D’origine suisse-allemande, Evelyn Füri a rejoint le centre de recherches pétrographiques et géochimiques (CRPG, une UMR CNRS) en 2010 après sa thèse effectuée à San Diego (USA). Elle étudiait les éléments volatiles (gaz rares, dioxyde de carbone) présents dans le manteau terrestre, elle travaille désormais sur des échantillons extraterrestres. « C’est fascinant tout ce qui est spatial » sourit celle qui a d’abord travaillé sur les volcans parce qu’elle trouvait ça « cool ».
D’où vient l’eau de la planète Terre ?
Ces dernières années, les chercheurs s’intéressent de près à des échantillons prélevés pour certains il y a cinquante ans sur la lune, ou en provenance de météorites et de comètes. Des technologies récentes ont permis de déceler de l’eau et des éléments volatiles dans ces échantillons que l’on croyait secs. Outre l’étude systématique au moyen des techniques contemporaines, des méthodes de pointe restent à développer pour aller encore plus loin dans la compréhension de l’origine de l’eau (et donc de la vie) sur Terre.
Grâce à une bourse de l’European Research Council (ERC) Evelyn Füri peut donner une nouvelle dimension à ses recherches : « nous allons pouvoir financer deux thèses et un post-doctorat en plus du salaire des chercheurs qui travailleront sur le projet durant 5 ans ». A ces moyens humains s’ajoute l’entretien des équipements de recherche et l’achat de matériel pour la nouvelle salle dédiée à la cosmochimie. Bien que la bourse de l’ERC soit attribuée à un chercheur, elle bénéficie à tout un laboratoire.
Convaincre en 5 minutes
Pour faire partie des heureux élus de l’ERC (un peu plus d’un projet sur dix est retenu), il faut se plier à une sélection drastique. Si le résumé initial du projet est retenu, le projet est évalué dans son intégralité par huit chercheurs externes avant que les candidats ne soient auditionnés. « Il faut convaincre en 5 minutes de présentation et 20 minutes de questions, c’est un exercice auquel on n’est pas habitué » témoigne Evelyn Füri. A la clé, jusqu’à 1,5 millions d’euros sur 5 ans.
« Le fait que ma candidature soit positionnée au CRPG a été un atout de taille » constate la chercheuse, « ici nous avons accès à la fois au laboratoire de gaz rares et à la sonde ionique, c’est un atout précieux ». Pour Evelyn Füri, cette bourse est l’opportunité de faire de nouvelles découvertes. « On ne s’intéressait plus trop à la lune, peut-être trouverons-nous matière à relancer des missions d’échantillonnage » espère-t-elle.