[Rencontre] Pascale Sterdyniak, psychologue au SUMPPS : un soutien psychologique pour les étudiant.e.s

 
Publié le 25/01/2021 - Mis à jour le 14/04/2023

Pascale Sterdyniak travaille au SUMPPS au sein d'une équipe de psychologues, elle met en œuvre un soutien psychologique adapté aux étudiant.e.s pour faire face à une situation d'isolement préoccupante. Zoom sur les dispositifs et accès à ce soutien.

Factuel : Quel est votre rôle dans le soutien psychologique auprès des étudiants ?

Pascale Sterdyniak : Je suis psychologue clinicienne et psychothérapeute. En temps normal, je reçois les étudiants en souffrance psychique. Je travaille à l’université depuis 1997 d’abord à temps très partiel, détachée du Centre Psychothérapique de Nancy (CPN) puis comme personnel de l’Université depuis la rentrée de 2019. Nous sommes actuellement six psychologues à intervenir sur les sites du Vélodrome et du Campus Lettres et Sciences Humaines. Certains sont détachés du CPN, et consultent une demi-journée par semaine ; d’autres disposent d’un temps partiel. Au total, les étudiants peuvent rencontrer un psychologue tous les jours de la semaine du lundi après-midi au vendredi.

Nous recevons des étudiants dans le cadre de la prévention des troubles psychiques ou pour un suivi s’il nous parait nécessaire.  Nous les orientons aussi vers des services plus adaptés par exemple lorsque le trouble nécessite l’intervention d’un psychiatre ou une prise en charge pluridisciplinaire par exemple vers un Centre Médico-Psychologique.

Factuel : Le contexte lié à la crise du covid-19 semble très préoccupant pour les étudiants, comment est-ce que vous y faites face ?

Pascale Sterdyniak : Nous avons la chance à l’Université de Lorraine d’avoir depuis très longtemps des psychologues au SUMPPS dont le temps de présence a augmenté au cours du temps comme le mien et celui de ma collègue. À travers tous les articles et reportages relayés dans les médias, on constate que ce n’est pas le cas dans toutes les universités, où on voit que parfois il y a un délai d’attente de 3 ou 4 mois pour une première rencontre.

De notre côté, lorsque nous sommes alertés par un étudiant en grande souffrance, on le reçoit rapidement ; en ce moment c’est presque du jour au lendemain. Pour les autres, jusqu’à présent, le délai était d’une semaine à 10 jours. Nous pouvons proposer des rendez-vous dans un délai court. Les consultations sont gratuites. C’est le Dr Martine Rosenbacher, Directrice du SUMPPS Lorraine Sud, qui a mis ce dispositif en place. Nous avons cette chance de pouvoir réagir rapidement.

Nous travaillons en équipe avec des infirmières, assistantes sociales, des médecins et des personnels d’accueil qui sont formés à ces problématiques et sont très efficaces.

Le nombre de demande a stagné jusqu’aux congés de Noël mais nous pensions que ça allait affluer pendant la période d’examen, là où le décrochage commence à se voir. Ce que je constate, c’est que les personnes qui viennent consulter sont en grande difficulté et avaient déjà des soucis auparavant, la crise du covid-19 est un révélateur des difficultés qui existaient déjà (problèmes familiaux, anxiété, dépression …).

À cela s’ajoutent les problèmes matériels : les étudiants qui ne peuvent plus travailler et n’ont plus de revenu, pour certains cela devient même compliqué de manger tous les jours ou de payer leur loyer … Comment poursuivre ses études sereinement dans ces conditions ?

 

Factuel : Comment les étudiants peuvent démarrer un suivi ?

Pascale Sterdyniak : Les étudiants de l’UL peuvent nous contacter par téléphone ou par mail et parfois nous avons aussi des enseignants qui nous avertissent de leurs inquiétudes, si un étudiant ne rend pas un devoir, a des propos inquiétants …

La différence avec le premier confinement, c’est qu’on fait déplacer les étudiants. Ils sont très isolés, et le fait de pouvoir se déplacer, de venir jusqu’à nous et de rencontrer quelqu’un, même un psychologue, c’est très important. Le contact téléphonique n’est pas aussi efficace. Si l’étudiant sort de chez lui il doit se lever, se préparer, ça lui permet de retrouver le contact avec la vie. Et en général les étudiants sont contents de venir.

 

Factuel : Quels outils sont à disposition des étudiants qui sont isolés chez eux ?

Pascale Sterdyniak : Le SUMPPS a commencé à contacter tous les étudiants pour prendre des nouvelles, ce qui leur permet à eux de garder le lien, et à nous de déceler d’éventuels problèmes ou besoin de soutien.

Le SUMPPS commence à mettre en place des groupes de paroles en petits groupes notamment pour les étudiants en première année qui n’ont plus accès aux services en présentiel, pour créer du lien et se faire des amis. Ces groupes sont ouverts à titre préventif, aux étudiants isolés, repérés par les personnels du service ; ils ne s’adressent pas aux étudiants qui ont un suivi psychologique régulier.

J’ai aussi des plages horaires à disposition pour des situations d’urgence ce qui permet une réponse très rapide en cas de crise.

Nous pouvons orienter vers des structures adaptées mais aussi vers d’autres professionnels de santé, par exemple en sophrologie.

Nous continuons à former des étudiants et des membres du personnel aux Premiers Secours en Santé Mentale. Nous essayons de réfléchir à la manière dont les étudiants pourraient mettre en œuvre leur connaissances malgré la distanciation et l’isolement.

Tous les étudiants ne sont pas en souffrance, la situation actuelle creuse les inégalités. Tous ceux qui sont en situation de précarité, loin de chez eux, venus de l’étranger, sont en situation très difficile, dans l’incertitude du lendemain ou sur la situation de leur entourage, et la crise liée covid-19 amplifie cela.


Les étudiant.e.s de l'Université de Lorraine peuvent accéder à plusieurs solutions de soutien psychologique, via le BAPÉ (bureau d'aide psychologique aux étudiants) et le centre Pierre Janet. Le SUMPPS propose également un soutien médical et social durant la crise du covid-19.