Chaque semaine deux nouveaux portraits à découvrir en lien avec le prix littéraire Frontières Léonora Miano ! Cette semaine, faisons connaissance avec Anna-Theresa Wolferstetter, étudiante en Master 2 à l'Université de la Sarre et Vincent Gori, membre de l'association Le livre à Metz - Festival Littérature et Journalisme.
Factuel : Pourquoi avoir accepté de participer à cette 1ère édition du Prix littéraire-Frontières Léonora Miano ?
Anna-Theresa Wolferstetter : "Depuis l’école primaire, j’ai toujours aimé lire tout ce que j’avais sous la main, donc la possibilité de pouvoir découvrir des productions littéraires récentes en français tout en échangeant avec d’autres personnes intéressées faisait partie d’une de mes motivations de participer à ce projet. De plus, mes études interculturelles et transfrontalières depuis 2015 ont alimenté en moi un intérêt pour les questions de l’altérité, de la perception de soi-même et de l’autre (en littérature) ce qui joue aussi un rôle dans la thématique de la frontière. Ceci me rend curieuse des réunions du jury, et je suis certaine que la littérature peut, par ses façons de représenter les frontières, apporter de nouveaux regards et réflexions sur cette thématique très actuelle."
Vincent Gori : "Membre depuis plus de 10 ans du comité d’organisation du Livre à Metz , je suis bien évidemment très attiré par la littérature sous toutes ses formes. J’ai un attrait tout particulier pour la BD dont je suis le réfèrent pour le festival. De nombreux romans graphiques ont d’ailleurs abordé cette thématique de la frontière. Professeur d’histoire- géographie , j’enseigne depuis deux ans la nouvelle spécialité « Géopolitique et sciences politiques » aux élèves de lycée. En classe de première, l’un des thèmes de l’année est justement celui des frontières. Nous l’abordons sous de multiples angles géographique, historique, géopolitique ou à hauteur des hommes et femmes qui s’y confrontent... ce sujet est très riche et intéresse énormément les élèves qui évoluent dans un environnement ou celle-ci , réelles ou virtuelles semblent s’estomper. Cette enseignement m’a passionné." La découverte d’ouvrages autour de la frontière dans des registres variés , romanesques ou plus journalistiques, a donc motivé mon intérêt pour participer à ce prix
Factuel : Qu'évoque pour vous la thématique de la frontière dans votre quotidien ?
Anna-Theresa Wolferstetter : "Ayant grandi dans l’Europe de l’espace Schengen, les frontières ouvertes autour de mon pays natal faisaient toujours partie intégrale de mon quotidien. Cependant, le fait que mon compagnon ait grandi sur le terrain de l’ancienne RDA nous fait penser de manières différentes malgré les trente ans de Réunification allemande. Cela me montre régulièrement comme les frontières, certes disparues mais autrefois idéologiques et voulues imperméables, peuvent rester imprégnées dans la perception et la civilisation, bref, dans l’imaginaire collectif. Donc, le fait que, dans la situation sanitaire actuelle (pardonnez-moi, il est si difficile d’éviter le sujet !...), il semble si facile de renforcer ou même fermer des frontières territoriales d’un clin d’œil m’effraie : à mon avis, on se soucie trop peu des conséquences sociales et culturelles que ces mesures peuvent avoir."
Vincent Gori : "Pour moi la frontière évoque bien entendu le voyage, le rêve dont nous avons bien besoin dans le contexte sanitaire actuel. Elle me fascine aussi pour cette ambivalence ouverture / fermeture , ces frontières qui semblent disparaitre pour nous autres européens et qui en même temps semblent plus hermétiques voire dangereuses et inaccessibles pour bien d’autres. Etudiant j’ai travaillé sur la frontière franco / allemande qui est passée de si nombreuses fois au dessus de la tète des habitants de notre région, amenant certains à se battre d’un coté comme de l’autre, peut être l’un contre l’autre. Frontières que j’aime traverser pour découvrir, m’étonner ou rencontrer. Frontières enfin que mes grands parents ont franchi venant d’Italie pour venir s’installer dans ce coin de Lorraine."
Factuel : Quel livre a marqué votre vie et pourquoi ?
Anna-Theresa Wolferstetter : "Parmi les livres qui ont marqué ma vie, j’ai choisi « Der erste Frühling » (« Le premier printemps »), un roman pour les jeunes de Klaus Kordon qui raconte la fin de la Seconde Guerre mondiale à travers les yeux d’une jeune fille d’une dizaine d’années, à Berlin. Dans la période de mes dernières années d’école, j’ai traité, à travers de nombreuses lectures de livres (fictifs) l’histoire du Troisième Reich qui m’a particulièrement intéressée parce que ce dernier a, par ses horreurs injustifiables, marqué mes grands-parents mais aussi mes parents et encore moi-même. Ce livre était l’un des plus impressionnants qui m’a montré l’importance de rester sensible et aguerri face aux idéologies radicales qui méprisent les hommes."
Anna-Theresa Wolferstetter est étudiante en Master trinational de littérature, culture et histoire linguistique de l'espace germanophone à l'Université de la Sarre. Plus d'informations.
Vincent Gori est membre de l'association Le livre Metz - festival Littérature et Journalisme. L'événement se déroulera du 18 au 20 juin 2021 à l'Esplanade de Metz. Plus d'informations
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