Stratégie territoriale : comprendre la nouvelle démarche

 
Publié le 12/06/2024
portrait stéphane leymarie

Factuel est allé à la rencontre de Stéphane Leymarie, Vice-président en charge de la stratégie territoriale et de la vie institutionnelle, afin de comprendre la nouvelle démarche territoriale de l’université.

Quand avez-vous été nommé Vice-président Stratégie territoriale et dans quel but ?

J’ai été officiellement élu Vice-président par le Conseil d’administration, le 21 juin 2022. Cela va faire deux ans que je travaille à renforcer les liens entre l’université et les collectivités locales. Je peux dire que ce mandat a démarré sur les chapeaux de roues puisque trois semaines après mon entrée en fonction, se tenait un Comité territorial réunissant les représentants de la Région Grand Est, du Sillon Lorrain, des quatre départements lorrains et des deux métropoles, Metz et Nancy. Rien de tel pour sauter dans le grand bain !

L’enjeu prioritaire était de donner corps à une véritable stratégie territoriale basée sur la coopération avec l’ensemble de nos partenaires territoriaux. Les relations entre l’université et les collectivités étaient encore assez tendues. Il a donc fallu se mettre à la tâche pour construire une démarche collaborative et gagner la confiance. Dans un premier temps, il s’est agi d’écrire le volet territorial du projet d’établissement 2024-2028, de le discuter avec nos partenaires afin qu’il s’articule aux schémas existants puis de l’intégrer au contrat qui lie l’université avec l’État. Nous avons d’ailleurs fait de la stratégie territoriale l’axe signature du Contrat d’Objectifs, de Moyens et de Performances (COMP). Pour parvenir à ce résultat, nous avons décidé de maintenir la Conférence Universitaire Territoriale (CUT) et son bureau exécutif, le Comité Territorial (CT). Mais ces dispositifs devaient évoluer pour passer progressivement d’espaces d’échanges d’informations et de données à des espaces de coordination et de construction commune. C’est ce à quoi nous nous sommes employés et après deux CUT et six CT, je crois pouvoir dire que nous y sommes arrivés. Parallèlement, durant la première année, Eric Sand, le chargé de mission Animation territoriale et moi-même, avons rencontré les élus des douze communautés d’agglomérations et de communes sur lesquelles l’université est implantée ainsi que l’ensemble des composantes de ces territoires pour présenter la nouvelle dynamique territoriale de l’université de Lorraine.

Quelle est la nouvelle dynamique territoriale ? Pourquoi ce changement de philosophie ?

La question de la déclinaison de notre stratégie sur chaque territoire s’est rapidement posée. L’essentiel de nos installations étant dans les métropoles, il ne s’agit pas de les « délocaliser » mais plutôt de rechercher un effet d’entrainement qui profite aux autres territoires. 

C’est effectivement un changement de philosophie. Plutôt que de considérer les campus éloignés des métropoles comme des « délocalisations » ou des « antennes », nous voulons en faire de véritables campus avancés de l’université sur les territoires. Les acteurs du territoire doivent comprendre que c’est l’université dans son entier qui est présente. 

Cela procure un potentiel d’action plus important. Le campus devient ainsi un point d’ancrage territorial – une tête de pont – par lequel l’université rend accessible au plus grand nombre tout ou partie de ses ressources. Par exemple, bon nombre des projets qui comportent un volet territorial pourraient être mobilisés pour agir de manière ciblée sur un territoire, et ce, dans plusieurs domaines : l’orientation (AILES, PLEIADES), la formation (Éducation & Territoires, PLEIADES), la recherche (ORION, les chaires), l’innovation (SIRIUS, POLARIS), la médiation scientifique (SAPS) ou encore l'entrepreneuriat avec le PeeL.

