation".
Le professeur Ohno a reçu de nombreuses distinctions internationales : le IBM Japan Science Award (1998), le IUPAP Magnetism Prize (2003), le Japan Academy Prize (2005), le 2005 Agilent Technologies Europhysics Prize (2005), le IEEE Magnetics Society Distinguished Lecturer for 2009 (2008), le Thomson Reuters Citation Laureate (2011), le JSAP Outstanding Achievement Award (2012), le prix IEEE David Sarnoff (2012), le prix JSAP Compound Semiconductor Electronics Achievement Award (2015), le prix Leo Esaki (2016), le prix C&C (2016), le MEXT Commendation for Science and Technology (2017), le prix ISCS Welker (2019) et le prix IEEE Magnetics Society's Achievement Award (2021). Il est membre de l'Institute of Physics (IOP), de la Japan Society of Applied Physics (JSAP), de l'American Physical Society (APS) et de l'Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE).
Factuel : Quelles sont vos relations avec l’Université de Lorraine et en particulier l’Institut Jean Lamour ?
HO : Ma première visite à Nancy remonte à 2006. J’avais été invité par Stéphane Mangin, enseignant chercheur, à donner une conférence lors d’un Workshop international sur le transfert de Spin. Depuis, je suis revenu à Nancy plus ou moins régulièrement à l’occasion par exemple d’ateliers sur la Spintronique et du « World Materials Forum », un rassemblement annuel à Nancy. Puisque l’équipe de Stéphane et la mienne travaillent sur la Spintronique avec des compétences complémentaires, nous avons naturellement commencé à collaborer, d’abord en s’envoyant des échantillons, et plus tard avec des échanges d’étudiants et de postdocs. Après être devenu président de l’Université de Tohoku, j’ai réalisé que l’Université de Lorraine et de celle de Tohoku collaboraient sur de nombreux autres fronts. Au vu des excellents résultats de cette collaboration, M. Mutzenhardt, le président de l’Université de Lorraine, moi-même, ainsi que nos collègues respectifs, avons rapidement convenu de financer plusieurs équipes communes, afin de renforcer et d’enrichir davantage les liens entre les deux universités. Mon ancien étudiant en doctorat travaille maintenant dans le groupe de Stéphane Mangin, et nous nous attendons d’ailleurs à ce que des étudiants de son groupe viennent à Tohoku prochainement.
Factuel : Que représente le titre de Docteur Honoris Causa de l’Université de Lorraine pour vous ?
HO : Ce titre de Docteur Honoris Causa de l’Université de Lorraine est un immense honneur pour moi. Il s’accompagne également de la responsabilité d’enrichir davantage le domaine de recherche spécifique dans lequel je travaille avec mes collègues de Lorraine, renforcer le lien entre les deux universités et nos deux pays, la France et le Japon, et enfin œuvrer pour un monde meilleur, qui en a désespérément besoin aujourd’hui.
Factuel : Quels sont vos projets de recherche et en particulier ceux que vous développez avec l’Institut Jean Lamour ?
HO : Dans notre monde de la Spintronique, nous prévoyons de poursuivre nos recherches sur les différents moyens d’inversion de la magnétisation dans les structures magnétiques à l’échelle nanométrique, élément constitutif d’un bloc de construction du futur traitement de l’information à faible puissance.