Marie Fonteniaud : une vie au service des étudiants

 
Publié le 25/03/2025 - Mis à jour le 27/03/2025

Un engagement de 35 ans au sein du service de santé universitaire

Arrivée en 1967, Marie Fonteniaud a été la première infirmière à exercer sur le campus universitaire, à une époque où le service de santé était encore à ses balbutiements. D'abord situé rue de Bitche à Nancy, il comptait seulement une secrétaire et une assistante sociale. Avec la construction du Campus Lettres et Sciences Humaines en 1964, un nouveau service a vu le jour en 1965, marquant un tournant dans la prise en charge médicale des étudiants.

Alors infirmière de bloc opératoire, Marie exerce dans un contexte où la chirurgie connait d'importantes avancées, avec, notamment les premières opérations à cœur ouvert. Confrontée aux horaires exigeants et au rythme soutenu du milieu hospitalier, elle cherche alors un cadre plus stable et régulier pour concilier travail et vie de famille. Elle se tourne vers l’Éducation Nationale et intègre le service de santé universitaire. Tout en découvrant ses nouvelles missions, elle a su faire ses preuves pour, rapidement, prendre la responsabilité du service.

Un rôle médical et pédagogique

Si, au départ, elle pense faire une pause dans sa carrière pour se consacrer davantage à ses enfants, Marie trouve une véritable vocation au contact des étudiants. Leur soif d’apprendre et le dialogue instauré avec ces jeunes, lui apportent une satisfaction inattendue.

Ses missions sont variées : des visites médicales systématiques pour tous les étudiants aux soins de première intention, en passant par le suivi des vaccinations et l’accompagnement des étudiants en difficulté de santé, son quotidien s’avère rythmé et enrichissant. Elle participe également à la préparation des examens pour les étudiants en médecine et réalise des campagnes de prévention, notamment sur l’alimentation. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les campagnes relatives à la contraception, les MST et le SIDA ne sont pas au cœur de la santé universitaire sur le campus, bien que ces problématiques de santé publique animent alors l’actualité en ces années 70 et 80.

Une évolution des pratiques et des mentalités

Les premiers locaux du service étaient rudimentaires : le cabinet, installé sous l’escalier de l’entrée principale du campus (bâtiment A), est exigu, peu visible et ne comporte qu’une porte ainsi qu’une petite fenêtre. Elle s’en amuse et surnomme son cabinet « la cave ». Avec le temps, des aménagements sont réalisés, et en 2005, le service déménage finalement dans des locaux modernes et plus accessibles, pour devenir le Service de Santé Étudiant actuel.

Marie est aussi le témoin d'un changement de mentalités étudiantes au fil des décennies. Elle soulève notamment que l’implication des parents dans la vie universitaire de leurs enfants est récente et n’était pas aussi prégnante dans les années 80.

Autre évolution majeure : la fin des visites médicales annuelles systématiques. Autrefois, chaque étudiant était convoqué pour un bilan, ce qui permettait aux infirmiers de mieux connaître leur patientèle et d'assurer un suivi plus direct. Aujourd'hui, seuls les nouveaux inscrits bénéficient de ces consultations.

Des souvenirs marquants

Au cours de sa carrière, Marie a assisté à des moments forts de la vie universitaire. En mai 68, elle a observé les manifestations depuis son cabinet. En service restreint et donc privée des assistantes sociales, elle se retrouve seule pendant un mois complet. Cependant, les mouvements sociaux qui illustrent cette année charnière sont pacifiques sur le campus. Les étudiants n’ayant pas accès aux cours, s’occupent en jouant aux cartes, en animant des débats politiques et en organisant des moments conviviaux. Cette période, Marie la décrit comme longue pour elle qui « n’a pas eu d’ennuis mais s’ennuyait ».

Parmi les anecdotes qui ont aussi marqué sa carrière, elle se souvient d'une étudiante qui s’est enfoncé un clou dans le pied en marchant sur le campus. Elle est alors dans l’obligation d’intervenir avec une pince pour retirer le clou, profondément enfoncé au travers de sa chaussure et de son pied.

L’évènement qui a le plus marqué la mémoire de Marie est, sans aucun doute, celui où un étudiant est entré dans son cabinet pour lui déposer une arme à feu. Un camarade avait sorti cette même arme, en plein amphithéâtre, avant d’être désarmé par un autre étudiant. Elle l’a donc soigneusement mise à l’abri jusqu’à ce que la police arrive.

Un regard sur le passé et l'avenir

Aujourd'hui âgée de 83 ans et arrière-grand-mère, Marie garde un souvenir émouvant de ses années au service des étudiants. Elle se souvient de cette époque comme d’une ère où les relations étaient plus directes et le service de santé, perçu comme un lieu de confiance et d’échanges. L'esprit d'équipe et la parfaite collaboration entre tous les médecins, infirmières et secrétaires qui ont travaillé à ses côtés ont également profondément marqué son esprit.

Son engagement aura traversé des décennies de transformation, illustrant l'évolution des pratiques médicales et universitaires. Une chose est sûre : elle a laissé une empreinte durable sur la santé et la vie des étudiants qu’elle a accompagnés durant ses 35 années d’exercice sur le campus.