Le port du masque des enseignants a-t-il un impact sur l’apprentissage de la lecture chez les jeunes élèves ? C’est la question que se sont posée Agnès Piquard-Kipffer, maître de conférences à l’Université de Lorraine et chercheuse au Loria (Université de Lorraine-Inria-CNRS), Liliane Sprenger-Charolles, directrice de recherche CNRS au laboratoire de psychologie cognitive commun à l’Université d’Aix-Marseille et au CNRS, Edouard-Gentaz, professeur et Thalia Cavadini, doctorante, tous deux à l’Université de Genève. Selon les résultats obtenus dans leur étude publiée en juin 2021, les élèves suivis de 5 à 7 ans ayant des difficultés pour distinguer les différents phonèmes de la langue française (par exemple /n/ vs /m/) sont particulièrement désavantagés vis-à-vis des élèves qui n’ont pas de difficulté à discriminer les sons du langage oral.
En 2013, des résultats avaient été publiés sur le suivi de cette cohorte de 85 élèves, montrant que les élèves avec des difficultés de discrimination des sons du langage en maternelle (le groupe « à risque ») avaient de moins bons résultats en lecture que les autres élèves (le « groupe « contrôle ») trois années plus tard en CE1, l’équivalent du grade 2 anglo-saxon. Dans le contexte de la pandémie liée à la Covid-19, les chercheurs se sont penchés sur certains résultats non analysés à l’époque, tels que la possibilité d’avoir recours à la lecture labiale qui s’avère être un appui pour certains élèves lors de l’apprentissage de la lecture. Le port du masque par les enseignants, les privant de cette possibilité, les met en difficulté.