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Entrée en matière dans les coulisses du genre, le présent travail se penche sur les pratiques de construction et de présentation de soi des participant.e.s d’un atelier Drag King de Bruxelles. Il montre comment une approche interactionnelle et multisémiotique du genre ne peut pas faire l’économie de l’histoire individuelle et collective telle qu’elle est à la fois présente et remise en cause dans cet atelier. L’articulation de multiples dispositifs de genre issus de contextes plus ou moins éloignés dans le temps débouche sur une vision politique et polyphonique des pratiques de transformation corporelle par les Drag Kings. Cet atelier ne se situe pas uniquement dans une tradition des pratiques Drag et de travestissement qui tout à la fois les contraint et les inspire : il suscite également de futures constructions et présentations de soi qui font que de nouveaux corps, de nouveaux soi et de nouveaux langages verront bientôt le jour.
Complémentaires plutôt que contradictoires, les approches théoriques mises en œuvre (Goffman, Butler) permettent à l’auteur de prendre en compte les dimensions multiples des données recueillies – linguistiques, interactionnelles et corporelles, collectives et personnelles, quotidiennes et artistiques, historiques et politiques – dans des cadres habituellement séparés par les frontières disciplinaires. Quant à l’ethnographie polyphonique dont se réclame Luca Greco, elle lui permet de comprendre « de l’intérieur » quels procédés sont mobilisés par les Drag Kings pour construire un soi pluriel – parfois paradoxal – ainsi que la façon dont ce soi se construit et se donne à voir comme résultat.