Filière hydrogène : résultats de la première étude ergonomique

 
Publié le 26/08/2015 - Mis à jour le 10/05/2023

Au cours du mois de décembre 2014, dans le cadre du Projet exploratoire 2H2, l’équipe Psychologie Ergonomique et Sociale pour l'Expérience Utilisateurs (PErSEUs) a réuni trois panels d’utilisateurs au sein de la plateforme PERGOLAB (Psychologie, ERGOnomie, LABoratoire). Les résultats de cette étude, conduite en collaboration avec le Laboratoire d’Energétique et de Mécanique Théorique et Appliquée (LEMTA), ont été présentés fin juin aux chercheurs, aux décideurs et aux industriels impliqués dans le développement d’une filière hydrogène.

Vers des expérimentations à échelle réelle

Julia Mainka, porteuse de ce projet au LEMTA et Eric Brangier porteur du projet à Perseus, ne cachent pas leur satisfaction. Cette étude donne de l’élan aux expérimentations qui débuteront bientôt à Sarreguemines et dans le Grand Nancy. « L’Europe soutient financièrement les projets qui visent à installer des stations hydrogène en lien avec des flottes captives de véhicule dans les villes, en lien avec des projets et des besoins ciblés comme il sera le cas pour Sarreguemines et Nancy » explique Julia Mainka. Les participants aux projets (La Poste, EDF, ERDF…) disposeront de véhicules électriques à l’autonomie étendue grâce à une pile à hydrogène qu’ils pourront recharger à la station d’hydrogène implantée dans la communauté. Les avantages ? Une autonomie trois fois plus importante et la possibilité de faire le plein en deux minutes s’il n’est pas possible de recharger la batterie électrique durant plusieurs heures. Cerise sur le gâteau pour le confort des agents : « les arrêts fréquents ne perturbent pas le fonctionnement immédiat du chauffage en période hivernale » sourit Julia Mainka.

Les expérimentations à échelle réelle sont une aubaine pour les chercheurs. Il est d’ores-et-déjà question de prolonger le projet exploratoire par un projet de plus grande envergure, en sollicitant – par exemple – des fonds européens. L’enjeu consiste à élargir l’échantillon étudié tout en se penchant sur des projets concrets afin d’obtenir des résultats plus représentatifs. « Notre étude était cantonnée à un échantillon de 10 personnes. Même si les résultats semblent correspondre à la perception des acteurs de terrain, il ne s’agit encore que d’hypothèses pour un travail ultérieur » complète Julia Mainka.

En mai 2015, l’Université de Lorraine a déposé le projet européen INTERREG 5B « Highway to Hydrogen » (coordonné par la Manchester Metropolitan University) visant à identifier les briques non technologiques nécessaires à un développement régional de l’économie hydrogène sous l’angle des sciences humaines et sociales.

Quatre profils d’utilisateurs et de distributeurs pour l’hydrogène

L’étude d’ergonomie prospective a cherché à définir des utilisateurs qui n’existent pas encore grâce à une méthodologie basée sur des analyses statistiques des verbalisations de trois groupes d’experts dans le domaine de l’hydrogène. « Il s’agit d’une méthode à la fois participative et créative que nous cherchons à promouvoir dans les projets innovants et disruptifs, donc particulièrement bien adaptée à la caractérisation des processus d’innovation qui pourraient accompagner la mise en place de l’énergie hydrogène » déclare Robin Vivian, chercheur à PErSEUs.  Cette méthode a notamment permis de spécifier des  personas, véritables personnes fictives représentant des acteurs-type d’une future filière hydrogène. Qu’ils soient utilisateurs ou distributeurs, les personas les plus favorables au développement d’une filière hydrogène sont ceux qui souhaitent acquérir plus d’autonomie énergétique tout en faisant des économies ou en devenant eux-mêmes des producteurs-distributeurs-consommateurs (prosumers). A l’inverse, les plus réticents attendent des solutions intuitives et sécurisantes.

Extraits de la présentation du 25 juin 2015