New England Journal of Medecine : publication en premier auteur pour Faiez Zannad, cardiologue du CHRU de Nancy

 
Publié le 18/09/2018
Présentée dans le cadre du Congrès européen de cardiologie à Munich, l’étude portée par le Pr Faiez Zannad, du Centre d’Investigation Clinique du CHRU de Nancy, a fait l’objet d’une publication le 27 août dernier dans le New England Journal of Medecine, la revue de médecine mondialement référente. Une reconnaissance pour les travaux du cardiologue baptisés COMMANDER HF, incluant 5022 patients sur 628 sites dans 32 pays. L’essai avait pour objectif d’explorer l’avantage d’un traitement anticoagulant par le rivaroxaban à raison d’une prescription de 2,5 mg deux fois par jour contre placebo.
 
Les patients recrutés pour l’essai étaient insuffisants cardiaques chroniques sortant d’un épisode de décompensation cardiaque. Cette pathologie est particulièrement grave, associée à une forte mortalité et une grande fréquence de ré-hospitalisations. Autre réalité : tous les essais de plusieurs médicaments nouveaux ont échoué à faire progresser la thérapeutique dans ce syndrome. Les patients inclus étaient tous atteints de maladie coronaire, n’avaient pas d’indication d’anticoagulant et pas de fibrillation atriale. L’hypothèse de l’équipe de recherche est que la thrombine pouvait contribuer à l’aggravation et à la progression de la maladie et, donc, que l’anti thrombine pouvait améliorer la situation. La thrombine produit de la dysfonction endothéliale, de l’inflammation et des micro-thrombus à l’intérieurde la micro-circulation coronaire ce qui pourrait contribuer à aggraver la maladie.
 
Pour le cardiologue de Nancy, le résultat de ces travaux est, d’un côté, conclusif et décevant de l’autre. Conclusif, car l’hypothèse que la thrombine contribue à la progressionde la maladie et aux décompensations cardiaques est éliminée, une fois pour toute, dans cette population au moins. On sait qu’il y a eu dans l’Insuffisance Cardiaque des essais avec les anti vitamine K où les saignements étaient excessifs sans bénéfice. Décevant, parce que le critère principal de l’étude qui est la mortalité globale des infarctus et desaccidents vasculaires cérébraux n’a pas été modifié de façon significative. « Nous n’avons rien de nouveau à l’heure actuelle, donc, pour traiter cette population de patients avec décompensation cardiaque » déclare Faiez Zannad « autant dans l’insuffisance chronique stable, et surtout avec une fraction d’éjection basse, desprogrès ont été faits depuis 20 ans, mais dès que le patient insuffisant cardiaque est hospitalisé, à sa sortie ce taux d’événements est très important, si toutefois le patient sort de l’hôpital. En clair, nous ne disposons pas d’outils nouveaux et, en cela, les résultats de COMMANDER HF sont un peu décevants. »
 
Ces travaux ont donc permis, d’un côté, d’infirmer l’hypothèse de la thrombine dans la pathologie de l’insuffisance cardiaque décompensée et, de l’autre, de laisser ouvertes les recherches sur des nouveaux traitements de cette maladie.