Après la naissance de la première cellule EDI (Egalité, diversité, inclusion) à Sarreguemines, leur déploiement se poursuit avec leur implantation au sein de trois nouvelles composantes. Ces cellules rassemblent des étudiants et des personnels autour de trois objectifs principaux : identifier les situations de harcèlement sexuel et de discriminations ; savoir réagir, signaler et orienter lorsqu’on est témoin ou victime de tels gestes ; pouvoir en parler autour de soi et sensibiliser son entourage. Rencontre avec Nathalie Lamer et Latifa Baddas de l’IUT de Longwy, Lucile Dezerald de Mines Nancy et Pauline Collon de l’École nationale supérieure de géologie (ENSG).
Comment est organisée votre cellule Egalité, diversité, inclusion ?
Nathalie Lamer et Latifa Baddas : A l'IUT de Longwy, elle comprend deux étudiant.es, trois enseignant.es et un personnel administratif.
Lucile Dezerald : La cellule de Mines Nancy comporte actuellement quatre élèves et quatre personnels, deux administratifs et deux enseignants. Les élèves référents changeront chaque année avec le flux d’élèves qui arrivent et quittent l’école. Le nombre de référents pourra augmenter au fil des années si besoin. Ainsi, la composition de la cellule est amenée à évoluer au fil du temps pour s’adapter aux besoins de l’école.
Pauline Collon : La cellule de l'ENSG est organisée en 2 groupes. Un groupe de "relais d'écoute" est constitué de cinq membres du personnel et de cinq étudiants formés pour recueillir la parole de victimes de violences ou de discrimination et les accompagner, le cas échéant, vers les professionnels de l'université, comme la cellule d'alerte, des psychologues, ou un soutien juridique. Un deuxième groupe "projet" est formé d'environ huit étudiant.e.s de 1ère année d'ingénieur et renouvelé chaque année. Il est sous la responsabilité de la référente égalité femmes-hommes (F-H) de l'ENSG et a pour mission d'organiser des actions autour des thèmes de l'égalité F-H, et de la la lutte contre les VSS et les discriminations.
Quelles sont les missions de votre cellule ? Y a-t-il une spécificité liée à votre composante ?
N. L. et L. B. : Ses missions son nombreuses. Nous souhaitons promouvoir l’égalité et prévenir les discriminations en proposants des projets tuteurés dans ces thématiques, créer une liste de diffusion pour transmettre les informations et mener des actions sportives anti-harcèlement et antisexisme. Sur bassin de Longwy, nous visons à promouvoir la mixité en nous mettant en relation avec les collèges et lycées pour encourager les filles à suivre les parcours techniques si elles le souhaitent, à mettre en avant la visibilité de l'IUT en matière de promotion de l’égalité et la diversité sur le territoire en participant aux réunions avec les instances locales et en instaurant des partenariats avec des associations qui œuvrent en faveur de la diversité.
L. D. : La mission consiste à mettre en place des actions de prévention en local à Mines Nancy et d’être un point d’information pour toutes les personnes qui s’interrogent sur les questions de violences sexistes ou sexuelles (VSS), de discriminations ou de harcèlement à l’école. Nous faisons aussi de l'écoute et de l'accompagnement pour les personnes victimes ou témoins de tels comportements à l’école. Une des spécificités liée à notre composante est qu’il existe un fort déséquilibre en effectif entre les femmes et les hommes. Ainsi, une partie de nos actions sont dédiées à l’égalité des chances pour les femmes en sciences : lutter contre les stéréotypes, améliorer la représentation et la visibilité des femmes ingénieures, etc. Un accent est aussi mis sur l’ouverture sociale, via des dispositifs comme les Cordées de la réussite auxquels Mines Nancy, et plus généralement l’alliance ARTEM, participe depuis de nombreuses années.
P. C. : La mission des "relais d'écoute" est de faciliter la prise de parole des victimes grâce à sa proximité de site et de les accompagner dans d'éventuelles démarche. Celle du "groupe projet" est d'organiser des actions et événements sur l'égalité, et la lutte contre les VSS et les discriminations.
Quelles actions souhaitez-vous développer ?
