La conférence habituelle sera remplacée par la projection d'un film documentaire : "Un phénomène de coercition sociale chez le rat : les rats plongeurs" de Didier DESOR, professeur à l'Université de Lorraine (Labo de la biologie du comportement) et sociétaire de l'Académie Lorraine des Sciences.
Didier DESOR sera présent et animera un débat avec la salle suite à la projection du film le jeudi 9 novembre 2017 à partir de 17h30 dans la salle du Conseil de la Métropole du Grand Nancy, 22-24 viaduc Kennedy à Nancy.
Ce film, qui a obtenu le Grand Prix du Festival du Film Universitaire Pédagogique en 2012, relate à l’intention d’un public non spécialiste, les résultats obtenus par l’équipe de Biologie du Comportement de l’Université de Lorraine, dans les années 1990-2000. Il montre comment, chez le rat de laboratoire, les contraintes du milieu peuvent influencer les groupes sociaux qui y vivent, et y engendrer l’expression de certaines formes de violence.
La situation expérimentale repose sur deux principes : l'existence d'une contrainte pour obtenir de la nourriture (franchir une barrière aquatique), et la nécessité d’être en présence des congénères pendant la consommation de la nourriture obtenue. Dans ces conditions, on voit systématiquement apparaître une différenciation sociale en trois types principaux : les rats « ravitailleurs », qui transportent la nourriture mais doivent nourrir les « non-transporteurs » avant de pouvoir eux-mêmes s’alimenter, et les « autonomes », qui sont capables de défendre la nourriture qu’ils ont transportée. Il s’agit d’un phénomène de nature sociale, car d’une part, pris individuellement, tous les rats sont capables de surmonter la contrainte ; d’autre part, la proportion de « non-transporteurs » est liée à l’effectif du groupe ; enfin le regroupement d’individus de même profil mène à de nouvelles différenciations. La connaissance des caractéristiques du développement des individus permet de prédire avec une grande précision leur futur rôle social : l’anxiété y joue un rôle crucial, comme le montre l’étude du métabolisme cérébral. L’influence de la nature de la contrainte environnementale sur les rôles individuels apparaît lorsqu’on change la contrainte : la connaissance du rôle d’un individu dans une situation ne permet aucune prédiction quant au rôle qu’il adoptera sous une autre contrainte. La modélisation de cette situation laisse sous-entendre une grande part d’auto-organisation dans ce phénomène.
L’interprétation de ces résultats reste ouverte, l’hypothèse d’un « altruisme réciproque » au sens de « l’Ecologie Comportementale » est plausible.Leur extrapolation à l’être humain en situation de contrainte semble également possible sous certaines conditions.