Factuel part à la rencontre des premiers doctorants recrutés dans le cadre de l’initiative « Lorraine Université d’Excellence ». Rencontre avec Faustine Gomand qui effectue sa thèse au sein du laboratoire LIBIO (et au sein de l’école doctorale RP2E) sous la direction de Claire Gaiani et Frédéric Borges.
Quel a été votre parcours avant de démarrer ce doctorat au sein de Lorraine Université d’Excellence ?
Après deux ans de classes préparatoires, j’ai intégré Montpellier SupAgro, une grande école d’ingénieurs agronomes, où je suis restée 4 ans. Mon parcours pluridisciplinaire est atypique, car j’ai choisi d’exercer dans des domaines très variés, comme la foresterie, l’architecture, l’agronomie et l’agroalimentaire. Mes expériences dans ces différents secteurs m’ont permis de développer mon adaptabilité en interagissant à l’interface de professions complémentaires. J’ai également souhaité donner à mon cursus une orientation internationale à travers plusieurs mobilités, que j’ai effectuées notamment Etats-Unis, à la fois sous forme de semestres académiques et de stages. En dernière année d’ingénieure agronome, je me suis spécialisée en R&D en nutrition-santé, et ai effectué un stage de six mois en Belgique, sur un sujet de développement-produit en nutrition médicale au sein du centre d’expertise du leader mondial de la gélatine, Rousselot. Je souhaitais poursuivre en thèse sur un sujet hybride entre alimentation et santé, avec une ouverture sur l’international, ce qui m’a conduit à m’inscrire en doctorat LUE au sein du LIBio, à l’université de Lorraine.
Pouvez-vous résumer en quelques mots le sujet de votre thèse pour des non spécialistes du domaine ?
Je travaille sur le comportement au sein de l’aliment des bactéries à effet santé, dites bactéries « probiotiques ». Afin de pouvoir apporter un bénéfice santé à leur hôte, ces bactéries doivent arriver à la fois vivantes et fonctionnelles dans l’intestin. Elles doivent donc être protégées durant les étapes de stockage et préservées jusqu’à leur libération dans le tube digestif. Etudier la répartition spatiale et temporelle des bactéries au sein d’aliments en cours de structuration, comme le fromage ou le yaourt lors de la gélification, permettra de prédire leur disponibilité au sein de l’aliment et leur accessibilité lors de la digestion. Des bactéries bien réparties dans l’aliment et suffisamment « prisonnières » d’une matrice alimentaire pour ne pas être impactées par l’étape gastrique seront susceptibles de pouvoir interagir avec l’intestin pour prodiguer leur effet santé à l’hôte. Je travaille essentiellement sur les bactéries lactiques (Lactic Acid Bacteria) et les aliments laitiers.
Concrètement, par quoi avez-vous commencé votre travail de recherche à votre arrivée ?
Mon sujet de thèse s’inscrit dans la lignée des travaux de thèse de Jennifer Burgain et Justine Guérin, qui ont également effectué leur thèse au LIBio. J’ai débuté en octobre 2016 par la rédaction d’une revue bibliographique sur l’influence de la matrice alimentaire sur la viabilité et la fonctionnalité des bactéries probiotiques, visant à fournir des recommandations pour optimiser la conception de futurs aliments fonctionnels. Ma revue a été acceptée au sein du journal Annual Review of Food Science and Technology. En parallèle, j’ai développé et validé expérimentalement une méthode de criblage haut-débit qui me permettra de classifier les souches bactériennes en fonction de leur affinité pour différents composants laitiers d’intérêt. Cette méthode fait l’objet d’un article actuellement en cours de rédaction. J’ai également remporté le concours national Fulbright qui me permettra d’effectuer une partie de ma thèse aux Etats-Unis, où je partirai 9 mois lors de ma deuxième année pour travailler au sein d’un laboratoire partenaire à l’Université du Wisconsin-Madison sur des problématiques de modélisation mathématique et mise en équation du mouvement bactérien au sein d’aliments en cours de structuration.
Comment cette thèse s’inscrit-elle dans un défi sociétal de Lorraine Université d’Excellence ?
Ma thèse s’inscrit dans l’axe 5 des défis LUE, "l’ingénierie au service de la santé et du vieillissement". En effet, mes travaux visent à terme à optimiser les effets santé que peuvent prodiguer les bactéries probiotiques à l’homme. Les populations fragiles, telles que les personnes âgées, représentent une part importante de la demande concernant les produits alimentaires à visée santé. Ces populations sont donc d’autant plus concernées par les résultats qui ressortiront de mes recherches.
Comment pourriez-vous qualifier l’accueil qui vous a été réservé en Lorraine ?
J’ai été très bien accueillie à Nancy, le LIBio est un laboratoire dynamique et l’atmosphère de travail y est très agréable. J’ai la chance de pouvoir travailler avec Justine et Jennifer, dont je poursuis les travaux de recherche, ce qui donne lieu à des discussions enrichissantes et permet de faire avancer mon projet plus rapidement que si j’avais dû le débuter seule. J’apprécie beaucoup la vie étudiante à Nancy, et en particulier la vie sportive à travers le SUAPS, où j’ai vraiment l’impression d’avoir trouvé une seconde famille.