Pour la sixième édition du colloque international du REIACTIS (Réseau d'Études International sur l'Âge, la CitoyenneTé et l'Intégration Socio-économique) sur « Société inclusive et avancée en Âge », c’est Metz qui a été choisi. Il aura lieu du 4 au 6 février 2020 à Metz Congrès Robert Schuman. Interview de Jean-Philippe Viriot-Durandal, professeur, directeur du Master de Sciences Sociales à l’Université de Lorraine et président du REIACTIS et du professeur Emmanuel Jovelin, directeur du Laboratoire Lorrain de Sciences Sociale (2L2S), organisateurs du colloque.
Pourquoi accueillir le colloque REIACTIS à l’Université de Lorraine ?
Jean-Philippe Viriot-Durandal et Emmanuel Jovelin : L’Université de Lorraine est une université de rang internationale qui figure dans le classement de Shanghai. Au niveau national, elle fait partie des membres constitutifs et de la gouvernance de l’Institut de la Longévité des Vieillesses et du Vieillissement (ILVV) aux côtés de la Cnav, le CNRS, la CNSA, la Drees, l’EPHE, l’Ined, l’Inserm et l’Université Paris-Dauphine.
L’Université de Lorraine a également mis en place l’Initiative Lorraine Université d’Excellence (LUE) dans le cadre de l’appel d’offres PIA2 IDEX/I-SITE. LUE appuie une stratégie de recherche et de formation pour le site lorrain, en mettant l’accent sur certains domaines scientifiques, pour développer le leadership international. Dans ce cadre par exemple trois thèses ont été financées sur l’adaptation des territoires au vieillissement. Les doctorants de sociologie et de géographie ont d’ailleurs pris l’initiative d’une session commune sur leurs sujets lors du colloque où ils livreront une partie de leurs travaux.
Le Laboratoire Lorrain de Sciences Sociale (2L2S) est particulièrement actif sur ces thématiques au sein de l’Université de Lorraine notamment à travers son axe Vieillesse Parcours de vie et Genre (VIPAGE). C’est le 2L2S qui a défendu la candidature de la France pour accueillir le 6ème colloque international du REIACTIS et qui en coordonne l’organisation. Cet engagement se fait en étroite collaboration avec d’autres composantes et laboratoires de l’université compte tenu de l’ampleur de cet évènement.
En quoi ce colloque est-il un rendez-vous important sur le plan international ?
Jean-Philippe Viriot-Durandal et Emmanuel Jovelin : La France est assez peu familière des évènements internationaux de cette envergure en Sciences Humaines et Sociales dans le domaine du vieillissement. Le comité scientifique composé de 85 chercheurs de nombreux pays a reçu des propositions plus de 220 chercheurs issus de 32 pays. Après une sélection rigoureuse, le comité a validé le programme des rencontres scientifiques. En plus de ces communications, des tables-rondes ont été organisées afin de mettre en lien des chercheurs et des non chercheurs experts du domaine de la gérontologie mais aussi des décideurs publics, des acteurs de la société civiles et des professionnels. Sera également présente, Rosita Kornfeld, envoyé spécial de l’ONU, experte indépendante pour les personnes âgées au sein des Nations Unies. Au total sur trois jours plus 50 sessions auront lieu dont plus de 20 traduites en anglais et parfois en espagnol. Ces rencontres internationales offrent donc la possibilité d’un réel dialogue pluridisciplinaire de haut niveau. Ayant lieu lieu tous les quatre ans, il ouvre de nombreux espaces d’échanges avec les acteurs impliqués dans la recherche et la mise en place des politiques publiques dans le domaine du vieillissement.
Quelles thématiques seront abordées durant ce colloque ?
Jean-Philippe Viriot-Durandal et Emmanuel Jovelin : Le thème de l’édition de cette année est particulièrement en phase avec les enjeux d'actualité. S’interroger sur ce que peut être une société inclusive avec l’avancée en âge renvoie à des questions fondamentales sur la construction des relations d’âge dans les sociétés contemporaines. La question des retraites qui préoccupe la France mais aussi bien d’autres pays dont le Chili qui traverse une crise majeure actuellement renvoie à la manière dont les sociétés industrielles et postindustrielles conçoivent l’avancée en âge au regard de la capacité ou de la volonté à travailler. Des travaux d’éminents collègues seront discutés afin de mieux comprendre ce qui est en jeu lorsqu’on souhaite examiner une société inclusive avec l’avancée en âge à partir des transitions entre formations, emplois, retraite.
D’autres enjeux qui correspondent aux grands chantiers de politique publique des années à venir en France concernent par exemple la perte d’autonomie, les aidants ou encore la lutte contre les maltraitances ou l’accompagnement de la fin de vie. Sur ces thèmes nous aurons la chance d’entendre de nombreux spécialistes internationaux dont les recherches sont très éclairantes sur la situation actuelle.
Outre les politiques publiques aborderiez-vous d’autres thèmes d’actualité ?
Jean-Philippe Viriot-Durandal et Emmanuel Jovelin : Les hasards du calendrier font que nous serons proches des élections municipales. Nous recevrons justement l’un des meilleurs spécialistes de la sociologie électorale des seniors. Nous essayerons de comprendre les enjeux de ce que certains qualifient de « pouvoir gris » des citoyens âgés, et tenterons de saisir les raisons pour lesquelles la participation électorale chute au-delà de 77 ans.