L'entrepreneuriat étudiant lorrain s'est distingué lors de la finale nationale du Prix PEPITE 2018, le 15 novembre dernier à Montpellier. Nina Caput, étudiante-entrepreneuse au PeeL, remportait avec "EquineLedger ", une application blockchain facilitant la traçabilité des équidés, l'un des prix de cette édition du Prix PEPITE-Tremplin. Factuel est allé à sa rencontre...
En quelques mots pouvez-vous nous expliquer ce qu'est EQUINELEDGER et quels sont vos ambitions/objectifs avec ce projet ?
Nous souhaitons avec EQUINELEDGER engager la transition numérique du secteur équin. La troisième révolution numérique a amorcé une transition vers une ère nouvelle, révolutionnant bon nombre de nos pratiques. Il est opportun que le secteur équin puisse bénéficier de l’avancée actuelle des technologies numériques.
EQUINELEDGER vise à devenir un véritable tiers de confiance en matière de traçabilité des données équines.
Nous prévoyons de déployer une plateforme blockchain privée à usage institutionnelle qui viendra supporter le système actuel d’identification des équidés.
Sous forme d’interface interactive, accessible via le numéro de puce électronique du cheval, elle permettra de rendre disponibles plusieurs types de données : données d’identification, identité du (ou des) propriétaire(s), performances en compétition, suivi vétérinaire éventuel et données d’élevage.
EquineLedger intégrera la technologie Blockchain pour optimiser la performance des systèmes existants, faciliter la mobilité des chevaux, améliorer les échanges de données en Europe et à l’international, et ainsi moderniser le secteur.
La technologie Blockchain est aujourd’hui l’outil le plus adapté pour assurer une traçabilité et une transparence de l’information.
Ce projet innovant va permettre à l’ensemble des acteurs de la filière de profiter d’un nouvel outil efficace, moderne et accessible.
Comment a germé en vous l'idée de cette application et le fait de devenir étudiant entrepreneur ?
Tout a commencé lors de mon premier contrat d’alternance au sein de la société ITS Group, entreprise du secteur numérique commercialisant des produits dit « hardware » et « software ». Ma mission principale était de m’intéresser à l’offre nouvelles technologies de nos partenaires, à savoir IBM France (International Business Machines) , HPE (Hewlett Packard Entreprise), Oracle...
Quand j’ai découvert la technologie Blockchain, et les opportunités qu’elle offrait en matière de traçabilité (de denrées alimentaires, de denrées luxueuses, etc.), j’ai immédiatement fait le lien avec le secteur équin. Je suis cavalière, anciennement professionnelle, je connais donc bien ce milieu, les pratiques, la règlementation, les moeurs. Un des principaux dysfonctionnements de ce secteur est l’asymétrie d’informations. Les parties prenantes (acheteurs/vendeurs, pays, vétérinaires, officiels de compétition...) ne disposent généralement pas des mêmes informations (vétérinaires, performances en compétitions, données d’identification...) lors d’un transfert de propriété ou d’une mobilité. Ces informations constituent la justification quant au tarif d’acquisition, elles sont garantes de la biosécurité d’une région ou encore essentielles pour permettre à un cheval de voyager.
De plus, chaque pays s’est construit une manière de fonctionner qui lui est propre ; pour gérer l’identification des chevaux, recenser les performances en compétitions, gérer l’élevage ou encore enregistrer les pratiques vétérinaires. En interne, les systèmes semblent fonctionner plutôt correctement, mais il y a de grandes différences suivant les pays. C’est au niveau international que de nombreux problèmes sont constatés. Aujourd’hui les chevaux sont très mobiles, ils voyagent à travers la planète, pour des compétitions internationales ou pour le commerce. Cette mobilité implique des échanges d’informations importants entre pays (douanes, organismes d’identification, vétérinaires, propriétaires...). Ces échanges se révèlent complexes notamment à cause de l’incompatibilité des systèmes, le refus éventuel de coopération, l’omission d’informations à l’acquéreur dans le but par exemple d’augmenter un prix de vente.
C’est de ce constat qu’est né EQUINELEDGER.
Ayant cette opportunité entre les mains, je me suis retrouvée, naturellement, à devoir conjuguer études et entrepreneuriat. Rapidement j’ai cherché sur internet s’il existait des dispositifs d’accompagnement pour les étudiants entrepreneurs ; c’est ainsi que j’ai découvert Pépite.
Depuis combien de temps, êtes-vous accompagnée par le Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine ?
Mon accompagnement au PeeL a débuté en début d’année 2018 et à pris fin en octobre 2018. J’ai déménagé sur Paris afin poursuivre mon cursus universitaire et le développement de EQUINELEDGER.
Je suis maintenant accompagnée par un « Pépite Parisien ».
Le développement de votre projet nécessite des compétences en informatique, comment vous êtes-vous entourée ? Avez- vous des collaborateurs ?
L’entièreté du développement technologique est assuré par un gros opérateur du numérique. Une collaboration avec un « géant » du secteur nous est apparu incontournable. D’une part car les développeurs nouvelles technologies, et
spécialement blockchain, coûtent très cher sur le marché ; du fait de leur rareté (même les géants du web ont du mal a attirer les « talents »). D’autre part afin accroitre notre légitimité, vis à vis de nos potentiels partenaires, du grand public et ainsi décourager les potentiels concurrents.
En interne nous disposons de solides compétences « métier » (secteur équin) mais aussi juridiques. Nous sommes 3 co-fondateurs, je suis entourée d’une avocate, également très impliquée dans le soutien à la filière équine française, ainsi que d’un juriste spécialisé dans les nouvelles technologies, la propriété industrielle et intellectuelle.
A quelle étape du projet entrepreneurial êtes-vous ?
Nous allons débuter le développement applicatif.
Et en quoi votre prix Pépite va-t-il vous aider ?
Le prix Pépite est vecteur d’une image forte dans la communauté entrepreneuriat étudiant mais aussi au sein du secteur dans lequel l’entreprise évolue. Ce prix est valorisant autant à l’échelle du porteur du projet qu’à l’échelle de l’entreprise.
L’écosystème Pépite est riche et stimulant, ce prix permet également d’être entièrement intégré à ce réseau.
Pour finir, l’aspect pécuniaire de ce prix est non négligeable. Il constitue une aide indéniable au démarrage de l’activité.