« Traitement des sols contaminés par des métaux lourds : progrès des vingt dernières années et défis », voilà le titre de la conférence donnée mardi 4 juin 2019 par le Professor@Lorraine Rongliang Qiu. La conférence (donnée en anglais) a présenté les progrès des vingt dernières années dans le domaine de la dépollution des sols contaminés par des métaux lourds, notamment la phytoextraction, la phytoexclusion et la phytostabilisation, qui ont été largement reconnus et adoptés en tant que technologies opérantes. Plusieurs processus clés ont été pris en compte, comme, par exemple, l'assemblage des microorganismes associés aux racines et les stratégies qui favorisent la croissance des plantes, la formation de nanoparticules naturelles contenant des métaux dans le sol. Les défis futurs de la phytoremédiation des sols ont également été abordés.
Le professeur Rongliang Qiu répond à nos questions à la suite de cette conférence :
Où travaillez-vous quand vous n’êtes pas en Lorraine et pouvez-vous expliquer la nature de votre travail en termes simples ?
Je suis Professeur à l’Université Sun Yat-sen de Guangzhou (Chine) et Doyen de la Faculté des Sciences et du Génie de l’Environnement. Avec le développement économique rapide du monde, les sols agricoles et urbains subissent de graves contaminations. La contamination des sols menace non seulement l'utilisation des terres, la croissance des cultures, mais aussi la santé humaine et celle des écosystèmes. Mon travail se concentre sur les phénomènes de pollution des sols et les voies de dépollution avec différentes stratégies pour réduire les risques pour la santé humaine et environnementale.
Quelles ont été les circonstances de votre premier contact avec des chercheurs en Lorraine et que signifie pour vous devenir Professeur @ Lorraine ?
En 2005, j'ai eu la chance de rencontrer le professeur Jean Louis Morel à Guangzhou. En tant que coprésidents de la conférence sino-française sur le traitement des sols pollués, nous avons alors commencé à réfléchir à la possibilité d'établir une coopération durable entre nos deux universités. Au cours des quinze dernières années, avec le soutien de SYSU, de l’UL, de l’INRA et du Consulat de France à Guangzhou, nous avons organisé onze conférences dans le domaine des sciences et technologies de l’environnement, qui ont contribué à mieux comprendre les processus et les impacts de la pollution et d’élaborer des solutions de restauration et de mise en valeur des sites contaminés.
C’est vraiment un grand honneur pour moi de devenir Professeur @ Lorraine, c’est un tournant dans ma carrière scientifique. J'espère et je pense que ce nouveau poste fournira une assise solide pour promouvoir nos collaborations de recherche et nos coopérations internationales. De plus, j'aime beaucoup la ville de Nancy, j'apprécie toujours le temps passé ici, sa cuisine délicieuse, ses gens sympas, sa culture universitaire, son patrimoine historique, sa ville tranquille et son bon vin ; Nancy est ma deuxième ville natale maintenant.
Pourriez-vous partager certains des résultats de votre collaboration avec Jean-Louis Morel ?
Symposiums communs : Depuis 2005, la Faculté des Sciences et du Génie de l’Environnement de SYSU a établi une collaboration durable avec l’Université de Lorraine et l’INRA. Grâce au soutien du Consulat général de France à Guangzhou, de la Fondation Nationale des Sciences Naturelles de Chine (NSFC) et du Département des Sciences et de la Technologie de la Province du Guangdong, les deux parties ont organisé avec succès onze symposiums internationaux Chine-France sur la dépollution de l'environnement en 2005 et 2007, puis tous les ans depuis 2010, alternativement en Chine et en France. Ces conférences ont constitué des événements clés pour le progrès des connaissances dans le domaine couvert.
Laboratoire International Associé (LIA) : Le 2 décembre 2015, SYSU, l’UL et l’INRA ont signé un accord pour créer un Laboratoire International Associé (LIA), dénommé ECOLAND « Services écosystémiques fournis par les territoires contaminés ». Le LIA est codirigé par le Professeur Christophe Schwartz (directeur du LSE) et moi-même. La collaboration fructueuse entre les deux parties est souvent considérée comme un modèle de collaboration scientifique internationale par l’Ambassade de France en Chine.
Échanges de haut niveau et collaboration scientifique : Sur la base de la plate-forme, de nombreux échanges universitaires et rencontres ont lieu régulièrement pour les personnels et les étudiants de troisième cycle, et ce, dans les deux sens. À ce jour, nous avons conduit ensemble huit projets et co-publié plus de 30 articles dans des revues internationales à comité de lecture. Dans le cadre de ce partenariat, nous avons aussi développé plusieurs stratégies pour le traitement des sols pollués et la restauration des sites, fondées notamment sur la phytoremédiation et l’agromine. Ces stratégies sont maintenant largement acceptées et reconnues par notre gouvernement et les entreprises. En outre, en 2016, nos deux groupes de recherche ont été classés dans le Top 10 des principales institutions de recherche dans le domaine de la dépollution des sols par la Bibliothèque Scientifique Nationale de l'Académie des Sciences de Chine.
Plate-forme de coopération internationale au niveau national : sur la base de nos résultats de recherche, en 2017, nous avons obtenu le soutien du Ministère de l'Éducation et de l'Administration Nationale des Affaires des Experts Étrangers de Chine pour la création d’un Centre d’Excellence « Centre International d'Innovation pour le traitement des sols et des eaux souterraines ». Un groupe de scientifiques internationaux de haut niveau issus de dix excellentes universités et institutions, dirigé par le professeur Jean Louis Morel, collaborent ainsi dans le domaine de la dépollution des sols et des eaux souterraines afin de développer la science et la technologie et offrir des solutions appropriées pour un meilleur environnement.
Quels sont vos projets pour les prochaines années ?
Sur la base d’ECOLAND et du Centre d’Excellence, nous souhaitons établir un Réseau de Coopération Internationale de Recherche qui soutiendra notre leadership sur la recherche dans le domaine du contrôle et du traitement des pollutions.
De plus, je prévois d’étendre notre coopération à un plus large ensemble de disciplines du domaine des sciences et du génie de l’environnement. En effet, au travers du LIA ECOLAND, une coopération fructueuse a déjà été développée avec le LRGP (Professor Marie-Odile Simonnot) et a débuté avec le LIEC (Dr. Corinne Leyval). Ces liens soutiendront la création prochaine d’un centre de recherche commun fort, qui pourra réunir la Faculté des Sciences et du Génie de l’Environnement que je dirige et le LabEx Ressources21. Cela fournira une base solide et pertinente pour contribuer à résoudre les problèmes environnementaux difficiles liés à la pollution des sols et de placer nos deux universités au premier rang dans ce domaine dans le monde.
