The Conversation France : un engagement stratégique dans le dialogue science/société

 
Publié le 21/09/2018 - Mis à jour le 19/10/2018

The Conversation France est un média en ligne qui donne aux universitaires et chercheurs une plus grande place dans le débat public. Chaque jour, les articles d'expertise, d'analyse et de commentaire de l'actualité générale et scientifique se démarquent de l'information en continu. Ils sont issus d'une étroite collaboration entre les universitaires, les chercheurs et une équipe de journalistes expérimentés. Supporté par une association à but non lucratif, The Conversation France offre des contenus gratuits, sans publicité et libres de republication.

Interview de Pierre Mutzenhardt, Président de l’Université de Lorraine

Il y a trois ans, l'Université de Lorraine devenait membre fondateur de The Conversation France. Était-ce un pari, ou une évidence ?

Les deux sans aucun doute. Notre jeune établissement s'était doté l'année précédente d'un média d'information institutionnel original : Factuel. Déjà, nous faisions le pari de la contribution : afin de favoriser la circulation de l'information, chaque personnel et chaque étudiant devait pouvoir soumettre des articles. The Conversation France a été une évidence car il reposait lui aussi sur la contribution. Là où Factuel permettait de s'adresser à notre communauté et à notre environnement de proximité, The Conversation France promettait l'accès au grand public national, voire international à la faveur de republications en anglais. Et puis le média répondait à nos valeurs et à notre engagement grandissant dans la science ouverte et le dialogue science/société.

rien ne nous garantissait l'adhésion des chercheurs

C'était aussi un pari, car rien ne nous garantissait l'adhésion des chercheurs. Nous avons adhéré en 2016 à la charte européenne du chercheur qui stipule clairement que « les chercheurs devraient veiller à ce que leurs activités de recherche soient portées à la connaissance de la société dans son ensemble de telle sorte qu’elles puissent être comprises par les non-spécialistes », mais la prise en compte de cette nécessaire activité de médiation commence tout juste à émerger parmi les critères d'évaluation de la recherche. Autant dire que contribuer à The Conversation France relève davantage de l'engagement citoyen que de la stratégie de carrière. Et pourtant, avec plus de 200 auteurs de l’Université de Lorraine et de 460 articles en trois ans, nous dépassons toutes les attentes !

les audiences ont rapidement décollé

Nous pouvions craindre que le média ne trouve pas son public. Or les audiences ont rapidement décollé. Aujourd'hui un article sur deux signé par les chercheurs de l'Université de Lorraine compte plus de 2000 vues, et certains dix à cent fois plus. 33.000 personnes reçoivent chaque jour la lettre électronique de The Conversation France. Une récente étude de lectorat atteste de l'intérêt du grand public et notamment des cadres du secteur privé, au-delà d'un public conquis très tôt dans le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche. Enfin, les journalistes sont au rendez-vous et viennent trouver sur The Conversation France un véritable vivier d'articles, de sujets et d'interlocuteurs pour d'autres médias.

Avez-vous fait face à des doutes au cours de ces trois années ?

A l'origine, nous n'étions qu'une demi-douzaine de membres fondateurs. Nous avons rapidement été 14, rejoints par des dizaines de nouveaux adhérents. A présent, The Conversation France est soutenu par plus de 80 établissements si l'on tient compte de ceux regroupés dans des COMUE. Fallait-il craindre la "concurrence" ? Au contraire, notre adhésion précoce - qui plus est dans les premières années d'existence de notre université -  a renforcé notre identité. L'Université de Lorraine incarne les valeurs qu'elle s'est donnée lorsqu'elle s'engage ainsi dans une initiative innovante - avec sa part de risque - et d'ouverture des savoirs.

il s'agit pour nous d'assumer pleinement notre responsabilité

J'ajoute que nous avons pris l'initiative dès le départ de mettre en place un comité de pilotage transversal afin de susciter et d'animer la collaboration entre chercheurs et journalistes. L'Université de Lorraine est représentée au conseil d'administration, par Violaine Appel, chargée de mission à mes côtés pour piloter ce dossier, ainsi qu'au comité éditorial par Jacques Walter, directeur du Centre de recherche sur les médiations Par cet engagement, il s'agit pour nous d'assumer pleinement notre responsabilité dans ce média dont nous sommes adhérent.

The Conversation France est un média dont l'université française doit se saisir pour mettre à la portée de tous la démarche de recherche et ses résultats.

Nous constatons, ces derniers mois, une montée en puissance du débat médiatique autour des fake news. Il est de notre responsabilité d’expliquer et de combattre ce phénomène en donnant aux citoyens des clefs de compréhension du monde.

Accéder aux articles des chercheurs de l'Université de Lorraine sur The Conversation France