Elles font la science : 8 portraits de chercheuses du Crem

 
Publié le 29/02/2024 - Mis à jour le 7/03/2024

À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, découvrez 8 portraits de chercheuses du Crem.

Delphine Le Nozach et Violaine Appel : le cinéma du Grand Est à l’honneur

Enseignantes-chercheures en Sciences de l’information et de la communication (Crem, IUT Nancy-Charlemagne), nous travaillons en binôme depuis plusieurs années sur les représentations du Grand Est au cinéma. En parallèle de nos publications, nous nous engageons pleinement dans une démarche de médiation scientifique en développant de nombreux dispositifs afin de faire découvrir nos résultats au plus grand nombre. Nous associons aussi régulièrement les étudiant·es à nos recherches, pour leur faire découvrir la richesse et la diversité de notre métier, sa dimension scientifique, ses liens avec les mondes socio-économiques privés et institutionnels, ainsi que son nécessaire ancrage sociétal pour les citoyens. Dans cette dynamique, nous avons créé un site internet (materciné) qui regroupe l’ensemble des actions menées : conférences, expositions, rencontres, parcours touristiques, etc. Nous sommes convaincues qu’en tant que femmes scientifiques, il est important de faire connaître nos parcours, nos activités et nos engagements auprès de nos étudiant·es comme du grand public.

 

Béatrice Fleury : histoire, mémoire et traces du passé

Mes recherches interrogent les interrelations entre histoire, communication et situations sociales. Elles prennent place – notamment – dans le domaine des médiations mémorielles. Je conjugue l’analyse de divers terrains et de corpus hétérogènes. En outre, les travaux que je conduis interrogent le rapport à des crises nationales et internationales que moi ou les générations qui m’ont précédée ont traversées : Seconde Guerre mondiale, guerre d’Algérie, révolution culturelle chinoise, guerre du Golfe, terrorisme, etc. Indéniablement engagés, ils débusquent les dits et non-dits, les manipulations ou mensonges, ainsi que les représentations et lieux communs qui filtrent les discours sociaux, mettant de la sorte en évidence les processus communicationnels à l’œuvre dans ce mouvement, comme les acteurs et actrices qui en sont à l’initiative ou en sont les destinataires.

Si cet engagement irrigue mes sujets, il guide aussi les moyens que je sollicite pour valoriser le savoir. Car, parallèlement à mes activités académiques « classiques », j’assure des responsabilités éditoriales (Questions de communication, Publictionnaire et suis l’autrice d’un projet de science ouverte sur les graffitis anciens et les écritures urbaines (Des murs à lire. Graffitis et patrimoine) dans lequel j’explore – au sens propre et figuré  les motifs et modalités d’exposition publique de soi dans divers lieux et époques. J’amplifie ainsi cette attention aux personnes méconnues, voire anonymes, qui traverse l’ensemble de mon parcours. Pour le dire autrement, en m’attachant à ces itinéraires et en ouvrant la connaissance à un large public, je m’efforce de redonner de la vie et du sens à des personnes disparues de la conscience sociale. Pour finalement, les sortir de l'oubli.

 

Charlotte Lacoste : le genre et les femmes

Après une agrégation de lettres modernes, une thèse sur les témoignages des victimes de violences politiques et un essai consacré aux représentations fictionnelles du meurtrier de masse (Séductions du bourreau. Négation des victimes, Paris, Presses universitaires de France, 2010), j’ai été nommée maîtresse de conférences en langue et littérature françaises à l’Université de Lorraine et chercheuse au CREM (équipe Praxitexte). Pour appréhender mes objets de recherche dans toute leur diversité (témoignage et faux-témoignage, littérature de non-fiction, postures d’auteurs et d’autrices dans le champ littéraire contemporain, mémoire collective, négationnisme), je privilégie une approche pluridisciplinaire des textes et des discours. Mes recherches actuelles se déploient entre les études littéraires, mémorielles et de genre. Dans le cadre du Programme 13-Novembre (CNRS/INSERM), je travaille sur la dimension genrée de la mémoire ; dans un ouvrage à paraître prochainement, je fais l’hypothèse d’une « charge mémorielle » qui échoirait plus spécifiquement aux femmes. Au Crem, je coanime le webinaire PLIGe (« Pratiques Langagières et Informationnelles traversées par le Genre »). Mes recherches sur les récits d’expériences traumatiques, la mémoire des femmes et la place de la parole victimaire dans le champ social m’ont conduite à développer et cofonder en 2021 le Collectif de lutte contre le harcèlement à l’Université (le Cha-U), une recherche collective sur les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur, et à devenir la référente Égalité-Diversité-Inclusion de l’UFR Arts Lettres et Langues à Metz.

