Les Master VSOC plongés dans l’histoire, sous le prisme de la désinformation : rencontre avec Michael Henry

 
Publié le 18/12/2019 - Mis à jour le 19/12/2019
Michael Henry présente une partie de l'histoire de la désinformation

« E pur si muove! » – Galilée… Imaginez cette scène, Galileo, après avoir été forcé de se rétracter sur sa théorie de l’héliocentrisme, lançant comme acte de défiance les mots ci-dessus à l’Inquisition. Aussi valeureux que cela puisse paraître, il n’a jamais prononcé ces mots. Ceux-ci lui ont été prêté près d’un siècle après sa mort. Cette citation apocryphe est une illustration de désinformation, et du fait que ce phénomène ne date pas de l’explosion des réseaux sociaux, ni des « fake news ».

Le 4 décembre 2019, les élèves du master 2 VSOC (Veille Stratégique et Organisation des connaissances) ont eu le plaisir d’accueillir Michael Henry, auditeur IHEDN et Ih2ef et formateur national en prévention et gestion de crise, pour un séminaire autour de la désinformation, complétant ainsi leur cours sur le même thème. Retour sur un phénomène sociétal historique.

De l’Antiquité…

Notre odyssée débute à l’Antiquité, sur les côtes de la Méditerranée, où mythologie et histoire se mêlent sans cesse, nous livrant une version romanisée de la réalité des faits. Ces croyances sont renforcées par la volonté de syncrétisme de certains grands empires de l’époque, souhaitant instaurer une paix sociale grâce à l’adaptation des panthéons des territoires conquis. En effet, dans des nations aussi imposantes, il est plus simple de maintenir une cohérence sociale en assimilant les cultures déjà présentes qu’en imposant la sienne. Une autre manière d’inciter à l’harmonie fut tentée par Constantin Ier, sous la forme de l’édit de Milan (313), édit de tolérance, autorisant chacun à « adorer à sa manière la divinité qui se trouve dans le ciel ».

Nous allons ensuite faire un bond dans le temps pour arriver à la fin du Moyen-âge, période charnière dans l’histoire de l’humanité et marquant le début de ce que nous appellerons plus tard mondialisation. En effet, le développement de la circumnavigation transforme notre vision des choses et nous force à penser les relations géopolitiques dans un espace monde. Dans le même temps la presse de Gutenberg permet de diffuser plus rapidement et plus efficacement les paroles, généralement publiques ou semi-publiques.

Allons maintenant en France, sous le règne de Louis XV. Ce dernier, bien que ne voulant pas interdire une presse écrite omniprésente, souhaite la contrôler. Et pourtant, cela n’empêche pas des pamphlets incendiaires d’être publiés, souvent de manière anonyme.

A travers les Confessions et les Dialogues, Rousseau dépeint un monde où il est seul contre tous. Paranoïa d’un homme marginalisé ? Peut-être, nous répond Michael Henry, avant de nous donner un autre exemple dans Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, l’abbé Barruel attaque la révolution française, l’assimilant à un ordre ésotérique et secret : les Francs-maçons. Dans ses écrits, il estime également que ces derniers ont été infiltrés par un ordre encore plus puissant : les Illuminati de Bavière.

… aux années 2000

À partir de 2004, il y a une vraie résurgence des propos conspirationnistes plus particulièrement dans la pop culture. Le hip-hop américain cultive cette tradition, mais la musique française n’est pas en reste. Michael Henry donne en exemple les paroles de « foule sentimentale » d’Alain Souchon dans lequel il dit « on nous fait croire », il utilise le « on » à plusieurs reprises avec comme sous-entendu l’idée qu’il y a des choses qui se passent dans notre dos. Cette contre-culture s’érige souvent contre les Etats, de nombreux hommes politiques se retrouvent par conséquence associés à ces organisations. Les artistes ne sont pas en reste, certaines stars sont associées aux mouvements des Illuminati comme les chanteuses Rihanna et Lady Gaga.

Et, malheureusement, l’histoire de la désinformation (et tous ses dérivés) est loin d’être finie, car nous entrons dans l’ère que nous qualifions de post-vérité, décrivant la transformation des échanges entre les politiques et les médias, due à la multiplication des méthodes sophistes, axant les débats sur les émotions, multipliant les éléments de langage.

A lire : l’article complet sur https://www.linkedin.com/in/master-vsoc/

 

Hairia Hanibali Ali et Yann Premel,

étudiants en Master Veille Stratégique et Organisation des connaissances (VSOC)

 

 

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