Osez l’économie de demain, Olivier Festor (TELECOM Nancy) : « L’intelligence collective permet de résoudre un problème qu’aucun système seul n’aurait été en mesure de résoudre »

 
Publié le 10/12/2018 - Mis à jour le 13/12/2018
Olivier Festor, directeur de TELECOM Nancy

Professeur d’informatique à l’Université de Lorraine, Olivier Festor travaille sur la configuration et la sécurité de systèmes communicants. Il dirige Télécom Nancy et participe à « Osez l'économie de Demain ». Cette école d’ingénieurs forme des scientifiques en informatique, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle et des données massives. Ces besoins industriels sont réels et ont un impact pédagogique : le besoin pour les ingénieurs de maîtriser les bases scientifiques sous-jacentes : mathématiques, logique, raisonnement, probabilités, statistiques.

Quelle est votre définition de l'intelligence artificielle & collective ?

L’intelligence artificielle est bien définie selon moi par Laurent Alexandre à savoir la capacité à acquérir, mobiliser et mettre en œuvre les savoirs pour atteindre un objectif. L’intelligence artificielle vise à doter des systèmes artificiels numériques de ces compétences : acquisition des savoirs, apprentissage, raisonnement, résolution de problèmes. L’intelligence collective, si tant est qu’elle existe sous forme d’intelligence, permet à un ensemble de systèmes de développer et mettre en œuvre leurs connaissances et compétences de manière collaborative pour résoudre un problème qu’aucun système pris en isolation n’aurait été en mesure de résoudre. 

Notre « matière première » est l’humain

Quelles formes et quels impacts l'intelligence artificielle prend-elle ou a-t-elle sur votre activité ?

Nous formons des ingénieurs et notre « matière première » est l’humain. De ce point de vue l’IA ne change rien. Elle apporte des outils qui nous permettent de mieux personnaliser nos formations, par de l’analytics par exemple sur les compétences des élèves en développement logiciel. Elle nous renforce également dans notre conviction qu’il est essentiel de former les élèves au sciences fondamentales mais également aux nécessaires questions d’éthique. Ces préoccupations ne sont toutefois récentes pour notre école d’ingénieurs. Des collègues visionnaires comme Jean-Paul Haton notamment ont été des précurseurs en la matière il y a déjà plus de 30 ans.

Toutes les disciplines qui génèrent de la donnée sont concernées

Selon votre point de vue quelles seront les conséquences de l'immersion de l'intelligence artificielle dans le futur ?

Les conséquences, vraies ou fausses, sont souvent abordées dans la presse, nous ne renchérirons pas là-dessus. Notre constat est qu’elle impacte déjà nombre de métiers de celui d’opérateur à celui d’expert. Toutes les disciplines qui génèrent de la donnée sont concernées, donc tous les champs économiques sans exception. Sur nombre de fonctions, elle libère l’humain de tâches « intéressantes » (ce qui ne veut pas dire « simples » et lui donne du temps pour se consacrer à des activités qui nécessitent plus de compétences humaines (empathie, gestion de situations complexes, …).