Chaque semaine deux nouveaux portraits à découvrir en lien avec le prix littéraire Frontières Léonora Miano ! Cette semaine, faisons connaissance avec Lynn Salmann, étudiante en master à l'Université de Lorraine et Maria Hegner, coordinatrice de projets transfrontaliers à l'Université de la Grande Région, membre de l'organisation de ce prix littéraire.
Factuel : Pourquoi avoir accepté de participer à cette 1ère édition du Prix littéraire- Frontières Léonora Miano ?
Lynn Salmann : "La thématique de ce prix littéraire a retenu mon attention par son actualité et l’urgence et la nécessité de la traiter. J’ai voulu être amenée à la lecture de nouveaux romans qui traitent de cette thématique et sortir d’une certaine zone de confort dans laquelle je me suis récemment plongée inconsciemment avec mes choix de lecture. C’est ainsi un désir de m’aventurer et une curiosité qui m’ont poussé à faire partie du jury de ce prix littéraire. De surcroît, j’ai voulu participer à des débats intéressants et enrichissants avec d’autres passionnés de littérature et de lecture, faire leur connaissance et partager avec eux des idées tout en faisant de belles découvertes littéraires."
Factuel : Quel regard portez vous sur ce dispositif culturel qu'est le Prix littéraire-Frontières Léonora Miano ?
Maria Hegner : "Le cœur de métier de l'UniGR est de faciliter les études et la recherche sans frontières. Cela nécessite d'être ouvert à d'autres cultures et d'autres façons de travailler. Un dispositif culturel tel que le Prix littéraire contribue d'une manière significative à mieux comprendre l'autre et à favoriser une vie de campus commun. C'est un "lieu" de rencontre rassemblant des êtres humains venant de différents domaines professionnels et d'horizons culturels très divers. Les livres eux-mêmes nous offrent la possibilité de découvrir la frontière sous de nouveaux angles à travers les expériences des auteur.e.s. Je trouve donc que c’est un dispositif excellent pour enrichir la vie intellectuelle et culturelle dans la Grande Région ainsi que pour attirer l'attention sur les frontières. Avec l'UniGR-Center for Border Studies, l'Université de la Grande Région dispose d'ailleurs d'un centre d'expertise pluridisciplinaire dédié aux études sur les frontières qui, non seulement, observe et analyse continuellement les développements actuels dans la Grande Région, mais étudie aussi les frontières de points de vue plus symboliques par exemple sur des questions d'identité ou des représentations artistiques des frontières. Il est donc le partenaire idéal du Prix Littéraire !"
Factuel : Qu'évoque pour vous la thématique de la frontière dans votre quotidien ?
Lynn Salmann : "Étant une étudiante en mobilité, le mouvement m’est tout mouvement conduit éventuellement au franchissement d’une ou de plusieurs frontières, je peux me déclarée rebutante de stase et de sédentarité. La thématique de la frontière représente pour moi cette étape de l’entre-deux, de passage, de déplacement et est représentative du métissage du monde, du différent et du changement. Observatrice attentive de mon entourage et de l’espace mondialisé, je tente toujours de saisir sa complexité et son hétérogénéité, et j’espère qu’en observant de plus près la thématique de la frontière je serai en mesure de saisir cette spontané et inhérent. Et comme complexité."
Maria Hegner : "Pour moi, la frontière est un fait qui m'invite à la dépasser. Avant la pandémie, il était normal pour les employé.e.s de notre structure de nous déplacer dans la Grande Région très régulièrement. Outre cette dimension professionnelle, dans ma vie privée, dépasser la frontière signifie la possibilité de me retrouver dans une autre atmosphère, de m'immerger dans une autre langue et culture ou encore de gouter des repas et produits différents. J'aime découvrir et expérimenter tout cela."
Factuel : Quel livre a marqué votre vie et pourquoi ?
Lynn Salmann : "Un des livres qui ont marqué ma vie est Le dernier Jour d’un Condamné de Victor Hugo. Je l’ai lu pour la première fois lorsque j’avais douze ans et d’ailleurs c’est un livre que je relis de temps en temps. Ce long monologue m’a permis pour la première fois de me placer à la place d’un personnage condamné à mort, ça m’a tellement bouleversé que j’ai eu l’impression que plus rien ne pourra être comme avant dans mon rapport à la lecture et la puissance qu’elle ressort et même dans mon rapport à la vie et son absurdité. C’est un livre saisissant dont l’effet ne me lâche jamais, qui a été pour moi comme une révélation de ce que devrait être la littérature."
Maria Hegner : "Marquer la vie" est une expression forte, mais quand j'étais jeune étudiante, découvrir la philosophie et les œuvres des existentialistes français m'a fort intéressée. Cela a commencé avec la lecture de "La peste" d'Albert Camus au lycée (qui n'y penserait maintenant pas à la pandémie actuelle !) et a continué avec la lecture de quelques autres œuvres de Camus et de Sartre par exemple pendant mes études de linguistique et de littérature. Je pense que c'était le cas parce que je retrouvais un peu ma philosophie de vie à l'époque dans la leur."
Lynn Salmann est étudiante en Master 2 Géosciences et industrie pétrolière à l'Université de Lorraine. Elle a suivi en parallèle avec cette formation des études de littérature française. Elle rédige actuellement un mémoire en littérature sur le sujet de l’espace moderne mobile ainsi que sur la question des frontières, suivant l'approche géocritique. Elle a également fait partie du jury Goncourt - Le choix de l'Orient https://www.academiegoncourt.com/choix-goncourt-orient
Maria Hegner est coordinatrice de projets transfrontaliers à l'Université de la Grande Région. Plus : http://www.uni-gr.eu
Les livres sélectionnés pour le prix