Tous deux impliqués dans le PEPR (programme et équipement prioritaire de recherche) « Industries culturelles et créatives : action, recherche, expérimentation » (ICCARE), Hélène Delacour du CEREFIGE et Gilles Simon du Loria (CNRS, Université de Lorraine, Inria, Centrale Supélec) répondent aux questions de Factuel pour présenter les orientations du programme et les opportunités qu'il proposera bientôt aux chercheurs.
Factuel - Pourriez-vous présenter le PEPR ICCARE ? Quelles sont ses ambitions ? Que peuvent en espérer les chercheurs ?
Considérant que le marché de la culture et de la création est encore aujourd’hui relativement distant des potentiels de développement offerts par la recherche, le PEPPR ICCARE, soutenu par le CNRS, a pour objectif de créer une « équipe de France » composée de chercheurs et enseignants-chercheurs compétents sur les objectifs du programme, de l’animer de manière intense (trois cents « journées d’accélération » en six ans) et de la faire dialoguer avec les communautés professionnelles issues des Industries Culturelle et Créatives (ICC) à toutes les étapes du processus de recherche.
Concernant la recherche, les objectifs sont plus précisément de :
- renforcer les liens entre les acteurs de la recherche, au sens interdisciplinaire, et les acteurs des ICC autour des plateformes et équipements immersifs de l’Enseignement supérieur et de la recherche ;
- de constituer un pôle d’expertise sur la qualité des données des ICC françaises ;
- de soutenir les initiatives de recherche les plus structurantes et à forte ambition transdisciplinaire en direction des ICC.
Concernant les communautés professionnelles, il s’agit de créer les conditions d’une rencontre et d’un dialogique soutenu entre la recherche et les ICC, dans une démarche de co-construction, de co-réalisation et de co-valorisation, afin de générer de nouvelles connaissances avec et pour les ICC. Cela permettra aussi de répondre aux besoins d’accélération des ICC.
Pour répondre à ces objectifs ambitieux, un AAP au fil de l’eau pour des « petits projets » (50 000 € max) sera lancé afin d’encourager les interactions entre recherche/création ou à permettre d’amorcer la structuration de projets de nature plus ambitieuse. Parallèlement, des financements de contrats doctoraux, post-doctoraux et d’ingénieurs sont notamment envisagés.
Quel est le rôle de l’ICCARE-Lab dont vous faites partie des coordinateurs ?
En tant que co-coordinateurs de deux des 10 équipes projet, « Arts de vivre » (Hélène) et « Musée et Patrimoine » (Gilles), notre rôle au sein de l’ICCARE-Lab, doté d’un budget de 12 M€ et déployé pour une durée de six ans, est multiple. Au sein de notre équipe, nous avons pour mission de (1) cartographier l’ensemble des forces de recherche ainsi que les communautés professionnelles susceptibles d’être intéressés par les actions du PEPR au sein de notre secteur ; (2) d’assurer de manière continue durant toute la durée du programme une mission de veille et de prospective destinée à identifier les grandes problématiques en lien avec le secteur pouvant faire l’objet de questions de recherche ; (3) d’animer de manière soutenue les réflexions autour de chaque secteur au moyen de « journées d’accélération » ; (4) d’ accompagner la création de structures mixtes recherche/ICC au sein des grands centres nationaux ou de renforcer la dynamique lorsqu’elle existe déjà.
Tous les secteurs de l’ICCARE-Lab s’articuleront étroitement avec six projets thématiques transversaux (appelés « projets ciblés » et également dotés de 12 M€ pour l’ensemble), consacrés à la création à l’heure de la transition numérique et de l’intelligence artificielle, à toucher les publics, aux crises, aux alternatives culturelles et créatives et aux univers métaversiques.
Quels exemples de questions de recherche comptez-vous traiter dans les thèmes dont vous vous occupez ?
Hélène (Arts de vivre)
L’ « art de vivre » est l’un des principaux domaines d’activité qui contribuent au rayonnement culturel de la France et en font une vitrine mondiale. Une expression comme l’ « art de vivre à la française » désigne non seulement la gastronomie et l’œnologie, mais aussi l’univers de l’hôtellerie et de l’hospitalité ainsi que l’ensemble des sphères du luxe (joaillerie, parfumerie, art du verre, etc.). Bien qu’il renvoie historiquement à des activités artistiques et artisanales, ce domaine qu’est l’art de vivre se déploie dans les ICC toujours plus puissantes qui ne cessent de se réinventer. Bénéficiant d’une reconnaissance culturelle et patrimoniale internationale solidement établie, le domaine des arts de vivre se trouve au centre d’enjeux économiques et symboliques majeurs, en résonance également avec les grandes transitions sociales, environnementales et technologiques actuelles : la recherche de l’innovation, le souci de la durabilité, de même que le ré-ancrage dans les territoires sont autant d’enjeux et de comme priorités nouvelles auxquels nous proposons de répondre.
Gilles (Musée/Patrimoine)
Le patrimoine culturel renvoie à l’ensemble des choses que l’on estime collectivement devoir conserver. Le secteur « Musées et patrimoine » concerne donc l’ensemble des organisations, lieux, métiers, acteurs qui œuvrent à la conservation des patrimoines (matériel, naturel, immatériel, etc.) et à leur valorisation à destination des publics. Dans le cadre du programme ICCARE, il s’agit de mettre en réseaux des chercheur.e.s et des recherches pour penser collectivement les implications de l’informatisation et de la numérisation dans ce secteur à différents niveaux : que ce soit la conservation, la restauration, les recherches archéologiques et les sciences historiques, les pratiques documentaires, les médiations culturelles et la valorisation des patrimoines et/ou collections muséales (c'est-à-dire les modalités de présentations en direction des publics).
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