N. L. et L. B. : Nous souhaiterions augmenter le nombre de référent.es en essayant d’investir les délégué.es de promo, promouvoir la mixité et assurer l’égalité dans l’accès à la formation, instaurer des partenariats avec des associations qui œuvrent en faveur de la diversité, insister sur le rôle d’ascenseur social de l’IUT, banaliser une journée de cours en mars pendant la semaine contre les discriminations et investir les étudiant.es dans l’organisation de cette journée dans l’ensemble de l’IUT, enchaîner la réunion de rentrée avec une formation de sensibilisation aux discriminations et comment les éviter pendant cette année, et, bien entendu, évaluer régulièrement les progrès réalisés !
L. D. : Nous avons mis en place une page web qui centralise des informations et des ressources bibliographiques pour l’ensemble des membres de l’école, ainsi qu’une adresse email dédiée pour la cellule, et nous sommes en train d’installer un local dédié à l’école. Parallèlement, les référents et référentes sont en formation pour apprendre à accueillir la parole, informer et accompagner les éventuelles victimes ou témoins de discriminations ou de harcèlement. Nous travaillons à mettre en place un questionnaire pour mesurer la quantité et l'évolution des VSS à l’école, afin de pouvoir cibler des actions de prévention adaptées. Après une expérimentation réussie en septembre 2020, nous avons aussi prévu de mettre en place des outils de sensibilisation et de formation en interne pour l’ensemble des membres de l’école, élèves comme personnels.
P. C. : Nous souhaitons organiser une sensibilisation systématique des étudiants aux questions de l'égalité F-H et de la lutte contre les VSS et les discriminations. La sensibilisation du personnel est aussi une volonté forte.
Quel est le rôle des membres qui participent à votre cellule ?
N. L. et L. B. : Leur rôle est d'organiser des événements, comme la journée d'intégration des étudiants ou des réunions de sensibilisation ou de réflexion et de transmettre des informations aux personnels et aux étudiants, par exemple lors de permanences mensuelles et en les sensibilisant aux mesures de l'EDI, contre les discriminations et les biais racistes. Ils sont aussi là pour écouter les étudiant.es et les orienter vers les services adaptés, faire de la médiation, remonter les problèmes à la direction et responsabiliser leurs collègues.
L. D. : Le rôle principal des membres de la cellule est de servir de relai, au plus proche des membres de l’école, pour les questions d’égalité, de diversité et d’inclusion : proposer et mettre en place les actions de prévention, informer les membres de l’école, et si besoin, accompagner les personnes qui rencontrent des difficultés dans le cadre de leurs études ou leur travail à l’école.
Vous sentez-vous outillés pour faire face à vos missions ?
N. L. et L. B. : En ce qui concerne les VSS, nous nous sentons plutôt outillées, suite à une formation organisée dernièrement. Nous serions intéressé.es par d’autres formations de ce genre concernant les discriminations envers les personnes lesbiennes, gays, bisexuel.les, transgenres, queer, intersexué.es et asexuel.les, qu'on appelle aussi LGBTQIA-phobies, et le racisme.
L. D. : De nombreuses ressources sont mises à disposition par l’Université de Lorraine, via des formations ou les informations mises en commun sur la liste de diffusion EDI, mais il y a toujours un saut entre la théorie et la pratique ! Pour le passage à la pratique, nous sommes aussi accompagnés par l’université. Isaac Tchara et l'ensemble de la mission EDI de l’Université de Lorraine se rendent disponibles pour nous aiguiller et nous outiller sur les questions plus concrètes.
P. C. : Nous avons commencé nos actions il y a 1 an, juste avant la pandémie, ce qui a complexifié les choses. Nous mettons nos actions en place progressivement. Des formations sont nécessaires mais pas toujours évidentes à organiser en période de confinement et du fait d'une forte charge horaire de tout le monde, personnel et étudiant.e.s. Heureusement, ces sujets sont d'actualité et plusieurs MOOC voient le jour. Ce qu'il nous manque tout de même, c'est la présence d'une infirmière sur le campus Brabois Ingénierie, de manière régulière.