[Portrait de chercheurs] Sébastien Genvo : « Le jeu vidéo, cet art majeur »

 
Publié le 19/12/2019 - Mis à jour le 5/05/2023

Tout au long de l’année, La Semaine et l’Université de Lorraine vous proposent de rencontrer chaque mois les jeunes talents scientifiques qui portent haut les couleurs de la Lorraine dans le monde entier. Quatrième épisode de la série avec cette fois-ci, un professeur de l’Université de Lorraine, Sébastien Genvo du Centre de recherche sur les médiations (Crem).

On peut être enseignant et chercheur mais aussi un artiste protéiforme. Telle est l’idée que l’on se fait du messin Sébastien Genvo. Un être aux multiples facettes comme son art et domaine de prédilection : les jeux vidéo.

Ces derniers mois, vous avez certainement dû entendre parler de Sébastien Genvo. Celui qui a fait la Une de différents médias – Le Monde notamment – a créé un jeu autobiographique « Lie in my heart » qui plonge le joueur dans une période douloureuse de son existence : celle du suicide de son épouse. « Je pars du principe que le rôle de l’art est de nous en apprendre sur nous-mêmes, autrui et notre environnement. J’ai pris mon expérience individuelle comme matériau pour inciter les joueurs à réfléchir à ces problématiques. » Ou comment réfléchir à la façon dont les jeux vidéo sont des formes d’expression à part entière. « Comment ils transmettent des émotions, des messages, des idéologies voire des représentations du monde », poursuit celui qui fut le plus jeune professeur d’Université de sa discipline en 2014, à l’âge de 34 ans. Il a été aussi l’un des premiers à croire que le jeu vidéo était une forme d’art à part entière. « Comme le cinéma qui était considéré il y a longtemps comme un objet populaire, dénigré à son apparition par l’intelligentsia gouvernementale. Les parcours entre le cinéma et le jeu vidéo sont assez similaires en somme. » C’est de cette façon qu’est né son mémoire de maîtrise en 2001 intitulé « Introduction aux enjeux artistiques et culturels des jeux vidéo », qui a fait l’objet d’une publication. « Et la première marche d’un nouveau parcours à l’Université alors que je travaillais à l’époque pour Ubisoft où je m’occupais de l’adaptation de la BD XIII en jeu vidéo. » Sébastien obtient alors un contrat doctoral et entame une thèse (soutenue en 2006) au Centre de recherche des médiations sous la direction de Jacques Walter « La première en France sur les jeux vidéo. J’ai eu la chance qu’on m’accorde du crédit alors que le sujet était considéré à l’époque comme un objet complètement illégitime. » Une thèse qui portait sur la conception du jeu et sur la façon d’impliquer des joueurs du monde entier sur un même thème.

L’énergie messine

Et s’il n’y avait pas eu les jeux vidéo ? « J’étais intéressé par les carrières créatives au sens global du terme. Je fais de la musique et j’ai d’ailleurs composé le titre principal de mon jeu à la guitare. Puis à travers mon poste de professeur d’Université, j’espère participer aussi à une certaine forme de création. » Responsable du Master « Conception de dispositifs ludiques », il innove en démontrant comment à travers le jeu, on peut faire du marketing, de la communication numérique ou du journalisme. « J’ai surtout l’opportunité d’exercer ici. Moi qui ai vécu un temps à Paris, je n’avais de cesse de revenir chez moi à Metz. Ces dernières années, les lieux de sortie se sont démultipliés tout comme les manifestations culturelles. Je sais qu’on m’a donné ma chance ici et je suis aussi là pour rendre ce que l’on m’a apporté et contribué, à mon échelle, au développement de la ville. Pour moi Metz est une ville qui bouge énormément, où il y a une énergie, un esprit d’initiative et surtout un beau compromis entre le développement et la nature. »
 
Légende : Sébastien Genvo devant un jeu d'arcade !
 
Cet article a été publié dans La Semaine le jeudi 19 décembre 2019.
Rendez-vous le 21 janvier pour découvrir le prochain portrait !