« 1617 - La poudre noire dans les mines ducales du Thillot, études archéologiques d’une révolution technique en Europe ».
Le conférencier, Francis PIERRE est président de la Société d’Étude et de Sauvegarde des Anciennes Mines du THILLOT, membre de l’Académie Lorraine des Sciences et chercheur associé au Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris, Université de Paris I, UMR 8589 CNRS- Panthéon-Sorbonne.
Cette conférence est donnée dans le cadre des manifestations de commémoration de la première utilisation de la poudre noire dans les mines du Thillot, il y a quatre cents ans.
Elle vise à préciser comment la recherche historique et les résultats archéologiques de la Société d’ Étude et de Sauvegarde des Anciennes Mines ont mis en évidence la place majeure des mines du Thillot dans l’histoire mondiale des techniques, comment ils ont permis de révéler et de comprendre les techniques mises en œuvre, grâce aux traces laissées sur les parois des galeries et aux objets exceptionnels découverts.
Les documents comptables des mines de cuivre du Thillot, dans le Ban de Ramonchamp conservés à Nancy aux Archives départementales, mentionnent pour le quatrième trimestre de l’année 1617, le premier enregistrement de l’achat d’une petite quantité de poudre noire pour un usage inhabituel. Ce document, retrouvé en 1988, précise sans ambiguïté une utilisation de la poudre en mine pour faire sauter la roche.
En 1617, c’est un événement, une évolution, si ce n’est une révolution technique. En effet, le percement de la roche est jusqu’alors manuel avec des outils en fer et acier.
À partir de cette date, la méthode évoluera et deviendra systématique au Thillot, Or en Europe la date de cette première utilisation de la poudre à canon, reconnue par les historiens était jusqu’alors 1627, attribuée au district minier de Schemnitz (en Slovaquie actuellement).
Les recherches archéologiques au Thillot ont révélé les changements techniques, trouvé les sites miniers témoins de ces changements qui sont protégés maintenant au titre des Monuments Historiques, et finalement mis au jour les nouveaux outils particuliers utilisés au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Tout ceci constitue un ensemble exceptionnel reconnu à l’échelle européenne. La valeur de ce patrimoine sera mise en lumière lors des manifestations de 2017, avec l’accès, lors des Journées Européennes du Patrimoine, à une galerie de mine exceptionnelle, témoin des débuts de la poudre, dont les parois ont enregistré les traces d’outils et dont l’architecture témoigne des gestes des mineurs.