Unité d’enseignement libre « Défense et Sécurité Nationales » à l’Université de Lorraine : « des étudiants avec une véritable maturité »

 
Publié le 25/04/2017

L’Université de Lorraine dispensait pour la première fois deux unités d’enseignement libre « Défense et Sécurité Nationales » à Nancy, et « Eléments de Défense et de Sécurité en France » à Metz. Elles ont été co-construites sous la conduite de Eddy BAJIC, Chargé de Mission Défense et Sécurité, avec les partenaires du Trinôme académique Lorraine (état major des armées à Metz, IHEDN, Gendarmerie). Achevées le 31 mars dernier, 27 heures de formation ont ainsi été délivrées aux étudiants, pour aborder des thèmes aussi variés que l’organisation territoriale inter-armée de défense en France, le renseignement national ou les cyber-menaces. L’UL est parmi les premières universités françaises à mettre en place ce type d’enseignement, qui s’inscrit dans le protocole d’accord signé en 2012 entre MENESR et les Ministères de la Défense et de l’Intérieur.

Les UEL Défense et Sécurité, organisées en cycle de conférences, ont connu un grand succès avec 125 inscrits en 2ème année de licence à Nancy et 70 à Metz.

Le Général Jean Louis PACAGNINI, gouverneur militaire de Metz, et Officier Général de la Zone de Défense Est, a ouvert la formation sur Metz. Factuel a rencontré le Colonel Jean-Marc REGNIER, commandant de la base de défense de Nancy et délégué militaire départemental de Meurthe et Moselle, qui a ouvert la formation à Nancy par une conférence intitulée « Les Acteurs et la Politique de Défense Globale, le Livre Blanc de la Défense ».

Comment jugez-vous l’intérêt de diffuser une culture de la défense et de la sécurité nationale à des étudiants ?

Tout d’abord, la culture de la défense concerne tous les français et notamment les jeunes qui comme tous citoyens français doivent être sensibilisés à ces questions portant sur la défense, « la première raison de l’Etat » selon le général De Gaulle. Enfin il est important qu’ils connaissent l’environnement dans lequel ils évoluent aujourd’hui et demain. Ils seront confrontés à des problèmes de défense. On rapproche souvent la défense à l’action militaire, mais la défense est une question globale qui touche tous les secteurs d’activité de la société, la défense économique par exemple. Mon intervention allait dans ce sens, celui de décrire le contexte dans lequel la France évolue, les menaces auxquelles elle est confrontée et les risques auxquels elle doit faire face et bien sûr les réponses qui leur sont apportées. Dans cette unité d’enseignement libre, nous abordons davantage les réponses apportées sur le plan militaire mais sans faire abstraction des autres éléments de réponses qui peuvent être apportées par ailleurs. C’est ce que les anglo-saxons appellent la comprehensive approach.

Que souhaitez-vous que les étudiants retiennent de cette unité d’enseignement libre ?

Comme je viens de l’exposer, si la réponse militaire est nécessaire, elle n’est jamais suffisante pour répondre au règlement d’une crise ou d’un conflit. La diplomatie, l’économie, la politique, les aspects financiers ou encore l’éducation sont autant de leviers qui peuvent être activés. Ces différentes facettes sont interconnectées, elles ont des implications en termes de défenses. ONG, associations humanitaires, systèmes éducatifs peuvent apporter des réponses à une instabilité. Un autre point essentiel à avoir à l’esprit, c’est l’équilibre du fonctionnement de la société. Il doit toujours être maintenu. Lorsque l’on apporte une aide à un pays, il faut faire en sorte que cette aide ne déséquilibre pas la société en créant des situations anormales. Par exemple, lorsque dans un pays étranger vous faites appel à une main d’œuvre locale, il faut veiller à ne pas créer de déséquilibre. Pour le module qui me concerne, ce sont ces éléments que je souhaiterais que les étudiants intègrent. D’autres modules sont consacrés à l’action des forces armées sur le territoire national, aux opérations extérieures puis sur la planification de l’action de la défense et sur les milieux investis par cette action, comme le cyber espace.

Comment avez-vous trouvé l’attitude de ces étudiants pendant ce premier cours ?

Je suis habitué à intervenir devant des étudiants militaires, mais c’est en effet la première fois que j’intervenais devant des étudiants civils. J’ai trouvé ces jeunes très attentifs et intéressés malgré l’aridité du sujet, nous parlons ici de choses graves. On sent chez eux une véritable maturité avec une acuité particulière. Cela se ressent dans la pertinence des questions qu’ils posent. Leur réflexion sur ces sujets est déjà très aboutie.

Quels enjeux ces coopérations impliquent-t-elles pour les armées ?

Au-delà de la diffusion de la culture de la défense, les armées ont l’obligation de communiquer, de faire savoir ce qui est fait en matière de défense pour avoir la compréhension et l’adhésion de la société. Les étudiants sont par ailleurs aussi des contribuables. Ils doivent savoir comment est utilisé l’argent public attribué à la défense nationale.

Sous quelles formes cette coopération avec l’université doit elle se développer ?

Sur les questions de défense, on peut imaginer développer certaines problématiques un peu plus tard dans leur cursus et de manière plus détaillée. Le droit des conflits armés est un domaine à part entière qui nécessiterait que l’on s’y attarde quelques temps. De la même manière, le développement de programmes d’armements est très technique et pourrait occuper un autre module de formation. Tous ces sujets sont survolés dans l’unité d’enseignement libre en cours mais pourraient prendre d’autres formes.

L’Unité d’Enseignement Libre vue par deux étudiants

A la sortie du dernier cours, nous avons interrogés deux étudiants, un garçon et une fille, en 2ème année de droit. Leur intérêt pour les questions de sécurité-défense est avéré, l’un d’eux envisage même sa poursuite d’étude dans ce domaine. Et si l’intervention de militaires lors de cette UEL ne les pas surpris outre-mesure, voire même les a enchanté par la transmission de leur passion, ils retiendront « l’approfondissement » autour de sujets comment les missions de la gendarmerie ou la cyber-défense, et ils ressortent confortés sur « l’intérêt que la jeunesse doit porter aux questions de sécurité défense ». Et lorsqu’on leur demande s’ils recommanderaient cette UEL à leurs camarades étudiante, c’est sans hésitation qu’ils répondent « oui, évidemment ».

Les intervenants militaires ont exploités l’Espace Numérique de Travail ENT pour mettre à disposition des étudiants plusieurs présentations et de nombreux documents en supports à leurs interventions. L’évaluation terminal de l’UEL est réalisée par un QCM visant à évaluer le niveau d’information et de compréhension des sujets majeurs par les étudiants.

Les unités d’enseignement libre ont pour but de permettre aux étudiants de toutes disciplines qui le souhaitent de compléter leur culture générale et citoyenne en prolongeant, en licence, le « parcours de citoyenneté » institué par la loi de 1997 portant réforme du service national. Les universités étaient, selon l’enquête effectuée auprès des établissements, 34 en 2012-2013, contre 27 en 2011-2012 à proposer ce parcours.