Ulrich Matern (1942-2021) était professeur à l’Institut de Biologie Pharmaceutique de l’Université de Marburg (Allemagne) et avait été Docteur Honoris Causa de l’Université de Lorraine en 2012, proposé par le Laboratoire Agronomie et Environnement (LAE). Ses travaux ont fait de lui un pionnier de l’étude du métabolisme spécialisés des plantes.
Pharmacien de formation, Ulrich Matern a consacré sa carrière à comprendre comment les plantes produisaient naturellement une grande partie des molécules utilisées par l’Homme à des fins thérapeutiques, cosmétiques ou encore phytosanitaires. Pour cela, il s’est attelé à comprendre le rôle physiologique de ces biomolécules dans les plantes et notamment leur rôle dans les interactions entre les plantes et les organismes phytopathogènes. Au début de sa carrière, il y a près de 50 ans, ce champ d’étude n’en était qu’à ces balbutiements et les premiers résultats de travaux réalisés sur ces interactions commençaient seulement à être publiées.
En 1995, Ulrich Matern a obtenu une chaire de professeur au sein de l’Institut de Biologie Pharmaceutique à la Philipps Universität de Marburg (Allemagne). Il s’est alors focalisé sur l’étude de la biosynthèse de composés de défense. Pour cela, il a développé des modèles originaux et a commencé à élucider différentes voies de biosynthèses telles que celle des furocoumarines, des dérivés d’acide cinnamique ou encore des alcaloïdes. Ces travaux lui ont donné une reconnaissance internationale qui a conduit à de nombreuses collaborations. Parmi elles, une collaboration avec les équipes de Wilhelm Boland (Max Planck Institut for Chemical Ecology, Jena, Allemagne) et de Frédéric Bourgaud (Université de Lorraine / INRAE à Nancy, France) ont permis de caractériser, d’un point de vue moléculaire, la première monooxygenase membranaire spécifique de la voie de biosynthèse des furocoumarines. Elle a conduit à la publication de deux articles fondateurs, qui ont ouvert la porte à de nombreux autres travaux réalisés au sein du LAE depuis près de 15 ans maintenant.
Le Professeur Ulrich Matern a été un pionnier de l’étude du métabolisme spécialisé des plantes. Il a su développer des approches pluridisciplinaires (physiologie, biochimie, biologie moléculaire) qui lui ont permis de répondre à de nombreuses questions. Sa reconnaissance à l’international est incontestable. Avec plus de 300 articles ou communications à son actif il restera une référence dans ce domaine qui lui a été tellement cher. L’ensemble de sa carrière a été récompensée par la Phytochemical Society of North America qui lui a décerné le « Phytochemistry Pioneer Award ».
En retraite depuis 2008, le professeur Matern avait continué à jouer un rôle actif dans la communauté scientifique en continuant à publier régulièrement des articles, le dernier étant en lien avec le LAE, en 2018.