A l’heure où les thématiques comme l’égalité Femmes-Hommes sont totalement d’actualité, la mixité dans les filières de formation de l’université est un véritable enjeu. Jusqu’alors, l’établissement ne disposait pas d’une cartographie complète permettant l’analyse et aidant à la prise des décisions. C’est chose faite grâce au projet Mixfil (Mixité dans les filières), une cartographie genrée des filières de formation de l’établissement désormais aboutie. Quels en sont les enseignements ?
La disparité comme principal enseignement
Que ce soit dans les collégiums de l’université, au sein des composantes ou encore en fonction des disciplines, le principal enseignement est que l’on observe des disparités au sein de ces ensembles que l’on pourrait considérer comme homogènes. La répartition genrée des étudiants de l’université dépend alors de la nature de l’offre de formation.
Une école d’ingénieur qui se différencie : l’ENSAIA avec 70% d’étudiantes
Si les effectifs sont relativement équilibrés à l’ENSIC, l’ENSGSI et l’ENSG avec respectivement 49%, 46% et 43% d’étudiantes, ces dernières sont largement majoritaires à l’ENSAIA avec un taux de 70% et très sous-représentées à l’ENIM avec seulement 13%, pour tout niveau confondu.
La biologie : un secteur scientifique très féminin
En regroupant les filières du collégium Sciences et technologies en secteurs scientifiques, les étudiantes représentent pour tout niveau confondu 62% en Biologie. Elles sont seulement 22% en Mathématiques, Informatique, Automatique et Electronique et 29% en Physique, Géosciences, Chimie et Mécaniques.
Une répartition Hommes / Femmes inégale dans les filières des IUT
Au sein du collégium Technologies les femmes sont beaucoup moins présentes dans les filières qui relèvent du secteur secondaire (production) mais largement majoritaires dans celles tertiaires (services). L’IUT de Saint-Dié-des-Vosges par exemple est le moins féminisé avec un taux de 24%. Il compte pourtant 67% de femmes dans les filières tertiaires.
Même en minorité, les étudiantes ont un meilleur taux de réussite dans les disciplines scientifiques
Dans le cadre du projet de suivi de cohorte de l’université, les trajectoires des étudiants sont suivies de l’entrée en première année à la sortie de l’université et le résultat qui en découle est que le nombre de femmes qui obtiennent le diplôme de Licence est supérieur à celui des hommes dans tous les domaines scientifiques avec un taux de 54%.
Le constat est le même dans la vie de tous les jours
Le choix d’orientation majoritaire des femmes dans les filières moins techniques n’est pas le fruit du hasard. Dès la première année du lycée, les élèves suivent des spécialités différentes selon le sexe : 78% des garçons s’orientent dans le secteur de la production et 88% des filles dans le secteur des services. Ce phénomène est alors lié directement aux stéréotypes de genre, c’est-à-dire à la généralisation des opinions sur un individu ou un groupe d’individus. En effet, la représentation inégalitaire des filles et des garçons dès le bas âge a un impact énorme sur leur orientation scolaire.
« Imaginons par exemple que nous soyons amené(e)s à parler avec nos élèves des métiers du bâtiment ou des travaux publics. Demandons-nous très honnêtement si nous n’allons pas spontanément nous adresser en priorité aux garçons ?» (Houadec & Lizan, 2008)
Les choses peuvent-elles changer ?
En complément de la cartographie genrée produite à la DAPEQ (Délégation à l’Aide au Pilotage et à la Qualité), un rapport de préconisations est mis en œuvre au SOIP (Service d’Orientation et d’Insertion Professionnelle) afin de permettre aux différents acteurs d’intervenir et d’agir pour une belle mixité dans les formations.
Pour aller plus loin…
Costes J., Houadec V. et Lizan V. (2008), « Le rôle des professeurs de mathématiques et de physique dans l'orientation des filles vers des études scientifiques », Éducation et Formations, no 77, p. 55-61.