[Rencontre avec] Christine Sartori, référente handicap à la Maison du Doctorat

 
Publié le 13/12/2019

Le référent « handicap » est une fonction nouvelle.  Pourquoi avez-vous décidé de vous engager dans cette fonction au sein de la MDD ?

Je suis depuis 18 ans, gestionnaire pédagogique d’une école doctorale (C2MP - Chimie, Mécanique, Matériaux, Physique) et depuis le 01/09/18 rattachée au sein de la MDD.

Avant d’intégrer l’Université de Lorraine, j’ai enseigné quelques années à l’Institut des Jeunes Sourds de la Malgrange, et exploré le milieu du « Handicap » que j’affectionne beaucoup. Cet univers m’a beaucoup apporté et m’a obligé à me dépasser.

Notre travail à la MDD nous offre la possibilité de nous positionner sur des missions de « référent », en plus de notre mission quotidienne, sur la base du volontariat. Plusieurs de mes collègues ont choisi d’être référentes sur des questions techniques. Pour ma part, j’ai eu envie de renouer avec cette thématique du handicap et d’aider les doctorants concernés. Cette seconde fonction m’est apparue comme une évidence car, comme l’a si bien dit Martina Navratilova : « le handicap est une question de perception ».

Comment envisagez-vous cette nouvelle mission ?

L’Université de Lorraine porte déjà beaucoup d’intérêt à la question du handicap. Il existe un schéma directeur handicap mais qui ne prend pas encore en compte la population des doctorants, hybrides entre étudiants et membres du personnel.

En effet, les doctorants, selon leur mode de financement, sont rattachés soit à la responsabilité des ressources humaines (pour ceux qui ont un contrat doctoral, par exemple), soit à celle des étudiants (boursiers d’un gouvernement étranger, bénéficiaires d’un financement industriel, doctorants auto-financés, …).

Les dispositifs existant sur le handicap des étudiants portent sur l’accompagnement en cours et aux examens. En doctorat, il va plutôt s’agir de les aider à mener leur travail de recherche.

Je commence donc à travailler d’une part, avec le correspondant Handicap DRH du Pôle action sociale des personnels de l’Université de Lorraine et d’autre part, avec la chargée d'accueil et d'accompagnement (Animatrice - Coordinatrice d'équipe) du Service Handicap de l’Université de Lorraine.

Quelles seront vos premières actions ?

L’une de mes premières tâches est de recenser les doctorants en situation de handicap, surtout ceux en demande et qui ont besoin d’aide.

Il existe déjà une attention sur la situation des doctorants handicapés avec la mise en place, au niveau national, de contrats doctoraux « handicap » financés par le ministère (25 « postes » chaque année), à condition que l’établissement finance en regard un autre doctorant en situation de handicap. Depuis 2011, l’Université de Lorraine bénéficie de ce dispositif. Mais nous souhaitons identifier plus largement d’autres doctorants qui ne bénéficient pas de cette attention.

Par ailleurs, comme pour les personnels, la difficulté est que certaines personnes ne veulent pas se déclarer « handicapées » ou que d’autres, qui pourraient bénéficier d’une reconnaissance à ce titre ne se considèrent pas comme tel parce qu’elles ont une vision restrictive ou dramatisée du handicap. Ces dernières relèvent, cependant, d’une prise en charge par la mission handicap car si elles souffrent, au premier abord, d’une maladie qui n’est pas assimilée dans l’esprit des gens à un handicap (diabète, handicap « invisible » : dyslexie…) ou s’il s’agit de personnes qui se sont complètement adaptées (exemple : malentendants bien appareillés), les difficultés et la souffrance au quotidien sont pourtant bien présentes. La notion de handicap est large, diverse et souvent mal appréhendée.

En relation avec les autres acteurs du handicap et notamment le référent handicap de l’Université de Lorraine, Monsieur Yves Cardellini, nous allons tenter de venir en aide à ces doctorants afin que la thèse se déroule dans les meilleures conditions. Comme pour les étudiants classiques, l’idée est d’élaborer un dispositif d’accompagnement du doctorant en situation de handicap, s’appuyant sur la réunion d’une équipe plurielle composée d’un médecin, du doctorant, d’encadrants, de représentants mission handicap, et de moi-même.

Cette orientation sera intégrée dans le volet recherche du schéma directeur handicap.

Avez-vous eu une formation pour cette mission ?

J’ai suivi une première formation « sensibilisation aux situations de handicap invisibles » et une seconde sur « la sensibilisation aux troubles du spectre de l'autisme (troubles DYS) ».

Qui peut s’adresser à vous ?

Tous les doctorants en situation de handicap mais aussi leurs encadrants, les directeurs de laboratoire, les collègues de personnes dans une situation de handicap et qui auraient besoin d’aide.

Je souhaiterais pouvoir venir en aide aux doctorants qui en ont besoin, ainsi qu’au directeur de thèse (co-directeur), j’aimerais les aider à travailler plus sereinement dans leur laboratoire de recherche, à faire leur thèse dans les meilleures conditions.

Dans certains cas, la démarche ne doit pas viser seulement la personne handicapée mais aussi son environnement.

Qui peut être sûr de réagir de manière appropriée quand il est confronté au handicap d’une autre personne ?