Par ailleurs, de par la multiplicité des interactions qu’ils entretiennent avec leur environnement direct, les campus matérialisent – souvent de la manière la plus concrète – le rôle majeur joué par l’université dans le rayonnement, l’attractivité et l’identité d’un territoire. Il convient donc d’assumer la porosité entre le campus et le territoire qui l’entoure et d’en faire un lieu ouvert, accessible, accueillant des publics divers, de tous âges, et proposant des services variés pour la communauté universitaire mais aussi, au‐delà. 

Cette approche permet d’envisager des modes de fonctionnement décloisonnés pour qu’une vie de campus fasse sens sur un territoire donné. Cette dynamique permet de mobiliser l’ensemble des acteurs territoriaux potentiellement concernés (composantes universitaires et, selon les cas, CROUS, grandes écoles, lycées, entreprises, chambres consulaires, organismes de formation, dispositifs d’innovation, organisations professionnelles, rectorat et autres partenaires institutionnels, CMQ, campus connectés, etc.).

Comment se concrétise cette démarche territoriale ?

La stratégie territoriale est déclinée et adaptée pour chaque territoire sous la forme d’un schéma de déploiement universitaire territorial (SDUT@UL) qui permet de fixer les objectifs communs et de partager les actions qui en découlent en matière d’orientation, de formation (au sens large), de recherche, d’innovation, de vie universitaire et/ou de liens entre science et société.

Plus précisément, et pour tous ces domaines, ils consistent à :

  • Mettre en réseau les partenaires pertinents qui sont susceptibles d’agir et d’interagir sur un territoire donné ;
  • Encourager toutes les formes de coopérations, de complémentarités et d’hybridations possibles au service de ce territoire et de ses habitants ;
  • Faire émerger une combinaison de solutions innovantes, souples et agiles, pour faire face à la diversité des situations auxquelles il n’est plus possible de répondre par une modalité unique ;
  • Transformer les implantations de l’université en campus avancés et ouverts, déconstruire les représentations erronées sur l’université et toucher de nouveaux publics.

La méthodologie s’opère en deux temps. D’abord, nous faisons une première réunion centrée sur le diagnostic. Il y a eu tout un travail pour ramener nos données à l’échelle d’un EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale). Ce travail conséquent réalisé avec l’appui de la DAPEQ nous a permis de produire une collection de cahiers thématiques « UL & Territoires » avec les données de référence dont l’université dispose, ainsi que les résultats de différentes enquêtes présentés par territoire. Pour les autres types de données (démographiques, sociales ou économiques), nous avons sollicité les services de l’INSEE et de l’OREF (Observatoire Régional Emploi-Formation).

Ensuite, nous faisons une deuxième réunion par territoire. Elle a vocation, à partir des données du diagnostic, à faire émerger des projets multi-partenariaux. Ils peuvent concerner l’accès à l’enseignement supérieur, l’attractivité et le développement du territoire, les besoins en emplois, mais aussi l’orientation, la médiation scientifique et la vie étudiante qui correspondent au volet que l’on qualifie de responsabilité sociétale de l’université sur le territoire.

À date, nous avons fait trois réunions de présentation de diagnostic : Thionville en novembre, Bar-le-Duc et Lunéville en avril. D’ici la fin juin, nous aurons fait celle d’Épinal qui sera plus conséquente, puisque l’université y compte six composantes de formation. Nous aurons également fait deux réunions de projets, celles de Thionville et de Bar-le-Duc. À la rentrée nous ferons les réunions de projets de Lunéville et d’Épinal de façon à signer les quatre premiers SDUT@UL en décembre lors d’une CUT évènement.

Le rythme restera extrêmement soutenu en 2025. Trois nouveaux SDUT seront lancés (Longwy, Saint-Dié et Sarreguemines) et certaines des actions initiées dans le cadre des premiers schémas devront faire l’objet d’une comitologie ad’hoc. Pour réaliser ce travail conséquent, le COMP nous a permis d’étoffer l’équipe, notamment avec le recrutement de deux chargés de projet, Yann Todeschini et Héléna Petiau.