 

Anne-Laure Vernet et Ophélie Naessens : la création artistique entre pédagogie et recherche

Fortes d'expériences au sein d'espaces universitaires de création – Ophélie Naessens à la galerie Art et Essai de l’université Rennes 2, Anne-Laure Vernet à la galerie Le Préau à l'INSPE de Lorraine – nous sommes convaincues de l’importance fondamentale d’un lieu de monstration, d’expérimentation et de recherche artistique au sein d’un établissement d’enseignement supérieur. Nous nous sommes ainsi rapidement lancées dans l’aventure artistique et pédagogique ayant abouti à l’ouverture de la Galerie 0.15//Essais Dynamiques sur le site de l’île du Saulcy en 2017. Le projet d’une galerie étudiante rattachée à l’UL vise avant tout la création d’un espace de production, de diffusion et de valorisation de la création artistique contemporaine régionale, nationale et internationale, prenant effet à travers l’organisation d’expositions (trente à ce jour). La galerie possède aussi une vocation pédagogique en s’adossant, à travers des workshops et conférences, à l’offre de formation existante à l’université. Ce projet de galerie vise en outre la promotion et la diffusion de la recherche-création dans le domaine des arts visuels, en associant notre ligne curatoriale à nos programmes de recherche, notamment Retour de l’affect (2017-2018) et Rituels, Arts et Résistances (2019-2023), ainsi qu'aux programmes de nos collègues, AUTO·PORN+ (2018), Voix et silence dans les arts (2021), Arts, cultures et activismes LGBTI et Queer (2021), Humus (2023). Aujourd’hui, un deuxième chapitre de l’histoire de la galerie se profile, à l’occasion de son déménagement dans la Villa – ex SOIP.

 

Johanne Samè : l’angle ethnographique

En 2014, j’ai obtenu un BTS communication à l’École supérieure de communication de Lille, puis j'ai intégré l’École de journalisme et de communication d’Aix-Marseille. Après avoir obtenu la licence en information et communication en 2015, je souhaitais intégrer le master journalisme… Mais la journée d’initiation à la recherche m’a beaucoup plu, j’ai donc discuté avec plusieurs enseignant·es-chercheur·es, qui m’ont encouragée à poursuivre dans cette voie. J’ai ainsi obtenu en 2017 un master mention information et communication, spécialité recherche – études avancées en communication et médias et, en 2021, un doctorat en sciences de l’information et de la communication (SIC). Enfin, j’ai obtenu cette année la qualification de maîtresse de conférences dans la 71e section du Conseil national des universités (CNU).

Dans le cadre de mon travail doctoral, je me suis intéressée aux enjeux sociaux et politiques de la cohabitation culturelle. Pour ce faire, je me suis appuyée sur les stratégies de communication, les répertoires d’actions et les répertoires médiatiques des organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits des personnes migrantes, réfugiées, exilées, en menant une enquête de type ethnographique au sein de l’ONG La Cimade Aix-en-Provence.

Après avoir fait le constat qu’il existait peu d’espaces de discussion sur cette méthode d’enquête en SIC, j’ai initié l’organisation des journées d’étude : L’approche ethnographique en sciences de l’information et de la communication. Enjeux et perspectives, qui ont eu lieu à Metz en janvier 2024, grâce au soutien du Crem. Ces journées vont donner lieu à la publication d’un ouvrage scientifique collectif… Qui sera préfacé par une femme.

 

Aurélie Pourrez : la communication au service de la santé

Chercheuse au Crem depuis septembre 2021, je coordonne aujourd’hui un projet ANR Sciences par et pour la société Ambitions Innovantes. Il s’agit du projet de recherche participative GwadaSafeMeat ayant pour objectif principal de lutter contre la contamination au chlordécone de la population guadeloupéenne par le circuit informel de la viande bovine. Cela me permettra de mobiliser durant les deux prochaines années mes principaux domaines de recherche : la communication sanitaire, environnementale et la médiation scientifique.

En Martinique, je participe à l’élaboration d’un projet « Léa », interdisciplinaire, visant à inclure les apports scientifiques du colloque Chlordécone 2022 dans les enseignements. Cette recherche portera sur la médiation dans le conflit de loyauté éprouvé par certains apprenants entre des discours scolaires et familiaux présentés comme contradictoires. En Guyane, une recherche sur les freins communicationnels à un parcours de soins holistiques – incluant les soins locaux et biomédicaux pris simultanément par les patients – m’a permis de poursuivre une approche de médiation scientifique initiée il y a bientôt dix ans. J’y démarre prochainement une collaboration avec l’Observatoire hommes-milieux pour la lutte contre la contamination au plomb des habitants de l’Oyapock via la consommation de la viande de gibier.

Par ailleurs, une collaboration avec le rectorat m’amène à former des enseignant·es et étudiant·es de l’Institut national supérieur du professorat et de l'éducation lors d’ateliers sur les controverses en santé et l’éducation aux médias. Enfin, en Lorraine, je collabore au projet Sexteens sur les séries Netflix mobilisées par les adolescents pour leur éducation sexuelle.