Depuis la fin des années 1980, avec la publication du rapport Brundtland, nous avons radicalement changé notre perspective du progrès pour promouvoir un développement dit "durable", c’est-à-dire un développement qui puisse répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.
Au tournant des années 2000, les objectifs de développement durable de l’ONU sont venus préciser les grands défis écologiques et sociaux de l’humanité. Pour les relever, la contribution des États mais aussi de toutes les organisations est apparue nécessaire. Au fil des ans, les entreprises se sont progressivement engagées à des degrés divers face au défi climatique et plus récemment face à celui de la biodiversité. Leur performance extrafinancière est désormais surveillée et mesurée par les acteurs financiers, tandis que plusieurs pays ont modernisé leur encadrement législatif : les entreprises doivent désormais tenir compte des parties prenantes et de l’intérêt général dans la poursuite de leur mission.
De leur côté, les universités occupent une place toute particulière : elles forment les générations de demain et développent la recherche dans tous les domaines du savoir. Elles jouent donc un rôle incontournable qui interpelle à la fois leurs directions, leurs professeurs, leurs chercheurs et leurs étudiants. Au cours des dernières années, plusieurs universités se sont d’ailleurs dotées de stratégie de responsabilité sociale dans l’espoir de participer à l’effort collectif du développement durable en modernisant leurs campus, en stimulant la recherche liée à la transition et en intégrant de nouveaux contenus aux cursus académiques.
Ces nouvelles orientations s’accompagnent d’une mobilisation mondiale inédite pour la protection de l’environnement ainsi qu’une plus grande justice sociale. De nombreux écueils se dressent sur le chemin de la transition nécessaire de nos sociétés; mais la convergence des efforts des différents acteurs signe vraisemblablement l’avènement d’une nouvelle ère qu’on espère non seulement plus écologique, mais aussi plus équitable.
Corinne Gendron
Professeure au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’École des sciences de la gestion, Corinne Gendron dirige le groupe des Chercheurs en responsabilité sociale et en développement durable (CRSDD, anciennement Chaire de responsabilité sociale et de développement durable) de l’UQAM.
Elle se spécialise en responsabilité sociale et environnementale, en innovation et acceptabilité sociales ainsi qu’en gouvernance. Récipiendaire de plusieurs subventions du CRSH, des FRQ et d’autres organismes, elle mène des recherches sur les représentations sociales de l’élite économique et politique, sur l’évolution de l’entreprise comme institution sociale, et sur les dynamiques d’acceptabilité sociale des grands projets et des nouvelles technologies.
Elle cumule plus d’une dizaine d’ouvrages et une cinquantaine d’articles de recherche dont Ecological Modernization and Business Leaders. Regulation Theory and Sustainable Development, London : Routledge, 2012, Vous avez dit développement durable?, 2e éd., Les Presses internationales Polytechnique, 2012 et des articles dans les revues Journal of Cleaner Production, Ecological Economics, et Journal of Business Ethics.
Avocate diplômée de la faculté de droit de l’université de Montréal et titulaire d’un MBA spécialisé en marketing et finance de HEC Montréal, elle a obtenu un Ph.D. en sociologie de l’UQAM couronné par le prix de la meilleure thèse de l’Institut de recherche en économie (IRÉC). Tout au long de sa carrière, elle a été invitée dans plusieurs universités à travers le monde et a collaboré avec l’ICN (France) à titre de professeure affiliée recherche de 2012 à 2021. En France, elle a présidé pendant plusieurs années le conseil scientifique de l’INERIS et celui de l’IFSTTAR, tout en étant membre de plusieurs autres (FAIR, Engie, I-Site Future, L’Oréal). Au Québec, elle est membre additionnelle du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) depuis 2011 et a été membre du Comité de l’Évaluation environnementale stratégique sur les gaz de schiste. Elle est membre du conseil d’administration du Fonds de recherche du Québec – Société et culture (FRQSC) et a aussi été membre du conseil d’administration de l’UQAM de 2013 à 2020.
Au fil des ans, Corinne Gendron s’est vue décerner de nombreux prix et distinctions. En 2014, elle a été élue Académicienne à l’Académie des technologies de France où elle co-préside le pôle Technologies, Économies et Sociétés, et a été élevée, en 2015, au rang de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur de France. Elle a aussi été reçue membre de la Société Royale du Canada en 2019.