[Retour d'expérience] Blandine Lagrut, doctorante aux Archives Henri-Poincaré, en mobilité internationale avec le dispositif DrEAM

 
Publié le 31/05/2024
Portrait Blandine Lagrut

Avec sa bourse de mobilité DrEAM, Blandine Lagrut, doctorante aux Archives Henri-Poincaré, est partie marcher sur les traces de la philosophe britannique qu’elle étudie dans sa thèse. Elle revient pour Factuel sur son séjour de 3 mois et demi à la prestigieuse Oxford University.

Factuel : Peux-tu présenter en quelques mots ton sujet de recherche ?

Pour mon doctorat en philosophie, j’ai choisi d’étudier le travail d’une philosophe britannique, Elizabeth Anscombe (1919-2001), une figure étonnante et originale encore peu connue en France. Dans sa philosophie morale, Anscombe souligne que les humains ont des besoins fondamentaux pour orienter leur vie. Par exemple, ils ont besoin de certaines limites infranchissables, comme l’interdit du meurtre. Mon travail consiste à montrer que sa philosophie préserve des absolus, sans pour autant tomber dans le fanatisme ou l’intransigeance.

Factuel : Pourquoi as-tu choisi de faire ce séjour à la Oxford University ?

Parce que c’est ici qu’Elizabeth Anscombe a étudié avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale. Elle y est restée par la suite pour enseigner pendant de nombreuses années. J’avais le désir de mieux comprendre l’atmosphère intellectuelle et la culture académique propre à Oxford. Et je savais que certaines personnes qui l’ont connue, comme enseignante ou collègue, étaient encore là-bas. Par chance, ces enseignants-chercheurs ont assisté aux même groupes de lectures que moi et les conférences qu'ils avaient prévu de donner sur la philosophie d'Anscombe et son héritage étaient programmées le même mois que ma venue. Le timing ne pouvait pas être plus parfait.

Factuel : Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience ?

Plusieurs moments providentiels, notamment la rencontre avec un autre chercheur dans le même domaine qui m’a beaucoup encouragée, ou encore une discussion avec un des anciens élèves d’Anscombe qui m’a permis de confirmer certaines hypothèses pour la rédaction. Je pourrais aussi parler des rencontres entre doctorants et des idées que nous échangions sur nos méthodes. Le gain a aussi été au niveau bibliographique: tout le corpus critique est en anglais et, au fil de ma recherche, j’ai constitué une liste d’ouvrages introuvables dans les bibliothèques en France auxquels j'ai pu avoir accès sur place. Ma maîtrise de l'anglais s'est considérablement améliorée et la découverte de la culture académique d'Oxfrod est évidemment "life-changing".

Factuel : Quelles compétences as-tu développées, et qui te seront à ton avis utiles plus tard ?

La capacité de s’adapter à un univers complètement différent. L’humilité. La confiance aussi. Quand on ne maîtrise pas parfaitement la langue, il faut oser s’investir d’une autre façon dans les relations. Les discussions prennent plus de temps, « coûtent » plus, mais elles laissent aussi une trace plus profonde.  

Factuel : Comment se déroule la vie à Oxford en tant que doctorante ?

J’étais logée à Campion Hall, ce qu’on appelle un « Permanent Private Hall », l’équivalent d’un « College » (comme Christ Church, Oriel, Somerville), à la différence qu’il est tenu par une communauté, en l’occurrence une communauté jésuite. J’étais avec d’autres chercheurs, souvent plus avancés, qui disposaient comme moi, d’un temps consacré à l’écriture d’articles ou d’ouvrages. Tout est organisé pour favoriser les échanges entre étudiants, les aider à se constituer un réseau d’amis et de futurs collègues. Durant la période la plus intense (le « term » c’est-à-dire la séquence de 8 semaines où se concentrent les cours et les séminaires), les soirées alternaient entre « formal dinner », temps d’accueil, moments festifs.

Factuel : Tes projets pour le futur ?

Continuer à enseigner la philosophie aux Facultés Loyola Paris. Le projet est en route depuis plusieurs années. Mais je laisse ouverte la possibilité de retourner à Oxford. Si un contrat post-doctoral se présente en philosophie morale, philosophie de la religion, je tenterai ma chance. A court terme, nous projetons d'organiser avec mon tuteur d’accueil une journée d'études à Oxford au Printemps 2025 sur l'héritage de Peter Geach (le mari d'Elizabeth Anscombe) avec d’autres membres de l’Université de Lorraine en invités.

Factuel : Un conseil pour les doctorants de l'UL qui souhaiteraient partir ?

Courage et détermination. La préparation administrative est exigeante mais pas insurmontable. J’ai bien été épaulée, à chaque étape. Il me suffisait de demander et je recevais l’aide nécessaire pour faire le pas suivant.

 

 

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