Quels scénarios pour une filière à hydrogène en Lorraine ?

 
Publié le 20/11/2014 - Mis à jour le 10/05/2023
Une pile à hydrogène conçue au LEMTA.

Un des objectifs du Pacte Lorraine 2014-2016 vise à faire de la Lorraine une Région pilote pour la mise en œuvre d’une filière hydrogène. « La technologie est prête » affirme Julia Mainka, maître de conférences au Laboratoire d’énergétique et de mécanique théorique et appliquée (LEMTA). Pour sortir des laboratoires, encore faut-il s’assurer de l’adhésion du public, des collectivités et des professionnels. C’est pourquoi Christian Moyne, directeur de recherche CNRS et Olivier Lottin, professeur à l’Ecole Supérieure des Sciences et Technolgies de l’Ingénieur de Nancy (ESSTIN) et responsable de l’équipe Pile à combustible du LEMTA, ont sollicité le concours du laboratoire de Psychologie ergonomique et sociale pour l’expérience utilisateur (PErSEUs).

Ensemble, physiciens et psychologues ont élaboré des scénarios de mise en œuvre de la pile à hydrogène. Courant décembre, ils confronteront des panels d’utilisateurs à ces scénarios. « Nous avons besoin de comprendre ce que les gens sont prêts à changer ou non dans leurs habitudes quotidiennes » explique Julia Mainka. Anticiper les craintes, mieux connaître les priorités et les réticences : les méthodes des ergonomes doivent permettre de déterminer la viabilité d’une filière hydrogène en Lorraine.

« L’hydrogène est la molécule la plus répandue dans l’univers »

Julia Mainka rappelle que «si  la molécule d’hydrogène est la plus abondante dans l’univers, le di-hydrogène (H2 soit deux atomes d’hydrogène) n’existe pas à l’état naturel, mais l’électrolyse de l’eau permet d’en produire facilement». L’hydrogène est un « vecteur d’énergie » : produit puis stocké, l’hydrogène peut voyager sans perte d’un point A à un point B, avant d’être utilisé comme source d’énergie dans une pile à combustible en ne relâchant qu’une inoffensive vapeur d’eau.  Il peut aussi être injecté dans le réseau de gaz de ville à hauteur de 5%, voire à hauteur de 20% moyennant de légères modifications.

Pour  produire de l’hydrogène à ce jour on recourt à des hydrocarbures pétroliers, le bilan carbone n’est alors guère différent que dans l’utilisation actuelle du pétrole. En revanche, l’électrolyse de l’eau peut être réalisée grâce à des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, …). « L’hydrogène apporte en plus une solution au problème du stockage des énergies vertes » conclut Julia Mainka avec enthousiasme.

« Passer du prototype à la distribution à grande échelle »

Les expérimentations grandeur nature ne manquent pas, du procédé de stockage de l’hydrogène « décarboné » dans des conditions industrielles  à la  mise en circulation de véhicules pilotes à hydrogène. Les chercheurs du LEMTA travaillent avec Air Liquide,  Axane, Alphéa, De Dietrich ou encore Eon. Lauréate de l'appel Projets Exploratoires Premier Soutien, PEPS Mirabelle 2014, l’étude conduite  entre les équipes du LEMTA et du PERsEUs  vise à aider ces projets pilotes à déboucher sur des applications à grande échelle.

« C’est une découverte des méthodes des sciences humaines » se réjouit Julia Mainka, qui constate que « les deux groupes de chercheurs ont des méthodes très différentes » et a hâte de voir comment les données seront collectées et analysées par les ergonomes de l’équipe d’Eric Brangier.