Charte de transparence en recherche animale : 3 questions à Ivan Balansard du Gircor

 
Publié le 22/06/2022

L’Université de Lorraine compte parmi les 38 acteurs majeurs de la recherche en France à avoir signé la charte de transparence l’engageant dans la limitation et l’encadrement de l’utilisation des animaux à des fins scientifiques. Bilan de la première année de la mise en place de cette charte avec Ivan Balansard, président et porte-parole du Gircor, groupe interprofessionnel de réflexion et de communication sur la recherche.

Factuel : Pourquoi une charte de transparence et quel en est son contenu ? 

Ivan Balansard : "La condition animale occupe une place grandissante au sein de notre société. C’est même devenu un enjeu politique. Dans ce contexte, la mission du Gircor est de soutenir et faire évoluer une recherche biologique et médicale responsable, éthique et respectueuse des animaux utilisés à des fins scientifiques, et ouverte au grand public et aux médias.
Comme un sondage IPSOS publié en décembre 2021 par le Gircor a pu le montrer, créer un climat plus ouvert et surtout plus transparent autour de l’utilisation des animaux dans la recherche est indispensable pour favoriser sa meilleure acceptation par l’opinion publique. C’est une tendance générale puisqu’aujourd’hui, ce sont sept pays européens qui se sont engagés dans cette démarche et au Royaume-Uni où la mise en place d’une telle charte est la plus ancienne, on a pu voir que les tensions autour de la recherche nécessitant le recours à des animaux avait permis d’apaiser les débats.
La charte française s’articule autour de 4 engagements :
1. Expliquer les raisons et les conditions du recours aux animaux à des fins scientifiques et règlementaires
2. Diffuser l’information auprès du grand public et des médias
3. Faciliter les échanges d’information avec le grand public et des médias
4. Produire chaque année un document sur les progrès en matière d’information du public
Avec ce quatrième engagement les signataires s’engagent à répondre à un questionnaire annuel qui permet au Gircor de produire un document de synthèse sur l’avancée de la transparence en France. C’est ce premier rapport qui vient d’être rendu public."
 

Factuel : Quelles sont les grandes lignes ressortant du bilan de cette première année ?

 
Ivan Balansard : "La signature de la Charte se base sur le volontariat. Les signataires de la Charte forment un groupe très hétérogène avec des structures privées et publiques, des organismes de plus de 30 000 signatures à des sociétés beaucoup plus modestes, une part de l’activité dédiée à la recherche animale plus ou moins importante… C’est une force puisque cette diversité permet d’avoir une belle représentativité du paysage français de la recherche animale.
Ce qui me parait important dans ce premier bilan annuel, c’est de voir que les directions et les équipes se sont totalement engagées dans le processus de transparence qui répond à deux préoccupations majeures : permettre au grand public de comprendre l’intérêt de l’utilisation des animaux et améliorer l’image de la recherche.
Mais le changement de paradigme est parfois compliqué et prend du temps. Certains personnels ont été habitués à un discours diamétralement opposé pendant des années : pour vivre heureux, vivons cachés. Il en est dorénavant autrement !"
 

Factuel : Quelle évolution escompter suite à cette charte de transparence et au bilan de cette première année ?

 
Ivan Balansard : "J’espère que ce premier rapport permettra aux établissements indécis de signer la Charte et de s’engager dans cette démarche. Et si la pandémie a pu rendre compliquée la mise en oeuvre de la transparence en 2021, je compte sur chacun des signataires pour s’investir désormais et durablement dans des actions concrètes et fortes.
Par ailleurs, et au-delà des chiffres, ce rapport est une première étape, c’est le témoignage d’une dynamique globale et positive. Au niveau européen, comme je l’ai souligné plus tôt mais aussi au niveau des mentalités puisque 2021 a été marqué non seulement par le lancement de la Charte de transparence mais également celle de la création du FC3R, le centre national de référence pour toutes les questions relatives au principe des 3R (Remplacer, Réduire, Raffiner), clef de voute pour tous les acteurs de la recherche animale.
Les attentes de la société évoluent, la recherche doit s’adapter et accompagner le changement. Et n’oublions pas, qu’avant d’être transparents, nous nous devons d’être exemplaires !"
 
Télécharger le rapport de la Charte de transparence :
 
 
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