Vieillissement et société, retour sur le colloque Reiactis

 
Publié le 10/02/2020 - Mis à jour le 12/05/2023
Affiche Reiactis
Du 4 au 6 février 2020 s’est déroulé au centre Robert Schuman à Metz, le colloque international du Réseau d'Études International sur l'Âge, la CitoyenneTé et l'Intégration Socio-économique (Reiactis) qui a lieu tous les 4 ans. Organisé par le laboratoire de sociologie 2L2S, il a réuni pas moins de 350 chercheurs, doctorants, étudiants, acteurs socio-économiques, élus, représentants d’associations et citoyens se sont rencontrés autour des problématiques soulevées par le vieillissement.

Handicap et vieillissement, pareil mais différent

De nombreux problèmes que rencontrent les personnes en situation de handicap, qu’il soit moteur ou cognitif, sont partagés par les personnes âgées. Qu’il s’agisse de pouvoir prendre les transports en commun, vivre dans un domicile adapté, de pouvoir se cultiver ou tout simplement ne pas être isolé socialement, les solutions apportées pour un type de population bénéficient à l’autre voire, à tous. Par exemple, un arrêt de bus rehaussé profite aussi bien à une femme enceinte, une personne en plâtre, qu’un parent avec une poussette etc.

De nombreuses sessions du colloque étaient dédiées à ce parallèle entre la situation de personne âgée et celle de personne handicapée, auxquelles l’association APF Handicap participait notamment. Il était déploré que malgré une réflexion de plus en plus conjointe sur ces problématiques partagées, le financement pour apporter des solutions était inégal, avec une nette faveur pour les personnes handicapées. Parmi les suggestions pour les collectivités territoriales, plutôt que d’avoir un représentant délégué au handicap qui mène souvent seul un combat contre les inégalités pour les personnes handicapées, inclure dans chaque facette de la construction sociale et au départ de chaque projet des représentants des personnes âgées et des personnes en situation de handicap et fusionner les demandes de financement.

Des réponses apportées par la recherche

Les chercheurs et doctorants d’universités du monde entier ont été des acteurs majeurs de ce colloque, en animant tables rondes, sessions de posters scientifiques et rencontres avec les citoyens. Car c’est bien vers la recherche de laboratoires de Sciences Humaines et Sociales comme le 2L2S à Metz et de Sciences Cognitives comme le 2LPN (mettre le déroulé), également à Metz, que se tournent les élus et acteurs socio-économiques lorsqu’ils souhaitent faire un pas vers l’inclusion. Au cours des 3 journées du colloque, ces derniers ont pu avoir tout loisir d’interroger les brillants esprits de Lorraine mais également du reste du monde pour savoir sur quels piliers éthiques, légaux, économiques et scientifiques ils pouvaient s’appuyer pour mettre en route une transition inclusive.

Celle-ci repose sur la liberté, l’égalité, la dignité et l’autonomie, qui doivent être assurés par une charte des droits des aînés, qui à ce jour n’existe pas. C’est la raison de la présence de représentants de l’ONU, qui en participant aux débats peuvent permettre l’émergence d’une telle charte au niveau international, qui percolera ensuite dans le quotidien des personnes à travers une grille d’évaluation de la qualité de vie des personnes âgées pour enfin permettre d’assurer à la fois leur autodétermination et l’accès aux services qui la garantissent.

Autodétermination, un changement de paradigme à prévoir

Par autodétermination, on entend le droit de décider pour soi-même. Or, trop souvent, dès le fatidique verdict de « perte d’autonomie », nous, les proches, mais aussi les médecins, les aide- soignants, nous substituons arbitrairement à la personne concernée pour prendre les décisions qui la concernent. Sous prétexte, par exemple, que nos aînés ne sont plus en mesure de se déplacer sans assistance, nous décidons de les déraciner de leur foyer pour les installer en habitat adapté. De peur pour eux, nous cessons de voir leurs aptitudes et nous focalisons sur leurs inaptitudes. En voulant les protéger, nous les enfermons.

Pourtant, autonomie et autodétermination ne sont pas synonymes. La faculté cognitive à décider pour soi-même n’est pas corrélée à la capacité à faire les choses par soi-même. Lors d’une session sur le sujet, l’exemple de Stephen Hawking était mis en avant. Bien qu’entièrement dépendant d’autrui et de relais technologiques 24h/24 pour tous ses besoins, son extraordinaire capacité de réflexion, intacte elle, justifiait toutes les mesures qui lui permettaient de se déplacer, de partager son savoir et de s’exprimer. « Alors pourquoi n’en serait-il pas de même pour tous ? », demandait le chercheur en conclusion.

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