Astrid Pinzano et Halima Alem-Marchand, superviseuses du club ORION "What Health?" : quand interdisciplinarité et leadership féminin se rencontrent

 
Publié le 6/03/2025
Halima Alem-Marchand, Astrid Pinzano, Agathe Lemée et Magali Tirado

Interdisciplinarité, transmission et engagement : découvrez le club ORION "What Health?" à travers le regard de ses superviseuses, Astrid Pinzano et Halima Alem-Marchand. À l’occasion du 8 mars, elles partagent leur vision de la recherche, l'importance du leadership féminin en science et leur volonté d’inspirer les nouvelles générations.

Factuel : Pourquoi avoir créé un club ORION ? Pouvez-vous le présenter brièvement ?

Astrid Pinzano : Je connais Halima depuis quelques années. Elle m’a proposé de la rejoindre avec les deux doctorantes dans cette aventure. J’ai immédiatement été conquise par l’idée de créer ce club ORION avec elles. Moi qui suis chercheure EPST sans charge d’enseignement, ce club m’offrait l’opportunité de côtoyer les étudiants de Licence et de Master, de leur faire découvrir la recherche et de les aider à trouver leur voie. Notre club « What Health ? » reflète l’importance de l’interdisciplinarité en santé. En effet, les avancées en santé ne reposent pas seulement sur une expertise médicale mais nécessitent des expertises diverses. Ce sont les compétences de chacun(e) qui permettent les innovations en santé. Les thématiques actuelles de notre club incluent à la fois l’importance de la culture cellulaire, l’apport des modèles d’organes et les avancées de l’électronique pour la santé.

Halima Alem-Marchand : Effectivement, depuis quelques années, dans le cadre de mes activités interdisciplinaires entre la science des matériaux, le génie chimique et la santé, une collaboration avec les laboratoires en santé est indispensable pour faire avancer les différents projets. À travers le club « What Health ? », nous souhaitions mettre en avant, auprès des étudiants de Licence et de Master, les opportunités offertes par la recherche interdisciplinaire en santé. Il nous paraissait donc pertinent d’assurer une représentation de chacune des disciplines concernées. Notre collaboration avec Astrid, qui allie nos savoir-faire pour ouvrir de nouvelles perspectives en recherche sur la santé et les sciences des matériaux, prendra forme grâce aux étudiants que nous formons actuellement à l’UL. Le Club « What Health ? » est ainsi une belle vitrine de cette volonté d’interdisciplinarité que nous partageons avec Astrid.

Factuel : Quels modèles ou figures féminines ont influencé votre parcours dans la recherche ? Pourquoi ?

Astrid : Des modèles ou des figures féminines, j’en ai rencontré beaucoup pendant mon parcours. Je ne pourrai pas vous en citer une tout particulièrement qui a influencé mon parcours. Ce ne serait pas juste. J’estime qu’elles ont toutes eu de l’importance. Elles m’ont apporté l’espoir, le courage, et la force. Ce sont des parcours longs et qui ne s’arrêtent pas réellement. L’apprentissage, c’est tous les jours et les défis sont de haut niveau, tout en alliant sa vie de famille. Ce n’est pas facile tous les jours !!!

Halima : Lorsqu’on est une scientifique, de nombreuses femmes citent Marie Curie. Bien évidemment, elle est une figure incontournable, une femme d’exception qui a énormément apporté à la science et à la place des femmes dans ce domaine, à une époque où elles étaient peu mises en avant. Parmi les figures connues, je citerais volontiers Simone Veil. Elle reste pour moi un modèle de femme forte qui, malgré son vécu et les nombreuses oppositions auxquelles elle a dû faire face, a toujours su les surmonter pour atteindre ses objectifs. Je demeure une grande admiratrice de cette immense dame. Par ailleurs, dans mon entourage proche, j’admire plusieurs femmes pour différentes raisons. Leur point commun ? Une résilience parfois, mais surtout une intelligence et une énergie impressionnantes qui leur permettent d’atteindre leurs objectifs.

Factuel : Votre club est la définition du "girl power" (leadership féminin). Comment cela influence-t-il vos projets et vos membres ?

