Le mercredi 20 mars 2019, la conférence-débat Pour un développement responsable ? rassemble Gaël Giraud, chef économiste de l’Agence Française de Développement (AFD), et Jean-Christophe Kroll, agroéconomiste et professeur émérite à Agrosup Dijon. Rencontre avec un des instigateurs de cet événement, Yves Le Roux, enseignant-chercheur en développement durable des filières agricoles à l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA).
Alors qu’une étude vient de sortir sur la mortalité due à la pollution et que les 15 et 16 mars des marches sont organisées pour le climat, la conférence que vous proposez est plus que jamais d’actualité.
Oui. Même si elle ne s’attache pas qu’à ces thématiques précises, nous espérons qu’elle replace les débats dans un environnement plus large. Nous réfléchissons souvent selon des rapports d’antagonisme : Nord / Sud, économie / écologie, etc. Nous souhaitons pouvoir évoquer toutes les relations qui sont en cause dans le développement. Dans cette optique, les réflexions d’un de nos intervenants, Gaël Giraud, sont passionnantes. Economiste de formation, il soutient que la croissance pour la croissance n’a pas d’intérêt. Qu’il y a derrière des questions de géopolitiques internationales, de réflexion sur les inégalités, la régulation, la concurrence versus la coopération…
Notre deuxième intervenant, Jean-Christophe Kroll, qui est agroéconomiste, s’attachera plus, de son côté, à évoquer la question de l’alimentation, qui est une préoccupation importante de nos contemporains. Et qui, là encore, se pose à plusieurs niveaux ! Si nous importons des OGM pour nourrir les poulets, qu’avons-nous réellement dans nos assiettes et quelles sont les conséquences sociale et environnementale pour les pays qui en produisent ?
Tout ça, ça fait beaucoup de questionnements… Vous n‘avez pas peur de perdre votre public ?
Il s’agit simplement de ne pas regarder le monde par le petit bout de la lorgnette. Gaël Giraud a un franc parler sur ces questions. Il annonce, par exemple, que si demain on ne fait pas quelque chose pour le Sud, le Nord en subira les conséquences, en termes de migration par exemple. On voit ainsi que les questions sociales et environnementales sont deux problématiques à traiter ensemble. Sans régulation internationale, il n’y aura pas de diminution des inégalités, qu’elles soient intra-pays ou inter-pays. A terme si nous restons sur notre trajectoire actuelle, le risque est d’aller vers des scénarios qui trouvent aujourd’hui des développements autour d’une nouvelle approche qu’est la collapsologie
La collapsologie ?
C’est un concept développé notamment par Pablo Servigne et Raphaël Stevens, basé sur le principe que nous nous dirigeons de toute façon vers un effondrement de la civilisation industrielle et qui prône un retour aux sources, un nouveau départ sur d’autres bases.
Alors que nous pensons qu’il y a encore des solutions ! J’en veux pour preuve le collectif qui a organisé ce débat*. Nous sommes issus de confessions, d’idéologies politiques, de territoires ou d’âges différents. Nous ne venons pas forcément tous de la même culture. Nous avons pourtant réussi à nous mettre autour de la table pour échanger. Malgré ces différences initiales nous partageons le même diagnostic et nous sommes persuadés qu’il est possible de changer le cours des choses sous réserve que les solutions soient discutées et partagées par le plus grand nombre avec une mise en œuvre concrète et rapide…
*Conférence-débat organisée par l’ENSAIA, Colecosol Grand’Est, OXFAM France, Planète durable, Ingénieurs sans frontières Nancy, Université populaire participative de Vandoeuvre, CCFD Terre solidaire, Collectif Ethique sur l’étiquette et Attac 54.