Benjamin Meyer, doctorant dans l'équipe Théorie-Modélisation-Simulation (SRSMC), a réussi à déjouer tous les pronostics en décrochant le 30 novembre dernier en Malaisie, la médaille de Bronze aux Championnats du Monde de Cycle-Balle avec son co-équipé Quentin Seyfried. Cela faisait 51 ans que le Cyclisme Français n'avait plus décroché une médaille dans cette discipline très populaire en Allemagne, Autriche ou en Belgique mais encore méconnue par le public français malgré son ancienneté.
Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce qu'est le cycle-balle ? Pourquoi avoir choisi ce sport pour faire de la compétition ?
BM : Le cycle-balle est un sport proche du football mais joué sur des vélos, opposant des équipes de deux cyclistes. Ce sport se pratique en salle sur un terrain qui fait la taille d'un terrain de volley entouré par des planches de 30 cm de haut et de buts légèrement plus petits que ceux du handball. Les équipes s’affrontent pendant deux mi-temps de 7 minutes. C'est un sport qui demande beaucoup d'agilité car la balle ne peut être contrôlée que par le vélo ou la tête, à part lorsque l'on défend le but. Je pratique cette discipline depuis de nombreuses années (virus refilé par mes parents) mais je joue en équipe nationale que depuis 2010 suite à l'ouverture d'un Pôle France au CREPS de Strasbourg.
Vous vous entraînez dans le club vélo de Dorlisheim en Alsace, pas très pratique en terme de logistique surtout pour pratiquer un sport d'équipe ? Comment faites-vous ?
BM : Effectivement depuis mon arrivée en Lorraine, la problématique des entraînements est devenu plus sensible. Il n'existe qu'un seul club de cycle-balle dans la région et il est situé à Rombas (Moselle). J'ai donc dû improviser et pendant 15 mois j'ai expérimenté différentes alternatives : m’entraîner seul dans un gymnase prêté par la commune de Villers-les-Nancy, m’entraîner avec l'équipe de Rombas ... Au final j'ai décidé de pratiquer la semaine au gré de mon planning : la course à pied, la natation, la musculation ou le vélo sur route et de m’entraîner avec Quentin, mon co-équiper dans notre club le week-end lorsque je rentre.
Comment fait-on pour être à la fois sportif de haut niveau et finaliser un Doctorat en Chimie Théorique ?
BM : Assez simplement, la semaine je me consacre aux études et le week-end à l'entrainement et aux matchs. Globalement, j'arrive bien à faire co-exister mes deux activités, ça devient plus délicat lorsque je dois me déplacer pour disputer des compétitions à l’étranger, mais mes responsables hiérarchiques ont toujours été assez compréhensifs.
Avez-vous bénéficié du statut de sportif de haut niveau mis en place par l'Université de Lorraine ?
BM : Je n'ai jamais voulu demander de statut SHN au cours de mon cursus universitaire. Il m'aurait probablement servi durant ma licence ou mon master... mais clairement au niveau du doctorat, je n'en ai pas besoin. J'arrive toujours à négocier mes absences avec mes directeurs de thèses et de laboratoire. Sur le plan sportif, la fédération prend en charge tout l'aspect financier.
Comment on intègre l'équipe de France ?
BM : On pourrait penser que vu le nombre de licenciés (200 en France), c'est assez facile de rentrer en équipe nationale, or ce n'est évidemment pas le cas. Tout d'abord parce qu'il faut compter plusieurs années d'apprentissage plus celles de perfectionnement technique et renforcement physique avant d'être compétitif. Ensuite pour une sélection en équipe de France, il faut passer par les sélections régionales, être dans les 2 premiers de la 2de division, gagner les matchs de barrage pour passer en 1ère division. Puis en 1ère division faire partie des 5 meilleurs équipes pour participer aux championnats de France. Les 3 meilleures équipes nationales du championnat de France intègrent le Pôle France et les deux premières intègrent les circuits de coupe du monde et la meilleure équipe française représente la France aux championnats d’Europe et du Monde.
Cela faisait 51 ans que le Cyclisme Français n'avait plus décroché une médaille en cyclisme en salle, c'était un vrai challenge pour vous ?
BM : Ca a été une vraie surprise même pour nous, on a d'ailleurs encore du mal à réaliser ... La dernière médaille française date du Championnat de Copenhague en 1964 ! Notre objectif en arrivant en Malaisie, était de rester comme nos prédécesseurs en groupe A afin de figurer parmi les 6 premières nations. Durant les 3 jours de compétition, nous avons eu la surprise de gagner contre de grosses équipes comme l'Allemagne, la République tchèque ou la Belgique.
Quels sont vos projets, vos perspectives sportives et professionnelles pour cette année 2016 ?
BM : Rester au meilleur niveau sportivement sans se mettre la pression aux prochains Championnats du Monde et passer ma thèse !
Palmarès de Benjamin Meyer :
- Triple champion de France et triple vainqueurs de la coupe de France (2013,2014,2015)
- 2ème d'une manche de Coupe du Monde à Tokyo 2011 (Japon)
- 2ème d'une manche de Coupe du Monde à Oita en 2015 (Japon)
- 5ème aux Championnats du Monde 2013 à Bâle (Suisse)
- 6ème aux Championnats du Monde 2014 à Brno (République Tchèque)
- 3ème aux Championnats du Monde 2015 à Johor Bahru (Malaisie)
Pour en savoir plus
Découvrez en images une petite démonstration de Cycle-Balle