“Il existe un convivialisme et une fraternité latente dans la société”. Ces mots, énoncés par Jacques Lecomte, ont marqué la conférence consacrée au psychologue expert en psychologie positive au printemps dernier à l'île du Saulcy. Dans son sillage, le dispositif Brunch a acquis de nouveaux pouvoirs : à sa capacité de tisser des liens et de réunir dans la même toile entrepreneurs, penseurs et créateurs s’est ajoutée la faculté de transformer le négatif en positif. Un parti pris partagé par le Centre Pierre Janet, porteur de l’action de Jacques Lecomte et représenté par Cyril Tarquinio, son responsable, en charge de l’animation du Brunch “Entreprises Humanistes” le 20 juin, au sein des locaux de FM Logistic, à Phalsbourg.
FM, deux lettres majuscules séparant deux familles liées par des compétences communes : Faure et Machet. En son cinquantième anniversaire, l’entreprise familiale, au sens premier du terme, célèbre sa place au sein des plus importants transporteurs européens en soulevant une politique de valeurs respectueuse du bien-être de ses employés. Marie-Laure Faure, représentante de la deuxième génération familiale, porte le développement et la dynamisation de ces valeurs. Au sein de locaux aménagés avec l’exigence du respect du bien-être prégnant dès le hall d’entrée. Grand espace aéré où résonnent les “bonjour” de chaque employé. Ces derniers, guidés vers leurs bureaux de verre ou aspirés par les nouveaux espaces communs -où se mêlent détente et networking- deviennent partenaires d’une volonté qui les dépasse sans les écraser.
En guise d’apéritif au Brunch, les participants à la table ronde savourent l’arôme émouvant du clip de présentation de l’entreprise. Entraide, sourires forment autour d’un collectif une idée phare : “ensemble, rien ne peut nous arrêter”. L’effervescence est palpable, la promesse est belle à soulever mais lourde à porter. “Les valeurs constituent le ciment, l’ADN de l’entreprise, son état d’esprit", explique Marie-Laure Faure. “Tout ça se travaille, s’entretient". Trois valeurs se dégagent, retenues par les salariés eux-mêmes : confiance, performance, ouverture. Une toile de fond avec comme fil conducteur, le travail. Jean-Pierre Houppe, médecin spécialiste en cardiologie-affection cardio-vasculaire et formateur des médecins du travail, confirme. “La valeur travail est pour moi fondamentale (...) Le stress au travail reste la troisième cause des infarctus". Derrière le travail, l’impératif est la performance. Alors comment conjuguer bien être et performance ? “Le changement puis le développement commencent par soi". Prévient Jean-Pierre Houppe. “Quelle est l’entreprise la plus performante au monde ? Apple, Google, FM Logistic ? Non, c’est moi". Un corps marcherait alors comme une entreprise. L’information remonte, et l’intelligence circule.
Olivier Dury, directeur du secteur enfance de la fondation Vincent de Paul, tente d’installer ce processus au sein d’une économie sociale et solidaire. “Il existe parfois des décalages entre les intentions et la réalité (...) Au sein de l’organisation, on développe une transversalité. On part de l’ADN de l’entreprise avant de remonter aux valeurs. Le sens vient de l’engagement”. La tâche la plus complexe étant peut-être celle de s’adapter à chaque organisation. S’aligner, trouver du sens dans nos tâches, intégrer ses propres valeurs au sein d’une entreprise représentent un long travail d’introspection. “Quand les épaules bloquent dans les couloirs, c’est qu’il y a un problème d’alignement”, témoigne Alexandre Merlot, gérant et responsable d’études en ingénierie structure dans la société Cube Ingénierie. “Qu’est-ce qu’on est vraiment ?” Continue-t-il. “S’aligner, c’est se libérer du regard des autres pour enfin vivre avec soi-même".
Viser le bien être n’est pas une mince affaire, ni des paroles en l’air. L’objectif nécessite une prise de distance avec le cadre qui nous enferme. Une respiration. Françoise Markun, chanteuse et comédienne, saisit l’instant pour figer l’impératif et le percevoir de manière simple. Par le biais d’un exercice pratique élémentaire, elle focalise l’attention des participants sur leur souffle. “Le chant collectif permet d’accorder les tonalités, de s’ajuster à la note des autres”. La respiration abdominale pour fluidifier la connexion entre le cœur et le cerveau. Jean-Pierre Houppe renchérit cette pratique “En travaillant sur la respiration, on améliore les paramètres de santé. Il suffit de 5 minutes, 3 fois par jour”. Le lien est fait. Entre le cerveau et le cœur, entre le corps et l’esprit. L’entreprise, pour devenir humaniste, doit, au-delà de l’écoute, considérer les émotions de ses composantes et protéger le corps pour alimenter l’esprit ; car si l’argent ne fait pas le bonheur au travail, la recherche du bien être représente une vraie tâche, et son entretien un réel investissement.
Pour tout renseignement complémentaire, contactez Morgane STEFAN : morgane.stefan@univ-lorraine.fr ou à l'adresse suivante : lebrunch-contact@univ-lorraine.fr
Article rédigé par Alexandre POUPENEY, en 1ère année de Master "Documentation numérique", en charge de la digitalisation du Brunch (Mail : alexandre.poupeney3@etu.univ-lorraine.fr)
Photographies et captation par Hugo COHEN et Jean MARQUES, Étudiants à l'IECA.
Dessins réalisés par Catherine CRÉHANGE, Illustratrice de propos.