Michael Matlosz, présentez-nous votre parcours en quelques mots …
D’origine américaine, j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur chimiste en 1979 à l’Institut de Technologie de l’Etat du New Jersey puis un doctorat en génie chimique en 1985 à l’Université de Californie à Berkeley, où ma thèse portait sur des études expérimentales et théoriques dans le domaine du génie des procédés électrochimiques.
J’ai démarré ensuite ma carrière de chercheur en Suisse, au département des matériaux de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), où j’ai travaillé pendant près de neuf ans sur des recherches au sujet du traitement électrochimique des surfaces métalliques. En 1993, j’ai été nommé sur un poste de Professeur des universités en génie des procédés à l’Ecole nationale supérieure des industries chimiques (ENSIC). Mes recherches à l’ENSIC, au sein du Laboratoire réactions et génie des procédés (LRGP, UMR 7274 CNRS/UL) concernaient l’application des microtechnologies et de la microfluidique à l’amélioration de la performance de la production des industries chimiques et parachimiques.
A ce titre, j’ai pu initier et diriger de 2005 à 2009 le projet intégré européen IMPULSE, dédié à l’innovation dans les industries chimiques et financé très largement par le 6ème Programme Cadre de Recherche et Développement européen (6ème PCRD). En 2011, j’ai été élu membre titulaire de l’Académie des Technologies de France.
J’ai été directeur de l’ENSIC de 2006 à 2011, avant de prendre la responsabilité du département des recherches exploratoires et émergentes à l’Agence nationale de la recherche (ANR) à Paris de 2011 à 2014. J’ai ensuite été nommé Président Directeur Général de l’ANR en septembre 2014, responsabilité que j’ai assurée durant trois ans. Parallèlement, j’ai exercé la fonction de président de l’organisation Science Europe à Bruxelles, une association à but non lucratif qui regroupe une quarantaine d’agences de financement et d’organismes de recherche de 27 pays européens. Actuellement chargé de mission pour la politique d’appels à projets de l’Université de Lorraine auprès de la présidence de l’Université de Lorraine, je viens d’être élu président de l’organisation EuroScience, association à but non lucratif basée à Strasbourg et qui a pour mission de représenter la voix des chercheurs scientifiques européens dans le débat public autour du rôle de la science dans nos sociétés modernes.
Qu'est-ce qu'Euroscience ?
EuroScience représente la voix de la science en Europe. En tant qu’association à but non lucratif composée pour l’essentiel de membres adhérents à titre individuel, EuroScience est unique dans son rôle de porte-voix de celles et ceux qui sont les acteurs de la science au quotidien. L’association est ouverte à un large éventail de membres, dont les professionnels de la recherche scientifique, des enseignants, des étudiants, des administrateurs d’organisations scientifiques et des représentants d’organes de politique scientifique, ainsi qu’à tout citoyen intéressé par la science, la technologie et leurs liens avec la société. En plus de la représentation de scientifiques européens de tout âge, de toute discipline et de toute nationalité, la provenance des membres d’EuroScience constitue également une grande diversité, comprenant à la fois des acteurs issus des institutions publiques telles que les universités et organismes publics de recherche et de tous les secteurs économiques des industries et des services. Les membres d’EuroScience aujourd’hui sont au nombre de 2 600, issus de plus de 70 pays.
La vision du rôle d’EuroScience en tant que porte-voix des scientifiques européens comporte quatre facettes :
- contribuer à l’intégration de l’Europe à travers la promotion de l’idée d’une citoyenneté tripartite des scientifiques et des institutions scientifiques en Europe : une citoyenneté européenne, une citoyenneté disciplinaire et une citoyenneté nationale (et régionale) ;
- accroître la contribution de la science au bien-être et à la prospérité de l’humanité, et enrichir la société dans son apport aux défis politiques et éthiques ;
- influer sur l’élaboration des politiques publiques pour la science en Europe, à la fois aux niveaux national et européen ;
- augmenter la conscience autour des sujets qui relie la science à la société, et s’engager activement dans les processus politiques abordant ces sujets et dans la promotion du dialogue au niveau européen entre les scientifiques et les autres parties prenantes de la science.
La mission d’EuroScience en tant qu’organisation de ses membres est d’être :
- une voix des scientifiques européens et pour les scientifiques européens ;
- un point d’ancrage pour tous ceux qui veulent interagir avec cette voix ;
- une plateforme permettant aux responsables de politiques publiques d’entrer en contact avec des scientifiques et des institutions scientifiques à un niveau européen ;
- un lieu où scientifiques, politiques et autres parties prenantes pourront se rencontrer, discuter des sujets d’importance sociétale et avancer sur ces sujets, y compris des sujets éthiques concernant la science et ses applications.
EuroScience anime de nombreuses actions d’échange, de communication et de débat, la plus importante étant l’EuroScience Open Forum (ESOF). ESOF est un congrès pan-européen bisannuel dédié à la recherche scientifique et à l’innovation. Lors des congrès ESOF, scientifiques de renom, jeunes chercheurs, acteurs du monde des entreprises, responsables de politiques publiques, communicants, journalistes scientifiques et le grand public de toute l’Europe se rassemblent pour discuter des nouvelles découvertes scientifiques et débattre des directions que prennent les recherches dans tous les domaines des sciences physiques, des sciences du vivant et des sciences humaines et sociales.
Quels sont vos projets à la tête d’Euroscience ?
Avec les autres membres du conseil d’administration, je prendrai mes fonctions de président d’EuroScience lors d’ESOF 2018 à Toulouse en juillet.
Nos objectifs pour le mandat à venir (2018-2022) gravitent autour de trois axes principaux :
- Renforcer la visibilité et la présence d’EuroScience, ses actions et ses communications auprès des acteurs de l’espace européen, à travers de la proactivité vis-à-vis des parties prenantes et en partenariat avec les autres associations représentatives de la recherche en Europe ;
- Etendre l’impact d’EuroScience, au service de ses valeurs et de ses membres, par de nouvelles actions et d’initiatives, dont celles liées au futur congrès ESOF 2020 à Trieste ;
- Elargir le nombre de partenariats institutionnels avec des sponsors publics et/ou privés partageant les valeurs et les objectifs d’EuroScience et capable d’apporter des ressources financières supplémentaires, car aujourd’hui l’essentiel des ressources proviennent des cotisations des membres individuels et du congrès ESOF.
Le détail des opérations à mener et l’organisation associée seront débattues dès notre première réunion du conseil d’administration à Toulouse en juillet.