[8 mars] 5 questions à Sandrine Rosin-Paumier, chercheuse en mécanique des sols

 
Publié le 7/03/2023 - Mis à jour le 10/05/2023
Sandrine Rosin-Paumier, chercheuse en mécanique des sols

À l’occasion du 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, zoom sur Sandrine Rosin-Paumier, chercheuse dans l’équipe Mécanique des sols, géotechnique du Laboratoire Énergies & Mécanique Théorique et Appliquée (LEMTA), et maîtresse de conférences à la IUT Nancy-Brabois.

Peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?

J’ai suivi un cursus Licence-Master-Doctorat en affinant mes choix tout au long de mon parcours. Tout d’abord en Sciences de la Vie (L1 L2) à l’université d’Orléans, puis en Sciences de la Terre (L3 M1) à l’université de Tours, et enfin vers les environnements sédimentaires (M2) à l’université de Lille. Mon doctorat à l’université de Poitiers portait sur les propriétés d’écoulement de fluides complexes (des suspensions argileuse) utilisées pour la réalisation des forages, c’est ce qui m’a amené à la géotechnique. J’ai ensuite réalisé un postdoctorat à l’INRAE en région Parisienne avant d’intégrer l’université de Lorraine en 2010 en tant qu’enseignante-chercheuse (maîtresse de conférences). Je réalise des enseignements à l’IUT de Nancy-Brabois et mes recherches au LEMTA, équipe Mécanique des sols, géotechniqueEn 2022, j’ai obtenu mon habilitation à diriger des recherches (HDR) sur la thématique du comportement thermo-hydromécanique des sols fins.
J’ai toujours été attirée par la compréhension des mécanismes : dans la nature, dès qu’un élément est modifié, cela induit des conséquences en chaîne et c’est assez passionnant de comprendre pourquoi.

Sur quelle thématique travailles-tu et quelles en sont les applications ?

J’étudie les effets des modifications de températures sur les propriétés hydriques et mécaniques des sols. Cela a des applications très concrètes dans notre environnement, par exemple pour étudier l’effet du changement climatique sur la stabilité des sols (retrait, fissuration, érosion, …). Mais c’est également en lien avec le développement de systèmes énergétiques vertueux comme les géostructures énergétiques. Il s’agit de structures du génie civil équipées avec des échangeurs de chaleur qui pourraient permettre à terme de stocker les excédents de chaleur dans les sols (en été) afin de les réutiliser lorsque nous en avons besoin (en hiver). Il peut s’agir par exemple de pieux énergétiques (projet ANR GECKO) ou de sols compactés (collaboration avec l’entreprise Bouygues Travaux Pubics). Pour avancer sur ces sujets pluridisciplinaires, il faut travailler en réseau avec des spécialistes de chaque sujet, c’est un aspect important de mon travail.

Pourquoi as-tu choisi ce métier ?

J’ai toujours voulu être enseignante ; dès l’école primaire, je voulais enseigner en maternelle. Au fur et à mesure de mon parcours de formation, j’ai voulu enseigner à des niveaux plus importants jusqu’à en arriver à l’enseignement supérieur où j’ai vraiment pris conscience que tout n’était pas connu. En tant qu’enseignante-chercheuse, d’un côté je transmets ce que je connais, et de l’autre je continue à apprendre. C’est un métier assez fantastique de ce point de vue !

Une anecdote, un fait marquant ?

Je suis maman de 3 enfants et pendant longtemps, lorsque je leur demandais ce qu’ils voulaient faire quand ils seraient grands, ils me répondaient toujours avec deux réponses. Par exemple, conducteur de fusée et boulanger, esthéticienne et vendeuse de chaussures. J’ai fini par comprendre que c’était en miroir du fait que je sois enseignante et chercheuse. Avec le recul je me dis qu’il serait intéressant de tenter d’autres associations : avoir deux métiers, c’est avoir un réseau de collègues étendu, des tâches très diverses et donc bien plus de chances de s’épanouir professionnellement.

Quels sont tes conseils pour sensibiliser & attirer les jeunes femmes à choisir une carrière scientifique ?

Je leur dirais que les sciences sont extrêmement diverses et qu’il y en a pour tous les goûts : de l’infiniment petit à l’infiniment grand, du plus proche de notre quotidien au plus futuriste, etc. En fonction de nos choix nous pouvons être amenées à travailler en extérieur, en laboratoire ou sur un ordinateur et tout cela peut évoluer au cours de sa carrière en fonction des opportunités.  Alors je les encourage à se poser la question de ce qu’elles aiment et de ce qui est important pour elles. Ensuite tenter d’obtenir la place qui vous donne le plus envie sans jamais se dire « ce sera trop difficile », car les parcours scientifiques ne sont pas toujours linéaires, ils ouvrent à de nombreuses possibilités de carrières.

Réalisation d’essais sur un site expérimental équipé de pieux énergétiques lors du projet ANR GECKO, en partenariat avec le BRGM, l’IFFTAR, le CEREMA, le LGCGE et ECOME

Réalisation d’essais de fissuration des sols en chambre environnementale lors d’une mobilité scientifique à l’Universidad de los Andes en Colombie