Retour sur le Brunch "Énergie zéro déchet", labellisé Lorraine Université d’Excellence, organisé par l’Université de Lorraine en partenariat avec l’Institut Carnot ICEEL.
Jean-Michel Crompin, ingénieur de recherche à l’Université de Lorraine et en charge de la direction opérationnelle de l’institut Carnot ICÉEL, a animé ce rendez-vous gourmand qui a réuni autour de la table ronde :
- Benjamin Rémy, professeur à l’Université de Lorraine, directeur des études de l’ENSEM et chercheur au LEMTA ;
- Jérémy Grangé, ingénieur attaché de direction au sein de l’entreprise VALO’ ;
- Malek Boussalem, dirigeant fondateur de la société REFASOL ;
- Philippe Gouveia, responsable Maintenance & Travaux neufs dans l’usine Saint-Hubert.
La transition énergétique est aujourd’hui un enjeu majeur pour lutter contre le changement climatique. Cette transition relève d’une production durable mais également d’une consommation raisonnée et optimisée de l’énergie. Ce Brunch orienté vers l’énergie zéro déchet s’est concentré sur notre consommation avec la diminution des pertes énergétiques et la sobriété énergétique.
Au niveau industriel, la consommation d’énergie est très importante et peut représenter notamment dans le milieu de la métallurgie entre 20 et 25% du coût de production nous apprend Benjamin Rémy. L’enjeu d’une consommation énergétique raisonnée est donc de taille en entreprise. L’entreprise Saint-Hubert a compris cet enjeu et a mis en place un système d’hydroaccumulation qui permet de récupérer la chaleur émise lors des process de fabrication. L’eau chauffée par ce principe servira par la suite au nettoyage. Ce premier exemple concret présenté par Philippe Gouvéia permet à l’entreprise d’économiser 20% d’énergie. Benjamin Rémy travaillant sur ces questions de réduction des pertes énergétiques en entreprise a exposé une autre réflexion : interconnecter des procédés existants pour optimiser la consommation énergétique. Jérémy Grangé a ajouté que des réflexions similaires étaient portées par les collectivités qui récupèrent l’énergie produite par les incinérateurs.
La récupération de l’énergie est une première stratégie pour limiter notre consommation mais il est possible d’aller plus loin en diminuant notre demande initiale en énergie. En effet, « la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas » souligne Malek Boussalem. Dans le domaine de l’habitat, bien que la production d’énergie provienne encore aujourd’hui majoritairement du fioul et du gaz, les priorités sont aux énergies renouvelables et à la rénovation énergétique des bâtiments pour limiter les pertes de chaleur et diminuer ainsi la consommation des particuliers. De plus en plus, les habitations vont devenir passives[1] ou même à énergie positive[2]. Dans le domaine de l’industrie, la sobriété énergétique passe par une réflexion sur les procédés en eux-mêmes (écoconception) pour les rendre moins énergivores explique Benjamin Rémy.
Ainsi, des solutions existent pour passer à l’énergie zéro déchet mais cela n’est pas sans contrainte. Tout d’abord, un process de récupération d’énergie fatale nécessite des compétences en interne pour fiabiliser la démarche explique Philippe Gouvéia. La gestion de tels process de récupération d’énergie demande des mesures fiables et précises. Aussi, les systèmes doivent rester simples pour une gestion facilitée, or de nombreux fournisseurs proposent des usines à gaz trop complexes à piloter. Malek Boussalem apporte son retour d’expérience en matière d’énergie dans le bâtiment pour les particuliers : la rénovation énergétique demande un investissement sur le moyen-terme, obstacle pour les particuliers, qui ont parfois perdu confiance dans les nouveaux dispositifs d’énergies renouvelables (panneaux photovoltaïques, pompes à chaleur…) à cause de sociétés malhonnêtes.
D’après Jérémy Grangé, le facteur clé de réussite pour arriver au zéro déchet en énergie est la coopération. En effet, le zéro déchet peut être pensé au niveau d’un territoire avec des flux d’énergie qui seraient partagés entre différentes structures. Mais pour cela, une réflexion territoriale doit être menée avec la prise en compte de chaque besoin en énergie des structures présentes. Pour exemple, Philippe Gouvéia explique que l’entreprise Saint-Hubert a souhaité participer à un projet de raccordement au réseau de chaleur de la Métropole du Grand Nancy, projet qui s’est révélé infructueux car trop coûteux et ne convenant pas à la consommation énergétique de l’entreprise.
Cela soulève un point important pour penser les synergies sur le territoire : la consommation énergétique des entreprises est discontinue/intermittente et propre à chaque activité. Ainsi, une démarche territoriale doit intégrer des structures avec des besoins énergétiques complémentaires. Cette réflexion devrait être menée lors de la construction de zones d’activités, qui pourraient devenir des « zones d’activités à énergie positive » souligne Jean–Michel Crompin.
Pour conclure, ces synergies pourraient permettre de résoudre l’un des problèmes majeurs dans la consommation d’énergie : le stockage. En effet, le stockage d’énergie est aujourd’hui difficile à mettre en œuvre et le partage des flux d’énergie pourrait être une réponse organisationnelle à ce problème.
Pour tout renseignement complémentaire ou recevoir le calendrier des prochains Brunchs, envoyez un e-mail à l'adresse suivante : lebrunch-contact@univ-lorraine.fr
Article rédigé par Camille Lacour, chargée de développement territorial de l’innovation de à la Direction de l’Entrepreneuriat et des Partenariats Socio-économiques (DEPAS) de l'Université de Lorraine.
Dessins réalisés par Catherine Créhange, illustratrice de propos et photos prises par Morgane Stefan, Assistante Brunch.
[1] Bâtiment dont la consommation énergétique au mètre carré est très basse et entièrement compensée par les apports solaires ou internes. Bâtiment produisant. (Source : Wikipedia)
[2] Bâtiment qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme pour son fonctionnement. (Source : Wikipedia)