Astrid : Même si notre club est managé par de femmes, beaucoup d’hommes sont membres de notre club. Nos projets s’articulent tout d’abord autour d’une passion qui est la science. Par contre, il est vrai que nous avons souhaité créer un évènement annuel récurrent sous forme d’une table ronde dédiée à la femme basée sur des témoignages de femmes scientifiques afin d’échanger sur leurs carrières, les obstacles rencontrées, mais également sur leur place dans un univers plutôt masculin. L’objectif étant de rassurer et de susciter des vocations.

Halima : Je souscris entièrement à ce que dit Astrid : notre club n’est pas réservé aux femmes, bien au contraire. Cependant, l’intérêt pour les sciences reste encore déséquilibré en termes de répartition hommes/femmes. Nous souhaitons rappeler aux jeunes filles qu’elles ont toute leur place dans les disciplines scientifiques et espérons que ce message sera entendu par toutes les générations.

Factuel : Quels sont vos conseils pour sensibiliser & inciter les jeunes femmes à choisir une carrière scientifique ?

Astrid :  La recherche est une passion. Réaliser une carrière scientifique, c’est un moyen d’apporter sa pierre à l’édifice aux grands défis de la science et de la santé. Les métiers de la recherche sont très intéressants, captivants et riches en émotion. Il y a toujours de nouveaux objectifs, de nouveaux résultats, des réussites mais également parfois des échecs comme dans notre vie. Pratiquer ces métiers est un moyen d’innover et de ne pas rester dans sa zone de confort. N’hésitez pas à vous investir dans ces métiers de passion.

Halima : Le métier de chercheur est une véritable passion, offrant la possibilité de travailler sur des sujets que nous choisissons (sous réserve de financement, bien sûr !) afin d’apporter un savoir nouveau à l’échelle mondiale. C’est un privilège, mais aussi une grande responsabilité. C’est cette passion et cet engagement que nous souhaitons transmettre aux générations futures.

Factuel : Pouvez-vous nous parler de l’importance du rôle des femmes dans la recherche ?

Astrid :  Nous ne devrions pas avoir à nous poser la question. Le rôle de chacun est important et ne devrait être pas se différencier de celui des hommes. Les femmes et les hommes ont pour rôle de relever ensemble les défis de la recherche. Il est vrai que les femmes doivent souvent faire leur place dans la recherche et prouver qu’elles parviennent à mener de front leur vie professionnelle et leur vie familiale. Nous comptons sur la nouvelle génération pour faire évoluer les esprits et réduire encore les inégalités.

Halima :  Je suis tout à fait d’accord avec Astrid. À terme, j’aimerais que nous n’ayons plus à nous demander si les femmes ou les hommes ont un rôle plus important à jouer. Mettre davantage les femmes en avant reviendrait encore à souligner que les contributions scientifiques dépendent du genre, ce qui, à mon sens, est totalement absurde. Il est vrai que la proportion de femmes dans l’enseignement supérieur et la recherche industrielle reste encore en notre défaveur, mais nous comptons sur les générations à venir pour réduire cet écart. Il y a 20, 30, voire 50 ans, les femmes étaient élevées dans l’idée qu’elles devaient tenir un foyer et élever des enfants, avec peu de droits (rappelons qu’autrefois, une femme ne pouvait même pas ouvrir un compte en banque à son nom, entre autres restrictions). Elles étaient alors limitées dans leurs choix et souvent « prisonnières » d’un avenir qu’elles ne souhaitaient peut-être pas. Mais les temps ont changé, les mentalités ont évolué. Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de familles où les responsabilités s’équilibrent. C’est pourquoi j’entrevois un avenir plus prometteur en matière d’égalité entre les hommes et les femmes. J’espère qu’un jour, nous n’aurons plus à nous poser la question du genre et de son impact sur la science. L’enjeu ne devrait pas être de savoir qui contribue le plus, mais plutôt ce que l’ensemble des chercheurs, qu’ils soient issus du monde académique ou industriel, continueront à apporter pour relever les nombreux défis à venir.

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