[Enquête] Premiers résultats de l’étude PIMS-CoV-19 sur l’impact psychologique de l’épidémie de Covid -19 chez nos étudiants

 
Publié le 6/07/2020 - Mis à jour le 14/04/2023

Décrire le vécu, le ressenti et le retentissement psychologique de l’épidémie de Covid-19 chez les étudiants de l’Université de Lorraine et évaluer l’impact des conditions de vie sur leur état psychologique. Tel était l’objectif de l’étude épidémiologique PIMS-CoV-19, réalisée par les laboratoires APEMAC* et InterPsy**. Cédric Baumann, épidémiologiste à l’APEMAC, nous dévoile les premiers résultats.

Factuel : pourquoi avoir lancé cette étude ?

Cédric Baumann : les médias ont joué le rôle de « déclencheurs » à travers les récits que j’ai pu entendre de parents, d’enfants et d’étudiants, trois populations moins considérées par les scientifiques à ce moment, pourtant potentiellement toutes vulnérables en période de confinement. Epidémiologiste au CHRU, j’ai été naturellement impliqué dans plusieurs études durant la pandémie, ciblant exclusivement les sujets infectés. C’est avec ma casquette chercheur au sein du laboratoire APEMAC que je me suis lancé dans cette recherche. Très intéressée par le projet, le Dr Stéphanie Bourion-Bédès, pédopsychiatre et chercheur à APEMAC, m’a épaulé tout au long de la rédaction du protocole dans un temps très contraint.  
 

Factuel : pouvez-vous nous présenter les premiers résultats ?

Cédric Baumann : 4018 étudiant.e.s ont été inclus.e.s dans l’étude. Les résultats confirment que la confrontation à l’épidémie et le confinement ont généré, au sein d’1/3 de nos étudiants, une forte charge émotionnelle avec des répercussions sur le plan psychologique dont des manifestations anxieuses et des préoccupations concernant l’avenir. L’exercice d’une activité professionnelle durant leurs études a été très impacté par l’épidémie. Parmi les étudiants qui exerçaient une activité professionnelle, la moitié a dû l'interrompre complètement durant le confinement. Les tensions et conflits avec des occupants du logement arrivent en tête des problèmes les plus fréquemment cités devant les difficultés à pouvoir s’isoler au sein du logement. La diminution du temps consacré à l’apprentissage et le report d’examens et concours ont été identifiés comme d’important facteurs anxiogènes durant le confinement. Les étudiant.e.s des filières arts, lettres et langues avaient 1,6 plus de risque d’avoir un niveau d’anxiété (très) élevé que ceux des filières scientifiques. Plus les étudiant.e.s jugeaient les écrans et le grignotage inefficaces et plus leur usage est anxiogène. Inversement, plus ils/elles jugeaient l’exercice physique, les activités manuelles, et la pratique de la musique comme étant efficaces et plus ces activités ont eu un effet protecteur sur leur santé psychologique. Notons enfin que les conditions de vie pendant le confinement sont fortement associées à une santé psychologique altérée. C’est le cas lorsque qu’un membre de l’entourage a été infecté, qu’il y a eu des conflits avec des occupants du logement, que le logement occupé n’avait pas d’accès direct à un extérieur ou encore lorsque des nuisances sonores à l’intérieur ou à l’extérieur du logement étaient fréquentes.  
 
L’étude a reçu le soutien du Doyen de la Faculté de médecine de Nancy (Pr. Marc BRAUN), du Directeur du pôle Biologie, Médecine, Santé (Pr. Didier MAINARD), du Directeur de Sciences Po Nancy (M. François LAVAL), du Vice-président délégué à l'enseignement supérieur, la recherche, l'innovation de la Métropole du Grand Nancy (M. François WERNER), du Président de la Métropole du Grand Nancy (M. André ROSSINOT) et du Président de l’Université de Lorraine (M. Pierre MUTZENHARDT).
 
APEMAC : laboratoire de recherche Adaptation, Mesure, et Évaluation en Santé
** InterPsy : laboratoire de psychologie de l'Université de Lorraine
 
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