Les bibliothèques universitaires de Lorraine conservent des trésors patrimoniaux. Ce mois-ci, découvrons le langage des ornements dans les livres anciens.
Les ornements des livres manuscrits et des livres imprimés ont une double vocation. D’une part, ils agrémentent la lecture en offrant un instant d’évasion, d’autre part, ils donnent des repères au lecteur et guident son regard sur la page.
Rien n’est laissé au hasard dans la composition d’une mise en page. La disposition des textes et des espaces blancs respecte un projet typographique très codifié mis au point dans les ateliers des imprimeurs, à partir de la fin du XVe siècle.
L’exposition Écrin de lettres et d’images, dans le hall de la Bibliothèque universitaire de Lettres et SHS, vise à montrer cette architecture complexe de la page du livre ancien où l’ornementation, lorsqu’elle est présente, participe avec le texte à la construction du sens et à l’agrément du lecteur.
Les livres exposés datent du XVIe au XVIIIe siècle. Ils montrent la modification progressive de l’architecture de la page, à partir du texte compact des premières impressions qui imite l’agencement spatial du manuscrit médiéval, jusqu’à la segmentation du texte en paragraphes qui aèrent la page.
L’évolution des techniques d’illustration est aussi représentée par des ornements réalisés en taille en épargne, et ceux exécutés en taille-douce. Cette dernière technique qui remplace le procédé de la taille en épargne au cours du XVIe siècle, de manière lente mais décisive pour la production du livre illustré, élargissant les possibilités d’expression de l’artiste.
Les initiales encadrées d’une ornementation plus ou moins complexe, indiquant le début d’un nouveau paragraphe, sur le modèle des lettres ornées des enluminures médiévales ; les bandeaux et les culs-de-lampe, qui respectivement ouvrent et clôturent les chapitres, ainsi que les filets et les fleurons qui soulignent la segmentation du texte, expriment la richesse foisonnante du vocabulaire ornemental employé par les imprimeurs. Une section de l’exposition est consacrée à la marque typographique, signe distinctif de fabrication et ornement parfois très raffiné.
Entre le texte et ses ornements, on découvre parfois un bavardage enjoué et des références voilées. L’exposition invite le lecteur moderne à porter un regard neuf sur les ornements du livre et à saisir le jeu entre le texte et l’image.