Suite à la création de l’Institut de la Longévité, des Vieillesses et du Vieillissement (ILVV), factuel a rencontré Agnès Gramain, professeure d'économie à l'Université de Lorraine et directrice adjointe de cet institut.
Pouvez-vous nous présenter l'ILVV, ses enjeux, ses missions ?
L'Institut de la Longévité, des Vieillesses et du Vieillissement est un groupement d'intérêt scientifique (GIS) soutenu par 9 institutions* dont l'Université de Lorraine. Ses missions sont triples. Tout d'abord aider la recherche française en sciences humaines et sociales dans le champ du vieillissement à se structurer afin d'acquérir une meilleure lisibilité, en interne, et vis-à-vis de l'étranger. Ensuite, promouvoir les démarches scientifiques inter-disciplinaires, qui sont particulièrement pertinentes pour un objet social aussi complexe. Enfin, aider aux échanges entre la communauté scientifique et les institutions publiques en charge des politiques liées au vieillissement des individus et de la société.
Comment avez-vous accédé à la direction adjointe de cet institut ? Pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités de recherche au sein du BETA ?
Les chercheurs qui sont membres de l'ILVV sont très divers, aussi bien par leurs disciplines (architecture, démographie, droit, économie, géographie, philosophie, psychologie, sociologie...) que par les questions qu'ils abordent (de la notion de "chez-soi" en institution à l'impact des systèmes de retraite selon les configurations conjugales, en passant par l'évolution du droit des personnes mineures, ou la conception de la compensation dans les politiques en direction des personnes atteintes d'incapacités). Pour ce qui me concerne, je suis économiste. Je m'intéresse, depuis une vingtaine d'années, à l'aide aux personnes dépendantes âgées. Au départ, j'ai travaillé sur les mobilisations familiales, en particulier celles des enfants auprès des parents âgés. Aujourd'hui, ce sont essentiellement les politiques publiques que j'étudie, en analysant les effets de leur décentralisation aux conseils départementaux. La directrice de l'ILVV, Emmanuelle Cambois, qui est directrice de recherche à l'INED (Institut National d’Etudes Démographiques), souhaitait s'entourer de deux personnes qui soient universitaires, représentent des disciplines différentes et incarnent, par leur carrière, les missions de l'ILVV, en particulier l'ouverture à d'autres disciplines et le dialogue avec les pouvoirs publics. J'imagine que c'est pour cela qu'elle m'a contactée.
Est-ce qu'il y a une articulation spécifique en lien avec le défi sociétal de LUE "ingénierie au service de la santé et du vieillissement" ?
Bien sûr. Je venais d'être nommée à l'UL quand Emmanuelle Cambois m'a contactée et il m'a semblé que le programme de l'I-Site LUE justifiait d'engager l'université dans la démarche de l'ILVV, en tant que membre fondateur. Le programme de LUE traduit la volonté d'organiser une partie de la recherche lorraine autour du vieillissement, dans sa dimension sociétale. Cela fait de l'Université de Lorraine un acteur majeur du champ, et cela justifie son rôle dans une démarche de structuration et d'animation de la communauté des chercheurs français en SHS qui analysent les enjeux du vieillissement. C'est en plein accord avec le vice-président "recherche" de l'université, et avec son soutien, que j'ai accepté la direction adjointe de l'ILVV.
* La Cnav (Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse), le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie), la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), l’EPHE (École Pratique des Hautes Études), l’Ined (Institut National des études démographiques), l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), l’Université Paris Dauphine et l’Université de Lorraine.