À l'occasion de l'édition 2025 de la Fête de la science, dédiée à la thématique « Intelligence(s) », Arnaud Fischer vous convie à un programme en deux parties, intitulé « Le lourd passé de l'ordinateur ».
Le premier volet, baptisé « Des Babyloniens à Alan Turing », sera proposé le vendredi 3 octobre à 20h et le samedi 11 octobre à 14h30, en amphithéâtre n°8 du campus de sciences et technologies de Vandœuvre-lès-Nancy.
L'entrée sera gratuite dans la limite des places disponibles ; la réservation électronique à l'adresse « arnaud.fischer@univ-lorraine.fr » est obligatoire. Les inscriptions seront possibles à compter du 25 septembre 2025.
Ce premier volet fera par ailleurs l'objet d'une visioconférence sur inscription, le mercredi 15 octobre à 20h.
Les informations relatives au second volet, intitulé « Sur la voie du numérique », sont accessibles en ligne.
Le résumé de l'ensemble du programme en deux parties est le suivant :
« Qui a déjà aperçu les visages de Hewlett et Packard ou de Dell, dont les initiales ou le nom s’affichent sur nos écrans au démarrage ? Saviez-vous que le mot « ordinateur » était un clin d’œil à la théologie médiévale, proposé par un professeur de latin qui pensait employer le substantif au féminin ? Quelle était l’allure de la première souris ? Comment a-t-on pu oublier les idées visionnaires d’Otlet ou de Bush, qui, avant même le milieu du vingtième siècle, avaient imaginé des technologies annonçant l’actuel Internet, dont les abréviations (« http », « html », « www »…) nous sont parfois opaques ?
Quel rapport a entretenu l’humain avec l’artificiel, de l’époque antique, dont la mythologie était riche en créatures animées, jusqu’à la défaite du champion du monde d’échecs Kasparov contre un supercalculateur, en passant par le siècle des lumières avec ses androïdes, le romantisme et sa créature de Frankenstein, les années 1920, durant lesquelles les « robots » ont été évoqués pour la première fois au théâtre, ou la Deuxième Guerre mondiale, dont l’issue n’a pas été sans lien avec le décryptage de la machine Enigma ?
La fascination de Boole pour le système binaire, qu’avaient déjà employé Vaucanson et Jacquard dans le domaine du tissage, a converti notre univers en une alternance de 0 et de 1, et pour cause : les scientifiques des années 1930 ont cédé à la tentation de rapprocher ces deux nombres fondamentaux de l’état d’un circuit éventuellement parcouru par un courant – raison pour laquelle l’histoire des premiers calculateurs modernes se confond largement avec celle des composants électroniques, dont la spectaculaire miniaturisation, prophétisée par la loi de Moore, a permis l’avènement du microprocesseur.
Grâce à des avancées technologiques révolutionnaires, les machines pionnières, héritières des travaux de Von Neumann, et initialement partenaires des militaires et des universitaires, se sont métamorphosées afin de s'inviter toujours davantage dans notre quotidien. Tout autant que les abaques antiques, les bâtons de Napier, les règles à calcul, les machines de Pascal, Leibniz, Babbage ou Bollée, les monstrueux appareils des années 1940-1950 font aujourd’hui figure de dinosaures. Délaissant tubes cathodiques et tores de ferrite, ils ont été dotés de mémoires sans cesse plus performantes, tandis que les supports de conservation de données sont passés des cartes perforées aux bandes magnétiques, disquettes, CD-ROM, clés USB et disques externes, finalement concurrencés par le stockage en ligne.
FORTRAN, COBOL, BASIC, C, Java… pour permettre aux utilisateurs d'échanger avec ces étranges dispositifs « communicants », il a fallu inventer autant de langages. Descendante éloignée des algorithmes d’Euclide ou d’Ada Byron, devenue un enjeu économique pour les géants du commerce mondial, l’informatique implique des régions entières, à l’image de la Silicon Valley, où se concentrent d’authentiques empires gouvernés par les magnats de la technologie comme IBM, Apple et Microsoft.
En ce début du vingt-et-unième siècle, quoique réservée à deux tiers seulement de la population du globe, notre capacité inouïe à échanger l’information peut toutefois se transformer en un réel danger, ainsi qu’en témoignent les ravages causés par les cyberattaques, la mauvaise utilisation des réseaux sociaux, ou la diffusion trop rapide de rumeurs infondées. Moins de cinquante ans après la rédaction de la loi relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, notre monde numérique, au sein duquel tout semble à portée de main, est loin d’être exempt de vulnérabilités, même si le passage redouté à l’an 2000 n’a pas conduit à la catastrophe annoncée.
Depuis les origines de l’automatisme et le développement de l’horlogerie, la machine a secondé l’homme. À l’heure où l’intelligence artificielle fascine autant qu’elle effraie scientifiques et grand public, l’ordinateur s’apprête-t-il à nous égaler, voire à nous remplacer un jour ? Dans le sillage de logiciens tels Hilbert ou Gödel, curieux de savoir si un algorithme pourrait démontrer n’importe quel théorème, Turing, ainsi que les cybernéticiens des années 1950, s’était déjà posé la question…
Au fil d’une chronologie riche en surprises, penchons-nous sur l’aventure d’une technologie dont il nous serait aujourd’hui bien difficile de nous passer. Aux plus anciens, l’occasion sera ainsi offerte de se rappeler l’apparition du code-barres, de la carte à puce et du Minitel, mais aussi le plaisir procuré par des parties de jeux au graphisme d’un autre âge, tandis que les plus jeunes découvriront peut-être que les Voyages de Gulliver de Swift évoquaient déjà « yahoo », et que la technologie Bluetooth fait écho aux Vikings… »