[3 questions à] Etienne Gravier, nouveau président de la Fédération de Recherche sur la Fusion par Confinement Magnétique - ITER

 
Publié le 13/01/2025

Etienne Gravier, professeur à l'Université de Lorraine au sein de l’Institut Jean Lamour (CNRS, Université de Lorraine) et enseignant à la Faculté des Sciences et Technologies, a récemment été élu à la présidence de la Fédération de Recherche sur la Fusion par Confinement Magnétique (FR-FCM ITER), une structure nationale chargée de coordonner les recherches autour de cette thématique, et dont l’Université de Lorraine est membre fondateur.

Pouvez-vous nous présenter l’objet de cette fédération ?

Cette fédération est chargée de coordonner les recherches en France autour de la fusion par confinement magnétique afin de préparer l’exploitation scientifique d’ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor), actuellement en construction à Cadarache. L’objectif d’ITER est de reproduire sur Terre le mécanisme à l’œuvre dans les étoiles : faire fusionner des noyaux d’hydrogène afin de libérer de l’énergie, cette énergie pouvant être alors convertie en électricité comme dans une centrale classique. L’avantage d’une telle source d’énergie est sa matière première quasi-inépuisable, son caractère très peu polluant comparé aux autres sources actuellement utilisées telles que le charbon ou l’uranium. Mais la fusion des noyaux est difficile à réaliser : jusqu’à présent il a fallu injecter plus d’énergie pour faire fonctionner les réacteurs existants qu’il n’a été possible d’en produire. Cependant le réacteur ITER doit montrer qu’un rendement positif est possible.

Quel est son contour, quelle est votre contribution et plus largement la contribution de l’Institut Jean Lamour au sein de cette fédération ?

L’UL et l’Institut Jean Lamour sont membres fondateurs de cette fédération, avec le CEA, le CNRS, Aix-Marseille-Université, et l’Institut Polytechnique de Paris. Une vingtaine d’autres universités françaises sont associées. L’institut de recherche sur la fusion magnétique du CEA est un acteur majeur de la fusion en France, mais parmi les établissements historiquement et significativement engagés se trouve l’UL. Pour la recherche, l’Institut Jean Lamour développe des activités à la fois théoriques, de modélisation, et expérimentales. Un dispositif d’envergure, baptisé SPEKTRE, est en cours d’installation, avec pour objectif de produire un premier plasma dès ce premier semestre 2025. Pour la formation, la Faculté des Sciences et Technologies et l’IJL portent un parcours de master M2 intitulé Physique des Plasmas et Energie de Fusion, ainsi qu’un parcours Erasmus-Mundus Fusion, participant ainsi à la formation d’étudiantes et étudiants dans ce domaine.

Quel est son fonctionnement, quel sera votre rôle en tant que président et quelle prospective envisagez-vous ?

Son budget annuel est d’environ 19 M€, dont 12 M€ permettent au Tokamak WEST du CEA de fonctionner et préparer la mise en service expérimentale d’ITER. Le reste est réparti parmi les acteurs académiques pour soutenir des programmes de recherche. Le financement provient essentiellement de l’Europe, avec aussi un engagement important du CNRS. La fédération coordonne et transmet la réponse aux appels à projets européens, très importants dans ce contexte international autour d’ITER. La fédération finance également par appels à projets les équipes de la fédération. L’objectif de la fédération, de son directeur et de son président, est ainsi de favoriser et encourager les collaborations, d’identifier en France les compétences susceptibles d’apporter une contribution importante aux recherches sur la fusion, de veiller aux équilibres entre les différentes partenaires, et de représenter cette communauté auprès des organismes scientifiques et politiques.